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Boudjema Karèche : Un homme, une histoire
PORTRAIT
critique
rédigé par Meriam Azizi
publié le 21/05/2009
Meriam Azizi
Meriam Azizi
Boudjema KARÈCHE
Boudjema KARÈCHE
Boudjema Karèche, au Panorama des Cinémas du Maghreb (Paris)
Boudjema Karèche, au Panorama des Cinémas du Maghreb (Paris)
Boudjema Karèche lors du séminaire organisé par la CICAE à Tunis (8-18 nov. 2006)
www.cicae.org
Boudjema Karèche lors du séminaire organisé par la CICAE à Tunis (8-18 nov. 2006) www.cicae.org
Un jour, un film (livre, 2005)
Un jour, un film (livre, 2005)
Youssef Gabriel CHAHINE (يوسف جبريل شاهين)
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Mohamed Bouamari
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Vent des Aurès (Le)
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Chine est encore loin (La)
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Malek Bensmaïl
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Inland (Gabbla, Dans les terres)
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Tariq Teguia
Tariq Teguia
Panorama 2009
Panorama 2009
Espace Ishtar
Espace Ishtar

Le co-fondateur et l'ancien directeur de la Cinémathèque d'Alger est venu en mission à Paris. Rien d'administratif dans l'objet de sa visite. Au Panorama des Cinémas du Maghreb comme à la librairie Ishtar qui a ouvert ses portes pour la signature de son nouveau recueil de petites nouvelles Juste un mot, l'enchantement était au beau fixe. À chacun de ces deux rendez-vous, l'invité d'honneur est accueilli sous l'ovation d'un public ému. Et pour cause, après des années de dévouement à la promotion du cinéma algérien à l'intérieur du pays comme à l'étranger et à l'implantation d'une tradition cinéphile, l'homme à l'allure d'un Che est de retour au pays du cinéma pour communiquer sa passion. Retrouvailles d'un ancien ami, pour certains ; fascination devant un nom réputé par son engagement au côté d'un cinéma défavorisé qui s'incarne sous leurs yeux, pour la nouvelle génération.

En une soirée, Boudj comme ses amis aiment bien l'appeler, nous a délivré un récit émouvant assorti d'anecdotes. Un témoignage d'une époque révolue où la Cinémathèque d'Alger était à même de rivaliser avec les structures analogues. Sur un ton humoristique, non sans trahir un brin de nostalgie, l'invité, tant attendu, est parvenu à transporter son auditoire vingt ans en arrière. Un temps où Alger la cinéphile se laissait bercer par un vent de liberté… Les confidences de Youssef Gabriel Chahine ne s'en démentaient pas quand il a affirmé "au moment où j'étais rejeté dans mon pays, l'Algérie m'a recueilli et a relancé ma carrière. [2]"

Le voyage émaillé de scènes burlesques, déroule un message d'espoir à travers sa valeur didactique. En effet, tout un pan de l'histoire du cinéma algérien s'est dégagé du flou où il confinait jusqu'à cette rencontre. Pour revenir au sujet de notre portrait : rien ne prédisposait Boudjema Karèche à cette aventure. "Je quittais le cours à l'université pour aller au cinéma et je regardais un film chaque matin" Il venait de terminer sa licence en droit quand Ahmed Houcine, le père de la Cinémathèque d'Alger, créée en 1964 avec le concours de Jean Michel Arnold, secrétaire général de la cinémathèque française, lui a proposé de prendre la relève. C'est ainsi qu'en 1967, l'inconditionnel adhérent à la maison des cinéphiles s'est vu imputer la direction de 150 fonctionnaires et la gestion de la programmation. Ce fut à son initiative que Cinébus a vu le jour. Un concept qui donne écho à cette exclamation en leitmotiv qui ponctuait la mise en scène de ses mémoires "Le cinéma parle au peuple et on était fils de peuple" C'est en pénétrant dans les villages les plus enfouis qu'il a pu projeter à ses habitants, qui pour la plupart ce fut leur première fois, un film comme Le charbonnier de Mohamed Bouamari. C'est sous sa direction qu'il a répondu, accompagné de Lakhdar Hamina, à l'invitation de l'ambassadeur algérien à Paris pour l'ouverture du film Le vent des Aurès en présence du secrétaire général français de la Culture de l'époque Michel Guy. C'était les années où, comme nous l'a confié Boudjemaâ Karèche, Henri Langlois, fondateur de la Cinémathèque Française, était l'invité régulier de celle d'Alger.


Deux questions de Meriam Azizi à Boudjema Karèche

Vous avez assisté à l'âge d'or du cinéma algérien. Depuis deux décennies presque, les données ont changé et le secteur est entré dans un marasme. Pourriez-vous nous éclairer sur les raisons de ce gel ? Pensez-vous qu'il existe des solutions ? Une possibilité d'entraide entre les pays du Maghreb ?


Boudjema Karèche (rétorque vivement) : "On m'a beaucoup posé cette question et je peux te répondre d'une façon horizontale. Dans les pays du Maghreb, il n'y a rien encore. En terme d'échange je veux dire. Dans le secteur économique, on ne note pas grand-chose. Alors, que dire de la culture. Vous avez vu un journal algérien vendu au Maroc ? Il n'y a pas un livre tunisien vendu en Algérie. Peut-être, mais alors c'est rarissime. Il y a une chose qui marche et bien, c'est le marché noir. À vrai dire, on n'était pas percutant avec nos amis marocains et tunisiens. On était partout dans des colloques à Alger, Tunis, Ouaga… pour discuter co-production, distribution et pourtant au final, il existe un seul laboratoire pour toute l'Afrique.Vous voulez aidez le cinéma algérien ? Allez voir le film de Bensmaïl La Chine est encore loin, le film de Teguia Inland. Ce n'est ni l'administration ni l'économie qui va faire ça. Ne soyons pas pessimistes".

Pour parler un peu de Boudjema Karèche l'écrivain, vous avez deux livres à votre compte Un jour, un film (2005) et Juste un mot (2009). Avez-vous le projet de poursuivre dans cette direction ?

Boudjema Karèche :
Vous savez, les souvenirs, il y en a plein. C'est une source inépuisable, surtout que je suis capable de reproduire l'atmosphère de ce que je vis chaque instant. Donc je pense que je suis déjà engagé dans cette voie.

Meriam Azizi

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