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CANNES 2009
Le monde fait son cinéma sans l'Afrique
critique
rédigé par Moussa Bolly
publié le 26/05/2009
Moussa Bolly
Moussa Bolly
Palme d'Or
Palme d'Or
Michael Haneke (Palme d'or 2009)
Michael Haneke (Palme d'or 2009)
Le Ruban blanc (Das Weisse Band)
Le Ruban blanc (Das Weisse Band)
Souleymane Cissé
Souleymane Cissé
Sokona Gakou dans Min Yé... ("Dis moi qui tu es"), de Souleymane Cissé, 2008
Sokona Gakou dans Min Yé... ("Dis moi qui tu es"), de Souleymane Cissé, 2008
Souleymane Cissé, 2008
Souleymane Cissé, 2008
Sembène Ousmane (Sénégal)
Sembène Ousmane (Sénégal)
Sembène Ousmane
Sembène Ousmane
Youssef Gabriel CHAHINE (يوسف جبريل شاهين), Egypte
Youssef Gabriel CHAHINE (يوسف جبريل شاهين), Egypte
Idrissa Ouédraogo
Idrissa Ouédraogo
Haile Gerima (Ethiopie)
Haile Gerima (Ethiopie)
Teza, 2008
Teza, 2008
Teza, 2008
Teza, 2008

Le 24 mai 2009, les rideaux sont tombés sur le 62e Festival de Cannes. Comme il est maintenant de coutume, l'Afrique était encore sous-représentée voire absente sur la Croisette où le monde a fait son cinéma sans elle.

Le réalisateur Michael Haneke était à l'honneur à l'édition 2009 du Festival de Cannes (France) car lauréat de la Palme d'Or. À la veille de la proclamation du palmarès du festival, les rumeurs qui circulaient sur la Croisette donnaient effectivement vainqueur son film Le Ruban blanc. Il s'agit de la chronique d'un petit village du nord de l'Allemagne à l'été 1914. Une œuvre axée sur "des racines du mal tel qu'il s'est incarné au XXe siècle, entre autres, dans le nazisme".

L'Afrique ? Elle y était présente ! Présente par de nombreux réalisateurs en quête de financement et aussi par Minyé de Souleymane Cissé à qui on a accordé une session spéciale de projection. Et c'est tout !
Naturellement qu'on aurait aimé voir le cinéma africain sur les somptueuses et luxueuses marches de la Croisette. Mais, une fois de plus, le monde avait décidé de faire son cinéma sans l'Afrique de Sembène Ousmane, Youssef Gabriel Chahine, Souleymane Cissé, Idrissa Ouédraogo, Haïle Gerima…

Certainement, les œuvres africaines n'avaient pas leur place dans ce nouveau décor inspiré de "l'assaut des questions religieuses par le sexe au péril de Dieu…". En effet, Antichrist, "Eyes Wide Open, Le Ruban blanc… ont volé la vedette à Cannes parce que leur trame se déroule autour de deux sujets au cœur de toutes les passions et de toutes les polémiques : sexe et religion ! Une liaison aussi fatale que mercantiliste.

L'Absence de l'Afrique dans cette compétition est une grande injustice qui n'est pas dénoncée comme il faut. Aujourd'hui, le cinéma africain peut mettre en compétition des œuvres qui n'ont rien à envier à leurs concurrentes aussi bien au point de vue de la thématique que de l'esthétique.
C'est par exemple le cas de Teza du réalisateur éthiopien Haïlé Gérima. Lauréat de l'Étalon d'Or de Yennenga à la 21e édition du Fespaco, ce film émouvant a tous les atouts pour marquer la création cinématographique de notre époque. Pendant plus de deux heures, il plonge les téléspectateurs dans les ignominies de la dictature des années 1970-1980 et de la révolution qui lui a succédée. C'est une œuvre qui retrace le passé amer de l'histoire de l'Éthiopie. Sur ce plan, il peut facilement soutenir la concurrence avec Le Ruban blanc, Palme d'Or 2009.

L'autre atout qui fait que Teza aurait mérité d'être en compétition cette année à Cannes, c'est sa moisson de distinctions à travers le monde. Ce film n'a pas seulement remporté l'Étalon d'Or de Yennenga. Il a aussi reçu les prix spéciaux de la Fédération africaine de la critique cinématographique (FACC) et le Prix Zain. C'est aussi Teza qui remporte le prix Rurart Poitou Charentes (France) du Fespaco dont le jury est constitué de jeunes lycéens.
Avant le Festival du cinéma panafricain, Teza a été primé au festival de Venise et avait reçu le Tanit d'Or aux 22èmes Journées cinématographiques de Carthage (Tunisie). Ces sacres militent en sa faveur pour une sélection en compétition officielle à Cannes.

Haneke insiste beaucoup sur le caractère archétypique de son film, dont "on sort effectivement en se demandant de quel fascisme on serait capable aujourd'hui", dit un critique. Je pense que Haïlé Gérima peut dire de même.
Sauf que Cannes avait décidé, une fois de plus, de faire son grand cinéma sans lui et son continent. Comme les Noirs dans beaucoup de domaines, ils doivent patienter avant d'être acceptés à la grande messe du cinéma mondial ou défoncer les portes en imposant leur présence !

Moussa Bolly

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