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Kharboucha, de Hamid Zoughi
Kharboucha, la rebelle à la voix d'or
critique
rédigé par Amina Barakat
publié le 18/06/2009
Amina Barakat
Amina Barakat
Kharboucha
Kharboucha
Hamid Zoughi
Hamid Zoughi
Hoda Sidki
Hoda Sidki
Le livre de Khalid El Khodari qui a inspiré le film.
Le livre de Khalid El Khodari qui a inspiré le film.

Porter une histoire au cinéma est une excellente chose et qu'elle soit vraie est encore mieux. C'est le cas de Kharboucha la jeune chanteuse de Aita à la voix d'or ; qui a pu ensorceler les fans de ce genre de chant.

Kharboucha est le titre d'un film signé Hamid Zoughi. C'est avant un homme de scène et qui a déjà fait preuve à travers ses courts métrages. Le scénario et les dialogues portent la griffe d'un critique du cinéma qui ne passe pas inaperçu, et qui ne peut être que Khalid el Khodari. Le film raconte une histoire vraie, celle d'une "Chikha" (signifie littéralement "chanteuse professionnelle") connue pour son hostilité au Caïd Aissa, symbole de la tyrannie à une époque où régnait le régime du siba (fin 19ème siècle). Cette femme rebelle a juré de se venger, mais avec comme seule arme, ses vers et chants engagés insultants les pratiques d'un caid au dessus de toutes les lois. Hadda - vrai prénom de la poétesse n'était aussi belle en réalité ; d'où son surnom de Kharboucha -doit donc sa célébrité à sa résistance aux avances de cet homme (abusant de son pouvoir) et celles de son fils. Ils sont tombés tous les deux sous le charme de sa voix.
L'histoire est racontée d'une manière créative, en enregistrant les événements politiques de l'époque. Mais la fausse note qui dérange (sans que le film passe à côté) c'est la fin subite du prétendant de Kharboucha et la disparition incompréhensible de Sidi Ahmed, le fils du caïd Aîssa face au châtiment réservé à cette femme qui a osé insulté celui qui se prépare à devenir son mari et ce devant tous ses invités.
Le réalisateur n'a pas mis l'accent sur la relation entre le fils et Hadda, bien que ce dernier lui révéle ses sentiments à maintes reprises. Cela, alors que cet amoureux (qui a défié son père) a été aussi châtié et renié, pour l'amour et la complicité qu'il a eu avec Kharboucha. Ce qui lui a valu la fuite loin de son père tyrannique et partir refaire sa vie ailleurs, loin de celle qu'il a aimée de toute ses forces.
Toutes ces failles n'ont pas nuit à la beauté du film. Notons la qualité du décor dans lequel les événements se sont passés. Signalons avec fierté le point fort du film : les costume réussis ; un beau travail fait par Maria Seddiki, l'aimable compagne du réalisateur.

Dans l'ensemble, le film apporte un plus pour la filmographie marocaine. Il est servi par une belle brochette d'acteurs et actrices. "Chikha Kharboucha" est campé par Hoda Sidki qui a fait beaucoup d'efforts pour dégager la férocité d'une femme qui n'a plus rien à perdre après la mort de ses siens et le pillage de son douar (village) ainsi que de sa tribu. Mais elle prendra sa revanche en ridiculisant ce monstre de caïd Aîssa ; même si les traits et la beauté de Hadda trahissent sa douceur. La beauté de l'actrice interprète ne reflète pas l'image réelle de la vraie Kharboucha à la carrure assez massive et au visage parcouru de cicatrices. Cela n'amoindrit pas réduit les qualités de Hoda en tant que bonne actrice au potentiel prometteur. D'ailleurs elle a pu décrocher le prix du meilleur rôle féminin au festival du cinéma national qui s'est tenu du 13 au 20 décembre 2008 à Tanger.
Abdellatif Khammouli - un autre acteur aux milles facettes que le cinéma marocain n'a encore exploité dans le bon sens - a été bien mis en valeur par Hamid Zoughi. Jusqu'ici son travail d'acteur était souvent réduit aux seconds rôles ne le mettant pas en valeur. Abbas Kamil joue un caïd très bien dans sa peau et rien ne semble le déranger. Le film est relevé par un scénariste prometteur (Khalid Khodari) et un réalisateur qui n'a pas encore dit son dernier mot.

Autant d'ingrédients qui donnent une certaine assurance à Kharboucha qui n'aura jamais honte de prendre l'avion pour répondre présent aux festivals internationaux, au nom du Maroc. Ce film est le coup de cœur du 10ème festival national après avoir séduit le public tangérois. Il annonce aussi deux professionnels de l'image qui ont pleines de choses à (se) dire, Hamid Zoughi et Khalid Elkhodari.

par Amina Barakat

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