AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 994 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
En attendant Pasolini, de Daoud Aoulad Syad
Poétique de l'image et diversité des rêves humains
critique
rédigé par Noureddine Mhakkak
publié le 11/07/2009
Noureddine Mhakkak
Noureddine Mhakkak
Daoud AOULAD SYAD
Daoud AOULAD SYAD
Mohamed Majd
Mohamed Majd
En attendant Pasolini (Fi Ntidhar Pasolini / Waiting for Pasolini)
En attendant Pasolini (Fi Ntidhar Pasolini / Waiting for Pasolini)

Les films marocains commencent à se multiplier avec régularité, et cela donne une grande diversité ainsi qu'une grande richesse au cinéma. Il y a ceux qui relèvent du cinéma d'auteur et ceux qui appartiennent au cinéma grand public public. Entre ces deux genres, il y a aussi celui qui se base sur les deux en même temps, pour attirer l'attention du public d'une part et pour respecter la poétique artistique cinématographique d'une autre part.
Dans le bain artistique du cinéma marocain, on trouve quelques films qui ont pu réaliser ce défi, avec une certaine réussite. Parmi eux le film En attendant Pasolini du réalisateur marocain talentueux Daoud Aoulad Syad. Cet écart entre la qualité du film d'art et le film populaire lui ouvre une large porte dans les festivals marocains, arabes et même européens.

Le film s'ouvre par la scène où Thami - lumineusement interprété par le grand acteur marocain Mohamed Majd, qui est réparateur - travaille dans sa boutique sur les vieilles télévisions et les anciennes paraboles des gens de son village. Ce village se trouve tout près de la grande ville de Ouarzazate, bien connue à l'échelle internationale pour ses plateaux de tournage. Cette proximité fait que cela constitue une source d'argent pour les habitants, au moins de temps à autre. Puisque Thami a déjà travaillé dans plusieurs films étrangers et surtout dans le célèbre film de Pasolini nommé Œdipe roi, il a pu devenir un ami cher à Pasolini lui-même.

Cette amitié avec ce grand réalisateur italien le rend célèbre dans son village, et lorsque une équipe d'italiens vient dans son village afin de tourner un film sur la vie de Jésus, tous les villageois lui demandent de leur aider pour accrocher des rôles. Parmi ces gens-là, son ami Abbas - interprété avec une grande justesse artistique, par l'acteur Mohamed Bastaoui - qui veut gagner de l'argent afin d'acheter les fournitures scolaires de ses enfants. Même femme enceinte veut figurer dans ce film.

Le film s'ouvre bien sûr sur d'autres scènes et sur d'autres personnages qui méritent d'être cités, tel le personnage fameux du Frih du village. Cet homme qui enseigne le Coran aux petits enfants, ne cesse pas de courir les femmes des autres, et parmi elles, celle de son ami. Ce personnage en plus, et qui a été bien rendu par l'acteur Mostapha Tahtah, a pu accrocher un rôle important dans ce nouveau film italien, celui d'un guerrier.

Certes, le réalisateur Daoud Aoulad Syad, en choisissant ces acteurs pour jouer dans son film, a pu donner à l'interprétation cinématographique son vrai visage, celui du professionnalisme. Les acteurs incarnent leur personnage avec beaucoup de réussite. On peut citer à titre d'exemple, la scène où Thami, interprété par Mohamed Majd, est en train de boire de l'alcool et se parlant devant un miroir, pour oublier son geste malhonnête envers les gens de son village, car il n'a pas pu leur révéler que son ami Pasolini, le grand réalisateur, est déjà mort depuis un certain temps, et qu'il ne connaît aucune personne dans cette nouvelle équipe d'italiens venus faire un film sur la vie du prophète Jésus. Comme on peut citer aussi la scène où ce fameux Frih du village réussit à convaincre son ami malade d'aller au pèlerinage afin qu'il puisse séduire sa femme avec toute liberté. Ce personnage donne un ton comique au film, alors que Thami lui donne un sens tragique.

Les images bien travaillées, bien reconstruites, et les acteurs sont éclairés avec une photo remarquable. On peut dire même avec Jean-Louis Bory que ce film de Daoud Aoulad Syad, possède "élégance de l'image, harmonie raffinée des couleurs, rapidité du rythmes, brillant de dialogue".
Ce film s'inspire de faits réels et souligne l'apport des Marocains au cinéma mondial. La narration est loin d'être triste. On peut dire aussi qu'il appartient au cinéma néoréalisme dans son style esthétique et dans sa représentation de la réalité sociale.

Cela justifie les récompenses que ce film a obtenu dans plusieurs festivals nationaux et internationaux.

Noureddine Mhakkak

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés