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Forum Ciné droit libre Abidjan (9 au 12 juillet 2009)
Le pari incertain du "cinéma militant"
critique
rédigé par Fortuné Bationo
publié le 13/08/2009
Fortuné Bationo
Fortuné Bationo
Bocar Sy
Bocar Sy
Georges Ruggiu
Georges Ruggiu

La seconde édition de Ciné Droit Libre (9 au 12 juillet) a reconduit l'esprit des débats ouverts sur l'actualité, le 11 juillet, à l'Institut Goethe, une institution dont le soutien a été décisif à la tenue de ce rendez-vous cinématographique.

Les images sur l'Afrique rivalisent parfois de chantiers ratés et d'attentes sacrifiées. C'est pour essayer de trouver des solutions à cette impasse qu'un forum a eu lieu autour du thème principal: " Afrique : quelles images pour construire l'avenir ?". Trois interventions ont proposé leurs recettes au public de Ciné Droit Libre, après un passage en revue des difficultés actuelles.

Se penchant sur les causes de la sous représentativité des films africains dans les grands festivals, Bocar Sy, attaché de presse au tribunal pénal d'Arusha et co-réalisateur du documentaire Les médias de la haine, le cas de Ruggiu, a ouvert son intervention sur l'historique de ce cinéma. Un gros plan qui lui a permis de mettre en lumière la marche victorieuse des films africains au sommet de la reconnaissance internationale, d'où ils ont depuis dégringolé. " Aujourd'hui, nous ne rêvons plus de reconnaissance mais de présence", a déploré le journaliste, en prenant l'exemple du dernier Festival de Cannes qui n'a enregistré aucun film africain en compétition officielle. En tête des causes de cette débâcle, à en croire l'orateur, cette inclinaison au cinéma dit militant qui, malgré sa noblesse, se préoccupe peu des soucis de rentabilité. Or, selon M. Sy, ceux qui financent les films sont des hommes d'affaires soucieux avant tout d'engranger des profits que ce "cinéma de refus et intimiste" ne peut pas toujours leur assurer. "Si le cinéaste africain veut continuer à exister, à faire des films comme il les aime, des films d'art et d'essai, des films intimistes, il lui faut avant tout dégager des moyens en faisant des films dits commerciaux (..). C'est à la notion de cinéma international, commercial, à la notion de rentabilité que le cinéaste africain n'arrive pas à se faire. Mal aimés, décriés, ce sont les assurances d'une bonne santé", a soutenu le coréalisateur (avec Thierry Leclerc) du film Les médias de la haine, le cas de Ruggiu. La naissance d'une jeune génération de cinéastes, soucieuse de prendre son indépendance avec les pionniers et prête à filmer autrement le continent, entretient l'espoir, s'est cependant réjoui Bocar Sy.

Le deuxième intervenant, Kébé Yacouba, président du Fonds de soutien et de développement de la presse, a lui commencé par saluer l'actualité et la pertinence des films projetés, qui, à ses yeux, montrent bien que l'Afrique n'est pas le seul pôle de la délinquance et de la corruption. Une mise au point qui lui a permis de se concentrer sur les grands efforts que le continent doit nécessairement accomplir pour rompre avec les vieux démons de guerres civiles, d'absence de démocratie…. Pointant du doigt 50 ans de gouvernance gabégique, le journaliste a aussi affirmé que le débat sur les images négatives du continent dont raffolent les caméras occidentales n'est pas digne d'intérêt. "Par elle-même et avec ses propres moyens, l'Afrique n'a pu créer de grands médias internationaux en mesure au moins d'équilibrer les informations négatives dont les médias occidentaux se feraient le relais au profit d'intérêts occultes", a indiqué M. Kebé.

Le dernier intervenant, Alain Drouoh, président d'Amnesty international, section Côte d'Ivoire, a pour sa part soutenu que le cinéma peut être un bon véhicule pour la promotion des droits de l'homme.

Fortuné Bationo

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