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Le Harem de Madame Osmane, de Nadir Moknèche
Refuser les diktats obscurantistes
critique
rédigé par Seltana Hamadouche
publié le 18/08/2009
Le Harem de Mme Osmane
Le Harem de Mme Osmane
Le Harem de Mme Osmane
Le Harem de Mme Osmane
Le Harem de Mme Osmane
Le Harem de Mme Osmane
Le Harem de Mme Osmane
Le Harem de Mme Osmane
Le Harem de Mme Osmane
Le Harem de Mme Osmane
Nadir Moknèche
Nadir Moknèche
Biyouna
Biyouna

Plusieurs films algériens traitent de la montée du terrorisme. En effet, le cinéma actif, sinon militant, puise sa matière dans la tourmente du conflit : la montée de l'intégrisme aux débuts des années 1990. C'est un cinéma qui n'entend pas se replier dans la sphère intime, cherchant à se rapprocher de ceux qui refusent les diktats obscurantistes. Parmi les films qui se distinguent, on trouve Bab El Oued City, réalisé par Allouache en 1993 et Le démon au féminin réalisé en 1993 par Hafsa Zinai-Koudil.

Le premier est réalisé quasi-clandestinement. D'ailleurs, Allouache affirme avoir été contraint d'insérer quelques plans filmés en Kabylie, une région pas encore touchée par le terrorisme au moment du tournage de son film, parce qu'il ne pouvait plus filmer à Alger.
Or, c'est en 2000 qu'un autre film, par sa force et son originalité, dira le passage d'un cinéma "réaliste" à celui de l'allégorie. Comme s'il était possible de se détacher de la réalité pour donner une visibilité énigmatique au conflit, si conforme à cette guerre indescriptible. Ce sera Le harem de madame Osmane.

Ce dernier est le premier film de Nadir Moknèche. Il montre une Algérie moins convenue, plus complexe que celle que l'on imagine de l'extérieur. "La crise actuelle du pays me semble révélatrice d'au moins deux échecs : la démission des élites et la faillite de l'émancipation des femmes", déclare le réalisateur à la sortie de son film.

Ce film, à l'instar des deux prochains films de Moknèche, Viva Laldjérie (2004) et Délice Paloma (2006), aborde la guerre qui ravage l'Algérie depuis les années 1990. Il nous livre l'histoire d'un immeuble de femmes dirigé d'une main de fer par la tyrannique Madame Osmane. À travers ce film, Moknèche entreprend de renverser tous les clichés sur la femme arabe soumise. Biyouna, une actrice extrêmement populaire en Algérie y incarne parfaitement l'humour cruel et réaliste du peuple algérien. Le statut des femmes, la bigamie ainsi que l'absence sont pointés du doigt dans ce film.

Ce film se construit sur l'absence. Il y a l'absence des hommes partis à la guerre, dans les champs pétroliers du sud algérien ou en France. Il y a également l'absence de l'Algérie réelle puisque le film a été tourné au Maroc.

La plupart des films de fiction n'ont pas été tournés en Algérie, c'est aussi le cas de ce premier film de Moknèche. A mon sens, cette absence d'Algérie est forcement gênante. Éclipse des paysages, omission des acteurs de la guerre (militaires ou islamistes), tout ce qui est directement vécu ne parvient pas à se retrouver dans la représentation visuelle.
En effet, le spectateur ne verra pas les corps des victimes de la horde terroriste ni les attentats et la menace quotidienne des "barbus" évoqués plusieurs fois par les personnages. D'ailleurs les cercueils restitués par les autorités resteront plombés. Néanmoins, bien qu'il y est absence de sang de la guerre, tout dans ce film suggère que la menace intégriste est bien réelle et qu'elle peut s'abattre à tout moment sur ces femmes vivant seules.

Seltana Hamadouche

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