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"Les cinéastes africains n'osent pas !"
Lambert NDZANA, Producteur et réalisateur
critique
rédigé par Martial Ebenezer Nguéa
publié le 15/09/2009
Martial E. Nguéa
Martial E. Nguéa
Lambert Ndzana
Lambert Ndzana

Producteur et réalisateur de plusieurs films, Lambert NDZANA est né le 09 mars 1975. Il entre au cinéma par un documentaire intitulé, "L'initié vers les ancêtres", sorti en 2001. Il s'est converti depuis quelques années à la réalisation des séries télévisée dont la plus récentes est " Trois filles deux garçons". Après plusieurs années consacrées à l'animation des centre de formation audiovisuelle, il a ouvert une école de formation en audiovisuel et cinéma à Yaoundé. Il préside également aux destinés de l'association des producteurs indépendants du Cameroun (APIC).

Producteur, réalisateur, animateur comment doit-on vous présenter aujourd'hui ?
J'ai été formé dans tous ces trois domaines à la fois. J'espère dans un avenir assez proche ne pouvoir exercer que la profession de producteur.

Pensez-vous que tout cela constitue de la condition du cinéaste en Afrique ?
Non. En effet, ce n'est pas conseillé d'occuper plusieurs postes à la fois dans la production cinématographique. Car c'est un travail d'équipe qui demande une forte concentration à chaque étape. Mais, étant donné qu'en Afrique les choses ne bougent pas beaucoup, ou bougent à une vitesse extrêmement lente, ceux qui veulent faire avancer les choses ou ont un souci de bien faire comme c'est mon cas, sont obligés de faire plusieurs choses à la fois pour atteindre leurs objectifs.

Tout récemment, vous avez réuni les professionnels de l'image et du son, autour d'un thème éponyme au titre de votre dernier film, "Autopsie du cinéma africain". Croyez-vous que la mort du cinéma africain est définitivement dite au point où on devrait en chercher les raisons ?
J'ai donné le titre AUTOPSIE DU CINEMA AFRICAIN à mon documentaire afin d'interpeller la profession et la curiosité de ceux qui entendent ce titre. Effectivement, la première question est de savoir si le cinéma africain est mort ? Les réponses varient en fonction des points de vue et des sensibilités dans ce cas là. On peut également s'interroger dans l'autre sens à savoir : quand peut-on considérer qu'un cinéma est vivant ?

Qu'est-ce qui motive le choix d'un tel sujet ?
À travers mes nombreux voyages aussi bien en Afrique qu'en Europe, j'ai constaté que les choses n'avançaient pas du tout concernant le cinéma africain. Malgré les nouvelles technologies qui existent et sont accessibles à beaucoup, les cinéastes n'osent pas. Beaucoup continuent de rêver. Beaucoup espèrent toujours décrocher des centaines de millions pour faire leur "FILM". Je ne peux que leur souhaiter bonne chance !

Votre film croise les regards des professionnels africains du cinéma et de l'audiovisuel, même ceux des Africains travaillant dans les services de la coopération multilatérale qui soutiennent le cinéma, pensez-vous que la situation est partout la même ?
Je n'ai pas besoin de le penser. C'est la réalité. J'ai justement croisé ces différents regards pour démontrer que c'est pareil partout. On a l'impression de tourner en rond !

Vos intervenants jettent bien l'opprobre sur les politiques néfastes des dirigeants africains mais également sur les professionnels du cinéma. Selon vous à qui reviendrait la responsabilité de "cette mort" ?
Il n'est pas ici question d'accuser telle personne ou tel gouvernement. Les Africains sont d'ailleurs très forts pour cela. C'est une question de volonté et de détermination à tous les niveaux. Si on veut que ça change, ça va changer…

Ne trouvez-vous pas que l'Afrique, à travers le dynamisme de sa jeunesse a encore des chances de se relancer et même plus qu'avant ?
Je l'espère bien ! Car, on remarque une génération de jeunes cinéastes dont beaucoup développent des intérêts personnels. Beaucoup veulent se servir de cet art pour assouvir leurs fantasmes, leurs rêves d'aller en Europe etc. On arrive à un point où on ne sait plus à quel saint se vouer…

Dans un article publié dans le magazine Le continent*, votre compatriote Jean-Pierre Bekolo, président de la Guilde des producteurs et réalisateurs africains en Europe, décriait le manque d'intérêt autour du cinéma africain, un appel à l'endroit des dirigeants africains, pensez-vous que de telles actions soient opportunes pour la nouvelle vie du cinéma africain ?
Ce que je dis c'est de montrer déjà ce qu'on sait faire, de quoi on est capable et le reste suivra. L'État est obligé d'accompagner ce qui marche dans la société. Si par exemple, on recommence à produire des films de qualité qui sont diffusés dans quelques salles encore existantes et que ces films se comportent bien en salles, appréciés par le public, le peuple représenté par les députés à l'assemblée nationale pourra s'exprimer en ayant à cette occasion des éléments concrets, des résultats qui prouveront que ça vaut le coup de faire un certain nombre de choses pour cet art.

Actuellement vous présidez aux destinés de l'association des producteurs indépendants du Cameroun (Apic) ressentez-vous parmi vos membres, la volonté de faire différemment, est-ce que les intérêts égoïstes ne supplantent pas vos projets ?
Il faut bien préciser une chose, l'APIC est une association, elle n'est pas un producteur ou une banque ou alors un fonds de financement dans lequel on vient chercher de l'argent. Ce sont plusieurs sociétés qui pratiquent le même métier du cinéma qui se regroupent pour mener des réflexions ensemble, partagé des expériences et dans le cas précis du Cameroun, il y a le souci d'asseoir dans un premier temps un certain nombre de bases qui permettront aux différentes sociétés existantes, membre de l'APIC ou non, de travailler dans un environnement sain.

Propos recueillis par Martial E. NGUEA

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