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Africa in the Picture (09-14 Septembre 2009)
Le Sud est la solution
critique
rédigé par Hassouna Mansouri
publié le 23/09/2009
Hassouna Mansouri
Hassouna Mansouri
Anthony FABIAN
Anthony FABIAN
Toni Kofi, universitaire ghanéen installé à Amsterdam
Toni Kofi, universitaire ghanéen installé à Amsterdam
In my Genes
In my Genes
Conférence
Conférence

Quand un festival de cinéma s'intéresse à l'Afrique, il est rare que les films sélectionnés ne racontent pas des histoires tristes. Les plaies du continent noir sont bien nombreuses et douloureuses. Mais paradoxalement, c'est bien de là que l'espoir pourrait bien venir. C'est l'idée que l'on a à la fin de la douzième édition d'Africa in the Picture.

Dans Skin, le Britannique Anthony Fabian se lance dans une lecture des séquelles profondes de l'Apartheid. Il a trouvé dans l'histoire de Sandra Laing, un cas révélateur de ce que ce régime pouvait faire comme mal à des personnes, à des familles, à des peuples. Dans Skin, le cinéaste reprend l'histoire de cette jeune femme qu'il a apprise à la radio. Et à travers les péripéties de ce parcours individuel il dresse un portrait pénétrant de ce système responsable de la tragédie vécue par ce peuple.
La présence de Sandra Laing en personne dans le festival a été un grand moment, surtout quand elle a pris la parole après la projection du film pour dire d'une voix très timide comme écrasée par le destin : "Le film a complètement changé ma vie. J'espère que mes frères le verront et me pardonneront lorsqu'ils verront combien j'ai souffert".

In my Genes, le documentaire de la Kényane Lupita Nyong'o est aussi traumatisant. Le film traite de l'albinisme ; comment il est vécu, comment il est perçu au Kenya et pose la question de la manière la plus simple, mais aussi terriblement crue et brutale : "comment c'est d'être blanc dans une société de noirs".
En suivant le parcours de quelques Albinos, Nyong'o met l'accent sur les préjugés que provoque le fait d'être seul blanc face à tout une foule de noirs. C'est contre ces préjugés que la cinéaste s'élève en montrant combien ces personnages sont spéciaux. Non pas parce qu'ils ont une physionomie différente, mais parce nonobstant leur situation défavorable, ils se battent pour défendre leur droit au bonheur, leur droit à la vie.

Ceci, pour ce qui est de quelques films de la sélection qui a compris quelque cinquante (50) films de cinéastes africains ou dont les origines sont africaines. En effet, le sérieux de cette sélection va de pair avec les tables rondes organisées en marge de cette édition. Outre les débats provoqués autour des films et après les projections, une table ronde a été consacrée à la question de la crise économique. La discussion sur un tel sujet est presque naturelle dans ce festival. Non pas parce qu'il s'agit de l'actualité mondiale, mais parce que la manifestation a été concernée directement par les effets de cette crise.
Il y a un an le festival se voyait privé, par la commission consultative aux Pays-Bas, de sa principale source de financement : la subvention de l'État néerlandais. C'est ce qui a inspiré aux organisateurs un slogan plein d'humour et d'ironie : "Même si on devait mendier, emprunter ou voler", parce que "…s'il fallait qu'on meure, nous confirme Heidi Lobato, la Directrice du festival, nous voulions le faire avec du style". Il semblerait que les choses se sont améliorées depuis et que l'intervention de la ville d'Amsterdam et d'un public solidaire vus les e-mails de soutien que la direction a reçus, a permis de sauver une grande partie de la subvention, et par conséquent de sauver le festival lui-même.

Mais la réflexion sur la crise ne vient pas seulement de cette anecdote. Elle est liée à la situation très grave que le monde est en train de vivre. La mise en question de la crise sous une forme dubitative relève de l'intention vers laquelle le débat est orienté : Crisis, what crisis? (Crise, Quelle Crise ?) C'est en ces termes que la discussion est annoncée plutôt une remise en doute de la pertinence de la question qu'une question en elle-même. Il semblerait que cette crise est la dernière invention de l'impérialisme du capitalisme occidental.

La discussion, qui a eu lieu samedi 12 septembre, a pris comme point de départ le documentaire de Philippe Diaz du Brésil, The End of Poverty (La fin de la pauvreté). Le propos principal du film est que la pauvreté n'est pas là par hasard mais il y a une explication historique et objective : l'hégémonie d'un modèle économique développé par le Nord en s'appuyant sur la matière première et les richesses matérielles et humaines du Sud.
Heidi Lobato a expliqué lors de son discours inaugural que : "… Le sujet est comment le Nord regarde le Sud, et comment la vérité est en train de venir de ce même Sud". Cela remonte à l'époque des grandes découvertes qui ont favorisé l'expansion impérialiste des empires colonialistes. La thèse du film est que, si historiquement le colonialisme est supposé révolu, le mode dont le Nord exploite les richesses du Sud continue et condamne ses sociétés à la pauvreté qui va en s'aggravant continue encore de peser de tout son poids : la pauvreté du Sud et le prix de l'enrichissement du Nord.

De notre correspondant à Amsterdam
Hassouna Mansouri

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