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Mónica Blanc Gómez, curatrice du programme Afrique au Festival Fantoche en Suisse
"L'animation, un outil extraordinaire pour traduire la richesse de l'oralité africaine"
critique
rédigé par Fortuné Bationo
publié le 07/10/2009
Fortuné Bationo
Fortuné Bationo
Mónica Blanc Gómez, à Baden (Suisse, 2009)
Mónica Blanc Gómez, à Baden (Suisse, 2009)

La 7ème édition du Festival international du film d'animation suisse a accueilli, du 08 au 13 septembre dernier, 22 films africains. Une riche incursion à la faveur de laquelle le public a pris rendez-vous avec une vision de l'animation incrustée de légendes.
Mónica Blanc Gómez, curatrice de ce programme, revient sur les motivations d'une telle affiche.

Pourquoi avoir concocté cette année trois différents programmes de films africains pour le public ?

J'avais présenté en 2008 au Festival de Zagreb cinq programmes de cinéma africain. Après avoir vu ces programmes, Duscha Kistler, la directrice artistique de Fantoche, m'a contactée pour une collaboration à l'occasion de Fantoche 2009. Sur les trois programmes, l'un est consacré à une jeune réalisatrice, Cilia Sawadogo, qui a déjà réalisé un long métrage, chose assez rare en Afrique subsaharienne. Les deux autres programmes illustrent les divers thèmes que l'on rencontre dans le cinéma d'animation africain. Ils présentent également différentes générations de cinéastes d'Afrique subsaharienne, diverses techniques. Le travail de Moustapha Alassane, l'un des précurseurs de l'animation africaine (son premier film date de 1965), y est bien représenté.

Qu'est-ce qui est différent quand on suit un film d'animation africain ?

Les films occidentaux traitent de thèmes souvent assez intellectuels, alors que les thèmes du cinéma d'animation subsaharien sont très proches de la vie. Les cinéastes ont des préoccupations sociales et politiques: les droits des jeunes, et des enfants en particulier, les droits de la femme. Beaucoup d'œuvres sont le travail d'un collectif: par exemple des collectifs d'enfants pour exorciser des expériences traumatisantes comme celles de la guerre. L'animation est aussi un outil extraordinaire pour traduire la richesse de l'oralité africaine, les contes et les histoires des griots. Parmi ces films provenant d'Afrique subsaharienne, la palette des couleurs est également remarquable, ainsi que les rythmes et les sonorités originales de la musique africaine qui sous-tend toutes ces œuvres.

Certaines œuvres africaines aiment exhumer les légendes et les contes. Cette option peut-elle apporter un plus dans le dialogue des cultures et aider à vaincre certains clichés ?

C'est une évidence. Et pas seulement les contes. A savoir que le public qui voit ces programmes découvre une Afrique bien différente de celle qui est montrée la plupart du temps dans les médias. C'est pourquoi il est très important de diffuser ces films le plus souvent possible. Ils donnent la vraie réalité de l'Afrique, et pas uniquement les images de misère et de violence véhiculée par les médias.

Au-delà de la sélection de films, quels seraient les possibilités pour les cinéastes africains d'avoir accès à un soutien suisse à la production ? Y a-t-il une rencontre prévue entre professionnels afin de bénéficier de l'expérience suisse ?

Pour l'instant rien n'est prévu de ce côté là, espérons que la diffusion de films africains saura faire bouger les choses. Il est bon d'ajouter que le problème du cinéma d'animation en Afrique n'est pas uniquement le financement, mais également la diffusion. C'est pourquoi chaque festival est une grande chance et un grand pas en avant pour faire connaître cette culture. Le fait que de jeunes cinéastes africains soient invités dans des festivals leur permet d'avoir une fenêtre ouverte sur le monde. C'est une bonne chose car il n'existe pas encore d'école d'animation en Afrique, la formation se fait donc au coup par coup, à l'occasion de courtes formations.

Quel est l'état des lieux de l'animation en Suisse ?

En Suisse la production est en plein essor. La responsabilité en incombe aux diverses écoles d'animation qui se sont ouvertes il y a quelques années, faisant de l'animation un art à part entière au sein du 7ème art.

Pourquoi avez-vous opté de passer à un rythme annuel pour cette 7ème édition ?

Jadis les festivals d'animation avaient lieu tous les 2 ans car la production d'un film d'animation prenait énormément de temps. Avec les nouvelles techniques, la production s'intensifie, il fallait dès lors un festival annuel pour suivre cette production.

Entretien réalisé par Fortuné Bationo

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