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Michael Jackson's This is it
Les derniers élans de l'idole planétaire
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 09/11/2009
Michel Amarger
Michel Amarger
Michael Jackson
Michael Jackson

LM Documentaire de Kenny Ortega, Etats-Unis, 2009
Sortie France : 28 octobre 2009

Ça y est. Le cinéma a statufié Michael Jackson. Le roi de la pop, éteint le 25 juin 2009, est immortalisé en plein vol créatif, lors des ultimes préparatifs de sa tournée, This is it. L'événement devait marquer le retour de la star, retirée des scènes depuis dix ans, mais aussi formaliser ses adieux. La mise au point des 50 concerts prévus à Londres, était assurée par Jackson avec le concours de Kenny Ortega. C'est lui qui a eu l'idée d'exploiter les moments de travails enregistrés à Los Angeles, utiles à la coordination des chorégraphies, les images prévues pour les clips projetés sur scène, les filages des répétitions, pour réaliser un film témoin des derniers feux musicaux de Michael Jackson.

L'idole dépliait ses pas et ses directives dans près de 100 heures de rushes dont Kenny Ortega tire le meilleur parti. Habile à filmer des chanteurs comme les Jonas Brothers ou Hannah Montana, le réalisateur, connu pour High School Musical, est au coeur des répétitions dont il assure la coordination technique aux cotés de Jackson. L'idole est au centre du film. Inutile de rappeler qu'il a inondé la planète avec 750 millions d'albums, que 13 de ses titres se sont classés directement au top des ventes, que son album Thriller, en 1982, a propulsé l'artiste noir américain comme une vedette populaire partout.

Lorsque le film commence, tous les fans du monde sont aguerris. Ce qu'ils attendent, ce sont les déhanchements électriques de Michael, ses chants aigus improbables, ses chorégraphies spectaculaires, ses rythmes musicaux effrénés. Le film est là pour les combler pendant les deux semaines limitées de son exploitation dans les salles mondiales. Car sa sortie est aussi une affaire commerciale, prolongée par la diffusion de dvd et autres déclinaisons numériques permettant d'optimiser l'exploitation des dernières images de Jackson en scène.

Michael Jackson This is it est composé d'un matériel hétéroclite sur les répétitions, assemblé par un montage savant. Après le prologue sur le casting des danseurs, les morceaux les plus célèbres de la star composent chacun une séquence. A l'intérieur, des fragments de répétitions pour les costumes, les lumières, des ajustements des pas de danse, des extraits de clips sont combinés pour figurer la continuité d'une chanson. Les esquisses de gestes, les mouvements répétés s'enchaînent ainsi dans un montage axé sur le mouvement de Jackson, qui en exalte la dynamique.

L'idole apparaît dans toute sa démesure artistique mais aussi dans une proximité inédite face à la caméra. On le voit peaufiner la cohésion des chorégraphies, rectifier l'enchaînement des gestes, pointer la bonne note pour la hauteur musicale. L'artiste paraît à l'écoute des contraintes techniques, attentif à valoriser ses partenaires qu'il gratifie de "God bless you" quand il est satisfait. Bien planté sur la scène qu'il habite complètement de sa présence, Michael Jackson se révèle comme le danseur virtuose qu'il sait être, le compositeur inspiré par les harmonies précises, le chanteur modulé qui force l'admiration. L'image positive que renvoie le film sublime la vedette, réputée pour son professionnalisme.

Jackson apparaît juste soucieux de ménager sa voix et d'économiser ses forces en répétant ses chorégraphies. Ce qui est logique vu l'ampleur du spectacle prévu et l'énergie nécessaire pour en assurer les 50 représentations imposées par les producteurs. L'exigence du chanteur le conduit à placer la barre très haut pour revisiter ses grands succès. Les effets en 3D conçus pour Thriller, les rideaux de feux, les chorégraphies musclées, le final écologique défendu par la star, paraissent poussés à un point de perfection englobant. Mais l'émotion a sa place quand le chanteur se livre à des balades en solo ou se laisse aller à des duos à capella.

Le mouvement saisi artificiellement par le montage du film, impose l'idole comme une icône musicale, auréolée de perfectionnisme et de gentillesse pour les proches. C'est oublier un peu vite les caprices de la star, ses difficultés à gérer sa popularité, ses retraits régressifs dans sa propriété, ses démêlées avec la justice pour les accusations de pédophilie, ses déboires médicaux, ses dépenses. L'idole noire qui a tout connu de la scène très jeune, s'en est éloigné pour se refaire une silhouette idéalement blanche, à coups de chirurgie esthétique, de médicaments, en creusant peu à peu un gouffre financier sous ses pas.

Le film de Kenny Ortega laisse hors champ les réticences de la star à entreprendre la tournée de la dernière chance, imposée par ses créanciers. Les coups de fatigue, la lassitude du chanteur sont élagués au profit de ses plus beaux feux. Et on se doute que pour alimenter une telle flamme, les vitamines et les tranquillisants irriguaient tout à tour le corps filiforme de la star jusqu'à la démesure finale. En épinglant définitivement les promesses d'un spectacle total, Michael Jackson's This is it semble fixer l'icône comme un papillon éternel. Avec des battements d'ailes pour frissonner jusqu'à l'extase.

Vu par Michel AMARGER (Afrimages / RFI / Médias France)

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