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Au loin des villages
Nuages dans le ciel tchadien
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 11/11/2009
Michel Amarger
Michel Amarger
Olivier Zuchuat
Olivier Zuchuat
Au loin des villages
Au loin des villages
Au loin des villages
Au loin des villages
Au loin des villages
Au loin des villages
Au loin des villages
Au loin des villages
Au loin des villages
Au loin des villages
Au loin des villages
Au loin des villages
Au loin des villages
Au loin des villages
Au loin des villages
Au loin des villages
Affiche (Suisse)
Affiche (Suisse)
Continent Afrique 2009, Pau (05>15 nov 2009)
Continent Afrique 2009, Pau (05>15 nov 2009)
Continent Afrique 2009 - Mont de Marsan (11>19 nov 2009)
Continent Afrique 2009 - Mont de Marsan (11>19 nov 2009)

LM Documentaire de Olivier Zuchuat, Suisse / France, 2008
Sortie France : 11 novembre 2009

Les tempêtes qui agitent les populations du Tchad trouvent peu d'écho au cinéma. Les réalisateurs du pays, aptes à trouver des moyens de production, sont rares et les reportages télé du Nord colportent des images alarmistes qui brouillent les informations.
Loin du tumulte médiatique, le Suisse Olivier Zuchuat emploie le langage du cinéma pour aborder autrement les stigmates des guerres. Ce réalisateur, actif entre Lausanne et Paris, s'est déjà penché sur les réalités africaines avec Djourou une corde à ton cou, 2005, un essai pénétrant sur le sens de la dette, filmé au Mali, à partir de l'exemple du coton.
Cette fois Olivier Zuchuat s'installe dans un camp de réfugiés, à l'est du Tchad. Il signe Au loin des villages, 2008, captant les vibrations de la guerre, menée autour de la frontière avec le Soudan.

Après un prologue bref, suggérant une course éperdue dans les feuillages, la caméra se pose à Gourounkoun, dans un camp de déplacés, pour exposer la vie des habitants. Ce sont des Tchadiens de l'ethnie dajo, installés autour du camp de Djabal, pour échapper aux exactions des miliciens janjaweeds, venus du Darfour.
"Ces massacres n'ont pas eu de témoins", explique Olivier Zuchuat. "Ce film en est l'une des rares traces. La question centrale pour celui qui essaie de filmer une telle situation, c'est de trouver la bonne distance. Ne pas forcer, ne pas être voyeur, ne pas "faire spectacle", mais simplement écouter, recueillir et accueillir. Une caméra qui enregistre, mais qui ne cherche pas de réponses."

Le film montre en plans larges, des moments de la vie du camp. La collecte de l'eau occupe les femmes. Les enfants jouent. Des familles se concertent pour le mariage d'une fille. Des chants surgissent. On accompagne la mort d'un ancien.
"Au fil des jours de présence et de tournage dans le camp, les images répétitives de la vie quotidienne et les longs plans-séquences qui scrutent le camp ont commencé à laisser percevoir un douloureux filigrane", raconte le cinéaste. "Les récits des réfugiés que j'ai enregistrés se sont glissés dans les images de ce "quotidien-auralenti", agissant comme un révélateur et donnant à voir un (jusque-là) invisible de la guerre."
Les hommes parlent alors des batailles perdues, faute d'armes, face aux Janjaweeds équipés de Kalachnikovs, en provenance du Soudan. Les femmes décrivent la dureté des travaux, la coupe du bois pour subvenir aux besoins, les viols. Les enfants expurgent la violence par des dessins.

Au loin des villages croise ainsi les scènes du quotidien avec les impressions frontales des déplacés. Les cadres fixes, rompus seulement pars deux plans qui glissent lentement dans l'espace du camp, sont perméables à l'écoulement du temps. Le film bénéficie de l'imprégnation patiente de l'auteur. Après un premier séjour, il s'installe deux mois, profitant de l'isolement causé par la saison des pluies, pour partager la vie locale.
Une ONG italienne collabore au tournage, avec le parrainage du Haut Commissariat aux Réfugiés. "J'ai passé beaucoup de temps assis, à observer, à écouter, à expliquer, à ne rien faire, sans sortir la caméra du sac", explique le cinéaste. Quand il filme, un réfugié formé sur le tas, l'aide à enregistrer le son.

Le documentaire permet ainsi aux déplacés d'exposer leurs blessures, leurs analyses des causes du conflit. Leur espoir affiché est d'être entendu par l'Occident. L'un d'eux accomplit le deuil de 46 compagnons, morts dans une bataille en 2005, en égrenant leurs noms devant la caméra.
Au loin des villages devient l'exposition en creux des affrontements qui dévastent la région et divisent les ethnies en présence. En cadrant posément, Olivier Zuchuat aligne des ciels gris, comme pour marquer les mémoires par une tragédie occultée, en indiquant : "Je fixe un lieu pour le regard, et laisse le temps investir l'intérieur du cadre. L'imaginaire du spectateur peut ainsi faire son travail."

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France)

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