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Festival Écrans noirs 2009
C'est la crise !
critique
rédigé par Jacques Bessala Manga
publié le 08/12/2009

Lors de la célébration du 10ème anniversaire du festival Écrans noirs du cinéma africain et francophone en 2006, l'on se satisfaisait de la notoriété désormais établie de ce que les uns considéraient comme le plus grand événement culturel organisé au Cameroun. Les Écrans noirs, comme il est devenu d'appeler le festival, faisaient désormais autorité dans l'agenda culturel de notre pays. Le soutien actif des partenaires institutionnels camerounais, administrations publiques et sociétés d'État confondues, au premier rang desquelles le ministère de la Culture, apparaissait comme un gage de pérennité d'un événement qui n'a eu cesse de construire à sa manière, la notoriété surfaite d'Afrique en miniature.

Trois années plus tard seulement, quelle n'est pas la surprise de celui qui a assisté au faste du dixième anniversaire, de constater la déliquescence du festival. Les sponsors se sont réduits considérablement. Ceux qui sont restés fidèles n'interviennent plus que pour assurer le service minimum. Les partenaires, bien que plus nombreux, n'interviennent plus que pour des services en compensation et en nature. La popularité du festival ne s'apprécie plus qu'à travers le prisme des deux soirées d'ouverture et de clôture, plus pour les paillettes et le strass d'une soirée mondaine, que pour ce cinéma que les Camerounais avaient redécouvert en 1997, année de lancement du festival. Que s'est-il passé entre-temps ? Bien malin celui qui pourrait apporter une réponse crédible à ce malaise des Écrans noirs. Le festival ne semble plus survivre que par la seule volonté de son promoteur, Bassek ba Kobhio qui, de son propre aveu, a été tenté plusieurs fois par le découragement. La raison : l'érosion des financements.

Trop longtemps adossé sur des subventions des institutions étrangères, dont l'Organisation internationale de la Francophonie et certaines de ses unités opérationnelles, le financement des Écrans noirs souffre désormais du syndrome de "crise financière internationale", ingrédient que l'on cuit à toutes les sauces pour justifier les coupures de budget. Échappatoire trop simpliste, lorsque l'on imagine le potentiel local. Bien mobilisé, il est possible de lever la centaine de millions de francs Cfa nécessaires à une organisation acceptable du festival. Pour cela, il faut une dose de courage au promoteur des Écrans noirs, "d'ouvrir" la vision de l'association à d'autres formes d'intelligences susceptibles de lui redonner le second souffle dont elle a besoin aujourd'hui. Le colloque organisé en marge des projections, et opportunément baptisé "Cinéma et économie", se doit donc d'être le creuset de cette réflexion pertinente qui pourrait affranchir le festival Écrans noirs de l'instabilité des sponsors capricieux. "Le conseil d'administration" des Écrans noirs, organisé quelques jours seulement avant le début du festival, présage-t-il de ce virage indispensable à prendre pour sauver ce festival que nous aimons tant ? Il faut l'espérer.

Jacques Bessala Manga

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