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Le dernier wagon de Sarra Abidi
Genèse d'une fable
critique
rédigé par Mehrez Karoui
publié le 10/02/2010
Mahrez Karoui
Mahrez Karoui
Le dernier wagon
Le dernier wagon
Sarra Abidi dirigeant Sondos Blhassen
Sarra Abidi dirigeant Sondos Blhassen
Ali Ben Abdallah
Ali Ben Abdallah
Sondoss Belhassen
Sondoss Belhassen
Jamel Madani
Jamel Madani
Le Rendez-vous (Ahlem), de Sarra Abidi (2006)
Le Rendez-vous (Ahlem), de Sarra Abidi (2006)
Fadhel Jaziri
Fadhel Jaziri

Date : Le vendredi 13 novembre 2009.
Lieu : Un vieil appartement au centre de La Marsa.
Événement : Premier coup de manivelle du court métrage de Sarra Abidi.

L'équipe est sur les lieux depuis six heures du matin. Une pluie très fine accompagnée d'une brise glaciale annonce une saison hivernale rude. "Très rude même", souligne un membre de l'équipe du tournage. Pourquoi le 13 ?
Est-ce une façon de conjurer le "mauvais sort" qui a causé l'ajournement du tournage pendant plusieurs mois ? En effet, le projet qui devait, à l'origine, être produit par Mohieddine Temimi (Nouvel Atmosphère Productions) a été cédé à l'amiable à Synergy Productions. Il s'agit, en fait, de la boîte de production créée, pour la circonstance, par la cinéaste et son époux, le directeur photo, Ali Ben Abdallah.

Finalement, c'est autour de 8h00 que Sarra Abidi a lancé le mot "Action". Alors, entre en scène, suffoquée, l'actrice Sondoss Belhassen, vêtue d'une robe de chambre rouge pourpre, se précipitant vers les fenêtres de la cuisine qu'elle ouvre afin de dissiper une fumée épaisse qui émane d'une cuisinière… Soudain, on entend des coups de marteau qui proviennent du rez-de chaussée où se déroulent probablement des travaux d'aménagement dont personne n'a soupçonné l'existence. La cinéaste s'exclame furieuse : "Coupez !" C'est à Amel Bouzid, la directrice de production, de régler cet imprévu. Quelques minutes plus tard, la prise est tournée avec succès. "Elle est bonne!", se félicite Sarra Abidi, avant de s'adresser à l'actrice : "Bravo Sondoss, tu as été superbe!"

C'est le premier plan d'un tournage qui a duré une semaine entre La Marsa et la Gare de Tunis. Il s'agit d'une fiction d'environ 26 minutes, intitulée : Le dernier wagon. C'est l'histoire d'une écrivaine quadragénaire fauchée qui vit seule dans un vieil appartement de Tunis. Au moment où elle pense tout abandonner, l'écriture et peut-être même la vie, elle apprend que son roman va être édité. Mais elle n'en a cure, la nouvelle arrive trop tard et sa décision est déjà prise.

"C'est une nouvelle expérience par rapport à mon court métrage précédent, nous confie Sarra Abidi.Si dans Rendez-vous j'ai focalisé sur la désillusion d'une jeune fille que l'on suit dans sa préparation d'un rendez-vous raté, dans "Le dernier wagon" je fais le travail inverse. "La renaissance du rêve!", c'est un constat de la situation d'une créatrice qui renonce à son rêve. Je ne raconte pas une histoire mais plutôt la genèse d'une histoire dans l'esprit d'une écrivaine".
Entre deux plans, la réalisatrice nous confie : "Je suis heureuse de travailler avec Sondoss Belhassen". Il est vrai que sur le plateau de tournage, on constate une grande complicité entre les deux femmes. La réalisatrice s'estime chanceuse d'avoir pour ce court métrage des acteurs confirmés avec lesquels elle s'entend "très bien", dit-elle. Au casting figurent également Moez Mrabet, Jamel Madani, Tawfik El Ayeb, ainsi que la grande actrice Anissa Lotfi dont l'enthousiasme nous rappelle les courts métrages auxquels elle a participé au début de sa carrière dans les années soixante.

Le producteur du film, Ali Ben Abdallah, qui, par ailleurs, supervise lui-même les prises de vue, souligne que le coût réel du film s'est élevé à 120.000 dinars. "N'eûssent été l'aide du ministère de la Culture et le soutien de Fadhel Jaziri, qui nous a offert, à titre gracieux, les services de sa société Nouveau Film, d'une part, et la bonne volonté des membres de l'équipe technique et artistique et, en particulier, mon ami Arbi Ben Ali qui assurera le montage, d'autre part, ce projet n'aurait jamais vu le jour". Selon lui, "ce film est une preuve que la solidarité entre les professionnels du cinéma n'est pas un vœu pieux". Et de conclure : "Pour que notre cinéma puisse vraiment décoller, il nous faut beaucoup de volonté et de foi". Le film sera probablement fin prêt en décembre, et la sortie est prévue pour le début de l'année prochaine.

Mahrez KAROUI

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