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Décès de James Campbel-Badiane (5 Aout 1931 - 6 Avril 2010)
A Dieu…
critique
rédigé par Bernard Verschueren
publié le 10/04/2010
James Campbel-Badiane (1931-2010)
James Campbel-Badiane (1931-2010)
James Campbel-Badiane dans Ahmed (Alain Gomis, 2006)
James Campbel-Badiane dans Ahmed (Alain Gomis, 2006)
Karim et Sala (Idrissa Ouédraogo, Burkina Faso, 1991)
Karim et Sala (Idrissa Ouédraogo, Burkina Faso, 1991)
Watani, un monde sans mal, Med Hondo, France/Mauritanie, 1997
Watani, un monde sans mal, Med Hondo, France/Mauritanie, 1997
James Campbel dans La Dette, Fabrice Cazeneuve, 2000
James Campbel dans La Dette, Fabrice Cazeneuve, 2000

C'est à Dieu que nous te confions aujourd'hui, Toi, James Campbel Badiane, unique et flamboyant jusqu'au bout. Tu vas nous manquer ! Ca va être quoi la vie sans James ? Avec Nancy, Lélia, Maïda, Sunshine, Henri et Gisrael, tu laisses un autre orphelin, ton fils belge, que tu as adopté un après-midi de 1990 à Ouagadougou, en lui tendant une mangue, en Père inspiré !

Quel parcours, quelle richesse, quelle lumière, quelle fantaisie, quelle classe !!! Impossible de citer tous les grands noms et les moins connus qui ont pu jouir de ton inénarrable talent. Tati, Vadim, Antonioni, Baratier… Mais aussi Hondo, Balogun, Ouedraogo, Camara et As Thiam…

Impossible aussi de citer tous ces lieux que tu as illuminés de ton unique sourire aussi charmant que charmeur… Saltimbanque de l'art et de la pensée… L'escale a Las Palmas du paquebot Maria Sé sur lequel t'emmena, juste après la guerre, Tonton Doudou Ndiaye à la découverte de Paris… Le village de Saint-Germain-des-Prés, la Cour du Maroc, Gorée, ton royaume d'enfance ; La Sicap Darabis et Keur Caro ; Antibes, St Tropez et les quatre coins de l'Hexagone ; et puis Lagos, Lomé, Ouagadougou avant de revenir établir le nid des tiens du coté de St Denis…

Papa, tu as fait de moi ce que je suis. Comme un magicien, tu as su féconder ma curiosité et nourrir mon âme. Tu m'as appris que l'on peut, que l'on doit être fier "d'être nègre", qu'il ne fallait jamais tricher, qu'il faut utiliser le mot juste, qu'il faut s'élever en permanence… Témoin d'un siècle, tu m'as donné un saisissant éclairage sur les choses de la Vie et du Monde… Tu m'as donné tant de conseils avisés, de chaleur humaine, de clairvoyance et une sacrée dose d'humour et d'inspiration ! MERCI, PÈRE TOUJOURS DISPONIBLE.

Partout ou tu es passé, tu as laissé une trace indélébile. Et tu as compté énormément pour tant d'êtres d'horizons si divers. Partager du temps et échanger des idées avec toi a du modifier le cours de bien des existences…

Bouillon de projets et esprit en état d'alerte permanente, tu recherchais en permanence la compagnie de jeunes créateurs en tous genres que tu couvais, conseillais et engueulais parfois quand ils faisaient fausse route ou qu'ils se laissaient aller a quelque vanité.

Enfant terrible et chevalier au grand cœur, tu faisais partie (avec Douta Seck, Djibril Diop Mambety, Mame Less Dia et quelques autres…) d'une race d'êtres rares et uniques, celle des Seigneurs qui s'éteint encore un peu plus avec ton départ.

Acteur, danseur, rythmicien, compositeur, photographe, magicien des mots et des langues, c'est bien toi qui nous a donné la traduction aussi originale que logique de "Y a pas de lézard" savoureusement traduit en "Amoul sindakh !". Ton esprit, ta voix, ton entrain, tes délires et tes éclats de rire et même tes rares mais légendaires colères vont sacrément nous manquer…

Ton dernier combat contre l'oubli, inspiré par ton passage au Chemin des Dames, te faisait dire cette chose essentielle:‘ l'expérience ne vaut que si elle est transmise. La transmission, c'est l'arme du combat contre l'oubli". Avant tout, tu étais un passeur. Passeur d'idées, passeur d'histoires, passeur d'atmosphères, passeur d'humeurs…

Il nous reste à poursuivre le chemin, éclairé par ta mémoire. Nous avons tous ici bas le devoir de faire pousser au mieux ces innombrables graines de talent et d'amour que tu as semé sur ton richissime parcours.

Gloire à Toi, Papa ! Reposes en Paix, Grand Monsieur !

Bernard Verschueren
Bruxelles, le 9 Avril 2010

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