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1ère quinzaine du cinéma guinéen (avril 2010)
Démarrage dans le deuil
critique
rédigé par Fatoumata Sagnane
publié le 21/04/2010
Fatoumata Sagnane
Fatoumata Sagnane

La quinzaine du cinéma guinéen a été lancée pour la première fois à Conakry ce 16 Avril 2010. C'est une initiative du ministère de tutelle, en collaboration avec l'ONACIG (Office National du Cinéma Guinéen). Les projections se déroulent sur l'esplanade du ministère de la Culture.
L'objectif est de redonner un souffle nouveau à la vie du cinéma guinéen et à son épanouissement. À signaler que cette quinzaine s'étendra sur tout le mois d'Avril avec des projections de films faits par des réalisateurs guinéens (expatriés ou vivant en Guinée. La programmation est très ouverte : talents confirmés comme débutants, tout le spectre du monde du septième art est ciblé.

Cette première journée du 16 avril fut belle et riche en émotion avec la projection de deux films.
Le premier, intitulé Le chemin vers le seigneur, est un documentaire de Dénis Leno, jeune réalisatrice. D'une durée de 26 minutes, ce film nous parle du pèlerinage de Boffa. Cette ville de la basse Guinée (ou Guinée Maritime) située à 200 km de Conakry, la capitale du pays, accueille chaque mois de mai des pèlerins chrétiens. Boffa est très particulière dans la culture chrétienne. C'est là où des missionnaires ont pris la première fois en Guinée ; c'était en 1907. Les croyants marchent durant 4 jours, ou plutôt 4 nuits faut-il dire : le soleil ardent de Guinée rend difficile la progression en journée de la colonne bigarée et joyeuse qui vient célébrer Jésus-Christ. Sous le régime de Sékou Touré, l'église catholique avait traversé un vrai chemin de croix, s'il est possible de parler ainsi. La récente libéralisation politique et cette programmation semblent donner à penser que la Guinée aborde une nouvelle ère œcuménique.

Quant au second film, il est du célèbre Cheick DOUKOURÉ. Il s'agit de Blanc d'ébène, un long-métrage de fiction qui nous parle de la colonisation. Après sa première réalisation (le documentaire Baro, le lac sacré, 1988, 48 minutes), le grand scénariste et acteur guinéen s'est lancé pour son premier long métrage de fiction dans un drame grinçant et féroce sur l'acculturation. Située en 1943, l'action confronte l'adjudant Mariani, officier de la coloniale et le nouveau directeur de l'école, Lansèye Kanté. Le plus Blanc n'est pas forcément celui qu'on croirait.

Le 17 avril, la seconde journée était inscrite dans la même ambiance riche et variée. Un programme alléchant était annoncé aux spectateurs pour leur bonheur. Hélas, un drame est arrivé le jour même du lancement de la quinzaine : un accident de circulation survenu vers 21 heures sur la route de Fria (ville située à une centaine de kilomètres de Conakry). Des imminentes personnalités du pays ont eu la vie arrachée : deux syndicalistes, deux journalistes de la télévision nationale et leur chauffeur. La journée du lundi 19 avril 2010 a été décrétée chômée payée en la mémoire des victimes du drame.

Cependant, les projections avaient déjà démarré : les organisateurs ne pouvaient que continuer l'événement avec des cœurs serrés. Ils ont décidé de surseoir un moment la quinzaine qui reprend ce jeudi 22 Avril 2010, pour le bonheur des amoureux du cinéma.

Le cinéaste est présent en Guinée pour cette quinzaine du cinéma, ainsi que son homologue Mohamed Camara.
Le public est en grande partie composé de jeunes, mais la vieille génération ne s'est pas laissée compter.

Fatou Sagnane

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