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Amadou Achille Bourou
Clap final pour l'homme aux cheveux blancs
critique
rédigé par Abraham N. Bayili
publié le 02/05/2010
Amadou Bourou
Amadou Bourou
Amadou Bourou dans Quand les éléphants se battent
Amadou Bourou dans Quand les éléphants se battent

" L'humanité se compose essentiellement de mort daignent de survivre". Amadou Achille Bourou, grande figure du théâtre et du cinéma burkinabè, fait désormais partie de cet univers tel que présenté par Auguste Comte. Amadou A. Bourou a tiré sa révérence le vendredi 8 janvier 2010 à la clinique "Les Genêts" à Ouagadougou. Il aura consacré toute sa vie au théâtre et au septième art comme comédien, metteur en scène et auteur.

La vie sur terre est faite de mouvement. Elle est rythmée par la dialectique de l'aller et du retour, de la lumière et de l'obscurité, de la naissance et de la mort. C'est aussi une scène de théâtre où les acteurs entrent et ressortent pour leur interprétation. La vie ! c'est enfin un jardin potager, mais qui ne fleurit que pour un temps. Le jardin de Amadou Bourou ne fleurira plus jamais. Le temps s'est écoulé et s'est arrêté à l'orée de l'année 2010.
Vendredi 8 janvier, alors que les cinéphiles sont encore accrochés au scénario de la naissance du nouvel an, les rideaux se referment subitement sur la vie de "l'homme au cheveux blancs". C'est ainsi que Amadou Bourou avait été surnommé par ses paires. Il repose désormais dans un cimetière de Ouagadougou route de Saponé où un dernier standing ovation lui a été réservé.

Né le 14 novembre 1951 au Mali, Amadou Achille Bourou a obtenu une licence de Lettres Modernes à l'université de Ouagadougou au Burkina Faso avant de s'envoler pour la France. Il y obtient une maîtrise dans la même discipline à l'Université Paris VIII. Passionné de théâtre et de septième art, le jeune Bourou s'inscrit à l'école pratique des hautes études de Paris 1 afin de sonder le mystère des arts de la scène. La tête pleine, il revient au pays en 1989 et fonde une l'année suivante la compagnie "Feeren " pour servir de cadre de formation pour la jeunesse. De cette compagnie sortiront quelques noms célèbres de la scène burkinabè dont la comédienne Odile Sankara, le chorégraphe Seydou Boro de la compagnie "sali ni Seydou" et bien d'autres.

À l'annonce de sa mort, de nombreux témoignages et marques de sympathie ont salué l'œuvre de l'homme. Mais s'il est vrai qu'on se retient de dire du mal des morts par convenance, dans le cas de Bourou, on ne peut sans crainte d'être contredit affirmer que les témoignages entendus à l'endroit de Bourou sont justes et vrais. Son œuvre dramatique et cinématographique est palpable, tangible et quantifiable. Discret, modeste et travailleur, il est pour la jeune génération un père, un formateur, un maître,…, un guide. Hélas, à 59 ans il avait encore du talent à revendre.

"L'homme aux cheveux blancs" a incarné avec dextérité de nombreux rôles aussi bien au théâtre qu'au cinéma. Le témoignage du Dr Prosper Kompaoré, directeur de l'atelier théâtre burkinabè (ATB) et du festival international de théâtre pour le développement (FITD), rappelle qu'Amadou Bourou a interprété son premier rôle au théâtre en 1972 avec l'ATB. Mais, c'est dans les années 1990 qu'il se fera connaître au grand public à travers le septième art. En 1991, il interprète son premier rôle dans le film "Den Baya" de Abdoul Dragoss Ouédraogo. Il a entre autres incarné le rôle du tout puissant ministre des mines dans "Silmandé" de Saint Pierre Yaméogo, le rôle de Jean Louis dans la série télé "Quand les éléphants se battent" de Abdoulaye Dao, le rôle du commissaire dans "Le monde est un ballet" de Issa Traoré de Brahima et le gouverneur dans "Siraba" du même réalisateur. Il a été également coscénariste pour la télévision du Burkina de la série télé "à nous la vie".

Homme aux multiples talents, Amadou Bourou a signé des chefs d'œuvres mémorables. En 1998, c'est à lui que le Comité d'Organisation de la Coupe d'Afrique des Nations confie la chorégraphie de la cérémonie d'ouverture de la compétition (CAN 98). Il apportera sa touche aux cérémonies d'ouverture des FESPACO 1995 et 1997.

Auteur, il a écrit et adapté plusieurs pièces de théâtre. Sous sa signature, "Deniyako" une fable, "Trois sous, trois paroles de sagesses, une fortune" d'après un conte traditionnel burkinabè, "La boutique", "la geste des étalons", " Les empreintes du lion", " la ronde des fables" qu'il a adaptée aux "fables" de La Fontaine. Il a entre autres fait une adaptation sur les planches de "Le Seigneur des anneaux" de J. R. Tolkien. A son actif également la pièce de théâtre le "marafootage" en 1991 pour la première édition du festival international de théâtre du Bénin (FITEB)

Ambassadeur de la culture burkinabè, il a assumé cette fonction honorifique en paroles et en acte par sa riche carrière d'artiste. "Les ambassadeurs se trouvent pour la plupart dans le milieu artistique" aimait il à le répéter. Sa longue carrière d'artiste lui a valut plusieurs distinctions d'ordre international et national. L'homme aux cheveux blancs a été élevé au rang de chevalier de l'ordre des arts et des lettres de la république française et de l'ordre du mérite avec agrafe Arts et Lettres du Burkina Faso.

Époux et père de deux enfants, il aura consacré toute sa vie au théâtre et au Cinéma. L'essentiel dans une vie disait Platon "n'est pas de vivre mais de bien vivre". Amadou Achille Bourou a bien vécu en apportant le rire et le sourire à de milliers de spectateurs qui étaient au bord de la dépression. Il a par son talent, permis à de nombreux cinéphiles de renaître de nouveau et ainsi de donner un sens à leur vie.

Nébilibié A. Bayili (Burkina Faso)

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