AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 993 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Entretien avec Cheikh Ngaïdo BÂ, Secrétaire Général des Cinéastes Sénégalais Associés (CINESEAS)
Atelier UEMOA (17-19 mai 2010, Ouaga)
critique
rédigé par Emmanuel Sama
publié le 16/06/2010

Propos recueillis par Emmanuel SAMA, en marge de l'atelier d'experts du cinéma et de l'audiovisuel (C.A.V) organisé par la commission de l'Union Monétaire et Économique Ouest Africaine (UEMOA).
Cet atelier s'est tenu les 17-19 mai 2010 à Ouagadougou (Burkina Faso). Il avait pour objectif d'examiner et de valider l'étude d'élaboration des textes communautaires sur la production, la circulation et la conservation de l'image au sein des États membres de l'Union. Ces travaux relancent le processus de mise en œuvre du Programme d'Actions Communes (P.A.C) adopté par la conférence des ministres en charge du cinéma et de la communication tenue à Bamako en 2004 (1er au juin 2004).

Réalisateur-scénariste-producteur et acteur sénégalais, Cheikh Ngaïdo BÂ est Secrétaire Général des Cinéastes Sénégalais Associés (CINESEAS). Il est aussi Secrétaire Régional de la Fédération Panafricaine des Cinéastes (FEPACI) pour la zone UEMOA.

Emmanuel SAMA : Pouvez -vous nous situer le cadre de cette rencontre ?

Cheikh Ngaïdo BÂ : Cet atelier a été une réunion intéressante. Il est le second sur le même sujet depuis la première de 2001. Neuf donc ! Mais mieux vaut tard que jamais peut-être. La commission de l'UEMOA a décidé de passer des actes à la mise en œuvre.

Nous sommes persuadés aujourd'hui que notre cinéma ne peut plus se faire par chaque pays pris individuellement mais par des ensembles.

Il va falloir donc intégrer cet ensemble de l'UEMOA pour pouvoir réaliser des coproductions, assurer la circulation des films et agir sur l'ensemble de l'industrie cinématographique et audiovisuelle composée par ses maillons que la production, la distribution, l'exploitation, la formation. Nous ne rêvons plus. Nous savons que les solutions seront endogènes ou qu'elles n'existeront pas.

E.S : Existe -il des dispositions ou des mécanismes particuliers pour réaliser cette intégration au profit de l'industrie Cinématographique et audiovisuelle ?

C.N.B : Dans le cadre de cette communauté économique et monétaire, que constituent les huit pays membres de l'UEMOA, nous avons parlé du tarif extérieur commun (T.E.C)

Nous sommes aujourd'hui dans un ensemble économique dans lequel il va falloir intégrer les industries culturelles et cinématographiques, qui sont aussi facteurs de développement et de croissance. Il ne faut pas oublier que le cinéma est à la fois art, commerce et industrie.
L'un des projets phare de l'union consistera à installer dans chaque capitale des huit pays, cinq (05) salles de 200 places pour la diffusion des coproductions faites ensemble.
Nos populations sont estimées à 113 millions d'âmes, imaginez, si 1/10ème voit un film à 1000 francs CFA cela fait 113 milliards de francs CFA !

Je pense que notre marché est là, il est effectif mais pas encore captif. Il faut qu'il le devienne.
C'est pourquoi, je pense qu'un atelier de ce genre pour la mise en œuvre des textes communautaires sur la production, et la diffusion de l'image vient à son heure.

E.S : Ici, on avait les directeurs de la cinématographie, des cinéastes indépendants, et des promoteurs.
Les télévisions étaient absentes, elles représentent pourtant l'audiovisuel ?


C.N.B : Il faut regretter qu'il ne manque plus que les télévisions ! On nous a rassuré qu'il se tiendra sous peu une réunion avec les télévisions. Nous aurons d'ailleurs insisté sur le rôle que devrons jouer désormais les télévisions. Le directeur du patrimoine culturel nous a rassurés sur leur implication prochaine.

Pourquoi il faut les impliquer ? Parce qu'avec la raréfaction des salles de cinéma que nous sommes en train de vouloir réahabiller ou construire, les télévisions sont nos seuls écrans. De par le monde aujourd'hui, la tendance est qu'on ne peut pas faire du cinéma sans la télévision. Il faut que les télévisions des pays de l'UEMOA s'impliquent et surtout les télévisions de service public. Nous commençons à avoir beaucoup de télévisions commerciales dans nos pays. Au Sénégal, il y a déjà quatre télévisions commerciales et même des télévisions culturelles dont un projet de Youssou Ndour qui a commencé à émettre en mai 2010.

L'un dans l'autre, nous voulons réunir nos efforts car l'union fait la force, réunir ce que nous avons de commun pour réaliser ensemble de grandes œuvres, des grandes coproductions et co-diffusions.
Il faut que nos télévisions échangent des programmes. Nous avons les contenants ; faisons maintenant ensemble les contenus dans l'espace UEMOA.

E.S : N'avez-vous pas parlé de fonds pour la production car cela ne ressort pas dans le PowerPoint que j'ai pu voir ?

C.N.B : Nous avons parlé de fonds mais pas pour la production car nous avons dépassé ce stade. Nous avons parlé de fonds pour l'industrie cinématographique et audiovisuelle. Qu'est-ce à dire ? Parce que les fonds pour la production ne servent qu'à faire des films et faire des films pour les mettre dans les tiroirs ? Non ! Il y a des fonds pour la production qui existent déjà dans certains pays.
Grâce aux fonds qui seront mis en place, le distributeur qui veut distribuer des films africains, l'exploitant de salle qui veut construire ou réhabiliter une salle ou le prometteur qui vend des productions cinéma et audiovisuelles de l'UEMOA peuvent s'adresser à ce fonds. C'est un fonds à la disposition de l'ensemble des maillons de la chaîne.

Nous ne voulons plus avoir un fonds pour un fonds. Nous voulons que ce fonds de promotion de l'industrie cinématographique et audiovisuelle dans l'espace UEMOA soit aussi un fonds de garantie et de participation.

Cela veut dire que si vous avez un projet et que vous vous adressez à une banque qui exige votre apport personnel à hauteur 70%, sinon vous ne l'intéressez pas. Et si le fonds dit qu'il garantit 40% et participe à 30%, la banque, qui est une institution mesurant les risques, peut décider que c'est jouable en intervenant seulement pour 30% dans un budget global.

Propos recueillis par
Emmanuel SAMA

Artistes liés
Structures liées
événements liés