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Décès du cinéaste burkinabé Moustapha Dao
Le regard vers l'enfance
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 25/06/2010
Michel Amarger
Michel Amarger
Moustapha Dao
Moustapha Dao

Le cinéaste burkinabé Mustapha Dao s'est éteint à Paris le 21 juin 2010, avec la discrétion qui a accompagné sa carrière, concentrée autour de 1990.
Pourtant ce réalisateur, né en 1955 à Koudougou, a signé des courts-métrages régulièrement diffusés pour le plus grand plaisir des enfants. Après avoir étudié les techniques du son à l'INAFEC de Ouagadougou, s'être occupé de production aux studios Cinafric de Kossodo, et un passage au Centre du Cinéma puis à la télévision, il participe à l'élan du cinéma national de la fin des années 80 aux côtés de Idrissa Ouedraogo.
Mustapha Dao est un artiste sensible, réservé.

Et c'est aux petits Burkinabés qu'il consacre son premier court-métrage de fiction, A nous la rue, 1987.
Il puise son inspiration dans les rues et filme à hauteur des enfants, leur quotidien où jaillissent les jeux, les disputes, les alliances et les premiers amours autour des jouets qu'on échange à l'ombre du regard des adultes. La vivacité du film fait remarquer Moustapha Dao.

Il enchaîne avec Le neveu du peintre, 1989, et met en scène un petit villageois, hébergé par son oncle en ville, qui rêve aux personnages sortis des contes de sa grand-mère. Des humains costumés jouent les animaux.


La technique est reprise comme un système pour L'enfant et le caïman, 1991, adaptation d'un conte africain sur le respect du contrat oral. Un caïman revient sur la promesse faite à un enfant qui le reconduit au marigot. Comme il veut le manger, des animaux sont convoqués pour donner leur avis. Le résultat est un peu artificiel mais le film permet aux enfants des ateliers d'ATD, Aide à Toute Détresse, qui y participent, de s'initier au cinéma. Moustapha Dao aime jouer avec eux.

Il signe L'œuf, 1995, dans le même esprit en adaptant un conte mossi. La femme d'un roi lion qui n'a que des filles, accouche d'un œuf qu'un lièvre transforme en prince. Là encore, la volonté de mêler le réel au merveilleux repose sur les mouvements des humains, costumés en animaux.

Les courts-métrages de Moustapha Dao touchent leur public et circulent largement mais il est fixé à Paris sans savoir trouver les moyens de développer ses rêves. Il travaille dans un cinéma pour vivre mais s'éloigne du cinéma en vivant à sa manière. La part d'enfance qu'il n'a cessé de vivifier reste dans ses films.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France / Africiné)

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