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Polémique autour de la salle de cinéma "Le Bénin"
Les cinéastes engagent un bras de fer contre le ministre Galiou Soglo
critique
rédigé par Hector Tovidokou
publié le 07/07/2010
Hector Tovidokou
Hector Tovidokou
Appollinaire Aïvodji
Appollinaire Aïvodji

"C'est un bien inaliénable. Le combat doit être unanime. Non au don gratuit. Nous n'allons jamais nous laisser avoir de cette manière. Vendre la salle de ciné le Bénin, c'est vendre le cinéma béninois. Nous avons aujourd'hui une grande école de cinéma au Bénin, qu'est l'Institut Supérieur des Métiers de l'Audiovisuel (Isma). A la fin de leur formation, où vont-ils projeter les films ? Les gens ont souffert et donné leur vie en son temps pour qu'on ait ces salles de cinéma".
C'est en ces termes, que les cinéastes, à tour de rôle, fustigeaient l'attitude du gouvernement béninois et exprimaient leur mécontentement au sujet de bradage de la salle de cinéma "le Bénin".

C'était au cours d'une conférence de presse, tenue dans les locaux de la Médiathèque des Diasporas, le lundi 05 juillet 2010. Il s'est agi pour eux, d'expliquer les tenants et aboutissants de ce sujet de cession de la salle du cinéma le Bénin.

Un franc symbolique

Après la rupture des contrats de location-Gérance avec le Groupe Master Soft, le ministre de la culture, de l'alphabétisation et de la promotion des langues nationales (Mcapln), Galiou Soglo se propose de mettre à la disposition de la Fondation Zinsou, la salle de cinéma Le Bénin pour réhabilitation et transformation en un musée d'exposition d'arts africains contemporains. Cette décision a été prise par le ministre suite à la correspondance n°357/DG-FH/SH/09 que lui ont adressée les responsables de la Fondation Zinsou intéressée par la reprise de ladite salle. L'investissement qu'entend opérer la Fondation avoisine les 100.000.000 Fcfa, selon la lettre du ministre Galiou Soglo adressée au Chef de l'Etat, Yayi Boni.

L'investissement a tellement séduit le Ministre au point où il estime que le projet est d'un intérêt certain pour le Bénin et permettra également de sauver un patrimoine national laissé à l'abandon et à la ruine. En contrepartie, l'Etat n'aura rien à y investir avant de remettre la salle à la Fondation Zinsou. Le ministre Galiou Soglo propose surtout pour l'aboutissement du projet, un accompagnement et un soutien du gouvernement qui peut, à défaut de donation spécifique, mettre le bâtiment à la disposition de la Fondation Zinsou, institution à but non lucratif.

Le Ministre Galiou Soglo a surtout proposé que le gouvernement mette à la disposition de la Fondation, ladite salle au franc symbolique. Et pour cela, il envisage dans sa lettre adressée au Chef de l'Etat "Une mise à disposition à travers un contrat de bail emphytéotique au franc symbolique pour une période de 20 ans renouvelable".

Le ministre Galiou Soglo sollicite ses confrères pour influencer le chef de l'Etat

Disposant de solides arguments pour brader la salle Le Bénin, le ministre de la culture Galiou Soglo a initié un projet de mise à disposition au profit de la Fondation Zinsou qui s'était manifestée pour la récupération de cette salle. Il fait appel à deux autres ministres du gouvernement qui se sont mis d'accord pour donner suite à ce projet. Ses homologues sont Pascal Irenée Koupaki, ministre d'Etat chargé de la Prospective, du développement, de l'évaluation des politiques publiques et de la coordination de l'action gouvernementale, et Idriss Daouda, ministre de l'économie et des finances.
D'ores et déjà, une communication est préparée pour soumettre le dossier à l'approbation du Conseil des Ministres.
Selon les précisions de la lettre "confidentielle" adressée au Président de la République, Docteur Boni Yayi, par le ministre de la culture en charge du dossier, la décision de mise à disposition de la salle de cinéma Le Bénin se justifie par le fait que le locataire gérant (Groupe Master Soft de l'Honorable Janvier Yahouédéhou) à qui il a été confié l'exploitation des 5 salles de cinéma appartenant à l'Etat n'honore plus ses engagements vis-à-vis de son cocontractant. En effet, suite à cette défaillance mentionnée par le ministre Galiou Soglo dans sa communication adressée au Chef de l'Etat, il a été purement et simplement mis fin aux contrats de location gérance signés par l'Etat avec le groupe Master Soft.

Cette défaillance relevée par le ministre se résume au fait que le locataire gérant ne paie plus ses loyers, n'exploite plus le fonds de commerce, n'engage non plus aucune activité cinématographique et ce depuis une décennie. Lesdites 5 salles sont : Ciné Le Bénin et Ciné Concorde à Cotonou, Sabari à Djougou, Le Borgou à Parakou et Atacora à Natitingou. Pour mémoire, les contrats de location-gérance ont été signés avec le groupe Master Soft respectivement le 5 décembre 1994 et le 14 juillet 1998.
La lettre N°333/Mcapln/Dc/Sgm/Sp de rupture du contrat adressée au promoteur de Master Soft par le ministre Galiou Soglo date du 11 Mars dernier.

Demande d'audience, sans réponse effective

Vu la situation, les cinéastes ont tenté plusieurs fois d'obtenir une audience spécifique au cinéma avec leur ministre de tutelle. Ils n'ont pas eu de réponse concrète.
"En son temps, nous avions rencontré le ministre de la culture, de l'alphabétisation et de la promotion des langues nationales sous la houlette de la Fédération des associations d'artistes du Bénin (Faaben) qui avait ses préoccupations majeurs, a confié Apollinaire Aïvodji, président des cinéastes et producteurs audiovisuel du Bénin. Au cours de cette rencontre, poursuit-il, il a été décidé que la politique culturelle au Bénin soit repensée autrement".
Et dans les différentes recommandations faites afin que la culture retrouve toute sa vitalité, il y a bien évidemment la construction d'infrastructures pouvant permettre d'accueillir des événements culturels.

En proposant donc au gouvernement, la construction des infrastructures adéquates, les artistes ont également recommandé que les anciennes délaissées soient réhabilitées et mises à leur disposition pour exploitation. Toujours sous la houlette de la Faaben, le ministre les a rencontrés il y a quelques jours pour se prononcer sur le sujet. A la suite, il a donné un rendez-vous particulièrement aux cinéastes. Cette rencontre qui ne s'est jamais tenue et toutes les tentatives pour voir le ministre ont été déjouées par le staff.

Des démarches annoncées !

Pour ne plus perdre de temps, les cinéastes veulent être pragmatiques. Ils se sont proposés un certain nombre de démarches à suivre.

Primo, s'ils n'ont pas la réponse du ministère d'ici quelques jours, ils enverront une lettre ouverte au Chef de l'Etat suivie d'une pétition qui sera bien signée par tous les acteurs intervenants dans le cinéma (comédiens, décorateurs, plasticiens, écrivains, musiciens etc).
Leur objectif est de récupérer leur salle disent-ils. Pour appuyer cela, des sit-in sont en vus.

Hector Tovidokou

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