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La Gamelle, de Meher Ben Khlifa
Être ou ne pas être... artiste
critique
rédigé par Sondes Zarrouki
publié le 01/10/2010

C'est la 5ème journée de la compétition. C'est aussi le 5ème film Tunisien dans la compétition internationale: "La Gamelle" de Meher Ben Khlifa (Club Hammam-Lif) est une fiction de 09 mn.

Le film présente le personnage et le cadre spatial de la fiction : un homme en caleçon, pieds nus, corps maigre, regard affolé, enchainé à une cuvette... un robinet qui ne cesse de laisser échapper des gouttes d'eau produisant un son qui rend le jeune homme fou furieux. Une pièce étroite, sans fenêtre, ne disposant que du robinet et de la cuvette;la seule sortie est une porte fermée.

Ce personnage n'est-il pas tout jeune qui se sent claquemuré et marginalisé dans une société conformiste et "dans les normes"? Le jeune d'aujourd'hui ne se sent-il pas emprisonné dans un espace auquel il n'appartient pas? La société n'est-elle pas en train de torturer les jeunes en les enchainant par les mœurs, les tabous, les préjugés...?

Le jeune homme essaye de se libérer de ses chaines jusqu'à l'épuisement, au point de perdre tout espoir.

Un nouvel élément apparaît : la gamelle !

En sa présence, les traits du personnage deviennent plus clairs: c'est un artiste. Ainsi, on comprend dés lors que le réalisateur parle des artistes et des créateurs dans notre société. 
Ils sont mis à l'écart, emprisonnés, maltraités, désocialisés... Ils essayent de se libérer, de s'imposer et de s'intégrer... en vain!

La gamelle représente le point de rupture avec cette situation. 

L'artiste muselé est inspiré par cette présence. Sa créativité renait. il crée même son pinceau avec ses propres cheveux!

On le voit peindre sur le mur. On sent sa résurrection. Les traits de son visage se décrispent. Ses gestes deviennent de plus en plus légers. La peinture est vitale pour lui!
A la fin, on découvre qu'il a peint une fenêtre qui s'ouvre sur le soleil. Ce dernier ne symbolise-il pas l'espoir ? la chaleur?... la vie ?

A travers l'Art, l'homme enchainé s'est créé un moyen pour être libre et pour régénérer. c'est aussi le cas de Meher Ben Khlifa qui s'est dessiné, à travers son court métrage, une fenêtre sur la liberté.

Être artiste c'est vivre.

Sondes Zarrouki

Publié dans le bulletin du festival FIFAK, le 15/7/2010

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