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Décès de l'actrice algérienne Keltoum
Une battante exemplaire
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 15/11/2010
Michel Amarger
Michel Amarger
Keltoum, jeune
Keltoum, jeune
Keltoum, dans le film Le vent des Aurès
Keltoum, dans le film Le vent des Aurès

Une des plus belles étoiles du cinéma algérien s'éteint. La grande actrice Keltoum a tiré sa dernière révérence ce jeudi 11 novembre 2010, emportée par la maladie à l'âge de 94 ans. Mais sa lumière persiste dans les yeux des amateurs de théâtre et de cinéma qui ont apprécié sa solide carrière. Keltoum dont le nom civil est Aïcha Adjouri, marque de sa présence forte une vingtaine de films importants du cinéma algérien dont Le vent des Aurès de Mohamed Lakhdar-Hamina, 1966. Elle y campe une mère déchirante, en quête de son fils raflé par l'armée française durant la guerre de libération nationale. Un rôle emblématique pour une comédienne fière et imposante, engagée, aussi expressive devant les caméras que sur les planches où elle s'est illustrée dans plus de 70 pièces.

Keltoum, née à Blida, le 4 avril 1916, s'échappe souvent de la maison familiale pour voir et suivre les danseurs et les acteurs ambulants. Puis elle surmonte les préjugés de sa famille pour s'épanouir sur les planches lorsque Mahieddine Bachtarzi, l'un des pères du théâtre algérien, la remarque à Blida, en 1935. La jeune actrice saisit cette chance et travaille avec application. Sa carrière s'affirme à la fin des années 1930. Elle aborde le cinéma par hasard et joue dans un film allemand, en 1945. Son professionnalisme en impose et en 1947, elle vit l'aventure de l'Opéra d'Alger. En 1954, la guerre de libération interrompt son travail.

Elle s'engage à l'appel du Front National de Libération, et cesse ses activités pour entrer dans la lutte comme de nombreux artistes algériens. A l'indépendance, en 1963, Keltoum intègre la troupe du Théâtre national algérien qui réunit de grands comédiens dont Rouiched, Mustapha Kateb, Allal Mouhib, Nouria, Agoumi. Les pièces s'enchaînent et Keltoum prodigue ses conseils auprès de ses partenaires. Sa détermination éclate au cinéma dans Le vent des Aurès de Mohamed Lakhdar-Hamina et dans des films et téléfilms notables.

Elle est grave pour Décembre de Mohamed Lakhdar-Hamina (1972) ou truculente avec Les folles années du twist de Mahmoud Zemmouri (1983) en alternant les genres jusqu'à Hassan Niya de Ghaouti Bendeddouche, 1989, où elle partage l'affiche avec Rouiched. Ce dernier la décide à remonter sur scène pour jouer Les concierges en 1991. Mais Keltoum a pris sa retraite en 1989. Ces derniers temps, les problèmes de santé la conduisent à s'isoler. Elle refuse les visites et ne se rend pas à l'hommage qui lui est consacré en mars 2010, au cinéma Sierra Maestra d'Alger. Pour le public algérien et les spectateurs du monde qui l'ont vue à l'écran, Keltoum reste éternellement au firmament des actrices.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France / Africiné)

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