Les Amazighs ont aussi leur cinéma qui sera fêté à Tétouan, la ville colombe qui se situe dans la région du Rif, à 63 kms de Tanger (au nord de l'Afrique).

Baptisée Festival Rif du Film Amazigh, cette fête est connue par l'amour que portent les Rifains à leur région et à leur langue Tamazight, qui tracent leur histoire politique et leur patrimoine culturel et artistique, dans le but de les sauvegarder et préserver. Rappelons que le Maroc a créé l'Institut royal pour la culture et la langue amazigh en 2001, à la demande de plusieurs activistes qui œuvrent dans ce sens. Ces militants veulent lui redonner le respect, afin qu'elle ne reste pas inscrite au registre de l'UNESCO comme langue en danger d'extinction. Le résultat de ces efforts ont abouti à la reconnaissance du tamazight en tant que langue officielle au Maroc, en 2011, comme un bien commun entre tous les Marocains.

Cette 6ème édition représente une continuité des éditions précédentes qui ont résisté aux contraintes financières et logistiques afin de pouvoir rester dans la sphère des festivals qui poussent comme des champignons au Maroc. Ce festival s'est forgée une place au niveau de l'importance de cette messe. Les responsables veillent à organiser un menu riche en matières cinématographiques, tels que les tables rondes, des activités parallèles aux projections des films programmés. Il y a aussi des visites sur les sites des régions avoisinantes où la mer méditerranéenne embrasse les belles montagnes du Rif, avec des vues panoramiques qui font un clin d'œil à la rive du sud espagnol qui fait rêver les jeunes nord-africains et ceux venus de plus loin..

La ville de Tétouan n'est pas une destination aléatoire pour célébrer cet évènement Sa sélection est plutôt la conviction que cette ville réunit toutes les qualifications qui la placent au niveau des grandes villes actives dans ce domaine.
Les organisateurs du festival rifain du cinéma amazigh emploient tous leurs efforts pour défendre ce cinéma de langue amazigh. Surtout que le gouvernement marocain a adopté le tamazight comme une langue officielle, dans les programmes scolaires. Elle a été reconnue comme une matière importante dans une vie sociale particulière, de ses habitants.
Parmi les priorités de cette édition 2024 : mettre en valeur les artistes rifains, les faire connaitre au reste de la population des différentes régions du territoire marocain, leur faire sentir qu'ils sont aussi des citoyens marocains à part entière. Leur seule différence est la langue amazigh, parlée dans cette partie du Maroc.

Un volet des hommages est programmé avec des noms choisis sur le tas, dont les artistes et intellectuels qui ont marqué la scène culturelle et artistique marocaine.
Trois noms phares figurent sur la liste des personnes qui seront honorées par un hommage au festival. En l'occurrence la merveilleuse actrice Naima Ilyass, le journaliste et reporter de taille Atiq Ben Chiguer (Atik Benchikar) et l'acteur talentueux Rabie Kati. Ce sont toutes des personnalités qui méritent amplement cet honneur, au vu de leur brillante carrière, chacun dans son domaine.

Evidement il y a un jury de la compétition officielle, qui a son mot à dire sur l'ensemble des films programmés au festival. À sa tête, on trouve Omar Al Khammar (Omar Benkhamar), le critique dynamique que le milieu du cinéma national respecte et apprécie. Il a ses côtés comme membres : l'actrice Zohra Noujoum, l'acteur et réalisateur Driss Roukhe et le respectueux journaliste et critique Ali Hassan, avec le monteur Allal Sahbi.

"La politique et la religion dans le cinéma" est le thème que les organisateurs ont choisi pour les débats. C'est un sujet qui représente la suite de la table-ronde de la précédente édition de 2023, sur "le cinéma et le terrorisme" ; des sujets qui font l'actualité dans le monde. Dans ce cas, le Maroc emploie des efforts pour freiner la propagation de ce virus qui ravage les rangs des jeunes partout dans le monde. Participeront à ces tables rondes, le poète Driss Allouch, l'avocat et juriste Lahbib Hajji, le journaliste Redouan Benchguer, le critique du cinéma Abdekrim Ouakrim et Hassan Nrais (comme modérateur).

La compétition officielle comprend 14 courts métrages. Ils concourent pour gagner l'un des 4 prix spécifiques au festival. Il s'agit du Prix du scénario, le Prix de la réalisation, le Prix du jury et le Prix du grand Rif.

Plusieurs ateliers de formation dans des disciplines cinématographiques seront disponibles pour les jeunes réalisateurs en herbe désirant faire carrière dans ce domaine. L'atelier de la réalisation est dirigée par le réalisateur et scénariste Rachid Laroussi. À la tête de l'atelier de scénario, on retrouve l'écrivain et scénariste de renommée, Abdelilah Hamdouchi. Pour sa part, l'acteur Abdessalam Sahraoui s'occupera de l'atelier de l'interprétation. Pour l'atelier de l'art des effets spéciaux, c'est Jamal Cheiri qui s'en occupe. Une master class est aussi prévue dans les activités ; elle sera sous la direction du réalisateur marocain Hassan Benjelloun.

L'amoureux critique du cinéma, qui n'est autre que le célèbre Hammadi Guerroum, sera présent pour signer et dédicacer son nouveau livre intitulé "L'Art de comprendre le cinéma : entre langage et théorie" [editions Falia, Béni Mellal, Maroc, ndlr]. Sur internet, l'universitaire Fatima Zahra Salih, Professeure à l'Université Sultan Moulay Slimane, présente ainsi l'auteur, ndlr] : "Hammadi Guiroum est professeur universitaire, a dirigé le festival du cinéma d'auteur de Rabat durant plusieurs années. Il est fondateur du tout nouveau festival de cinéma à Casablanca (2022) et de l'association des enseignants-chercheurs critiques de cinéma au Maroc. Un intellectuel actif et généreux".
L'écrivain Rachid Laaroussi présentera aussi son livre au titre de "Le film documentaire marocain : le commencement".



L'idée d'associer les thèmes antiterroristes au cinéma, a beaucoup d'importance, vu le rôle que joue le 7ème art dans la sensibilisation de la population, au danger de ce phénomène qui menace la stabilité des sociétés, et mettre en garde les parents pour qu'ils soient vigilants envers leur progéniture et surveiller leurs fréquentations. Ce qui est bénéfique dans ce festival c'est l'association des différents composantes, œuvrant dans la société, en l'occurrence le conseil municipal de la collectivité territoriale à Tétouan et le conseil régional de la préfecture de Tétouan.
Rappelons que le fonds de soutien aux festivals du CCM a octroyé 60 000 dirhams [environ 5 500 euros / 3, 6 millions Francs CFA, ndlr] à leur projet, un montant loin d'être à la hauteur des espérances et attentes des organisateurs, déçus des résultats des délibérations de ladite commission, ils continuent à travailler.

En collaboration avec l'association Canaria pour la culture Amazigh (AZAR), le festival du Rif de cinéma amazigh va signer une convention de jumelage des deux parties. L'objectif est de s'ouvrir à d'autres cultures, au-delà des frontières marocaines et donner au festival un rayonnement international. Pour l'occasion, un film intitulé Ansite réalisé en 2011 par l'Espagnol Armando Ravelo (Imazighen des iles Canaries), sera au programme. Le public pourra le visionner sur les écrans des salles de Tétouan.

par Amina Barakat