Déraciné et en recherche, Ousmane, immigrant burkinabé à Montréal, voit sa vie prendre un tournant lorsqu'il rencontre sa voisine désorientée. Un film cohérent et poignant qui montre le sentiment d'invisibilité que des personnes éprouvent dans la société surtout en Occident.
Loin des films d'action excités, Ousmane est calme et plein de grandes émotions. Il nous parle de culture, de famille, de maladie et de vieillesse. Et pourtant, c'est passionnant. Les thématiques sont traitées avec une grande sensibilité. Entre Ousmane et Edith, vieille dame solitaire, une relation s'établit que sa femme et ses filles ont du mal à comprendre. La compassion d'Ousmane envers Edith n'est-elle pas ravivée par le sentiment d'Ousmane d'avoir abandonné sa propre mère ?
En jouant sur les ellipses, le réalisateur laisse le spectateur deviner ce qu'il ne montre pas. Qui a prévenu les policiers, par exemple ? L'utilisation du format 4:3 pendant tout le court métrage permet de ressentir les émotions en milieu clos. Il élimine le décor pour se recentrer sur les visages, si bien que lorsque nous voyons Edith au centre de l'image qui nous regarde, elle est comme un tableau qui semble nous poser la question des vieux dans nos sociétés.
"Nous étions pauvres, mais riches", dit Ousmane face à la vie d'immigré au Canada. Le réalisateur sait de quoi il parle, lui qui, issu d'une famille ouvrière de Sao Paulo, a émigré au Canada en 2003. Entre Edith et lui, deux misères différentes mais qui peuvent se rencontrer et trouver leur voie vers une renaissance.
Ce court métrage traite une question d'humanisme tout en subtilité et met en avant l'apport des cultures autres dans une société qui manque de valeurs.
Abdoulaye BARRY (Sénégal)
Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2022 / FACC.
Un atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 5è édition du Festival de Dakar Court (05-10 Décembre 2022) par l'Association Cinemarekk et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar), avec le soutien de Vivendi Create Joy.