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Claudia Yoka : "Au Congo Brazza, il y a le manque d'objectivité, de ce qui constitue nos failles"
entretien
rédigé par Pélagie Ng'onana
publié le 29/03/2024
Claudia YOKA, réalisatrice et productrice congolaise (Brazzaville)
Claudia YOKA, réalisatrice et productrice congolaise (Brazzaville)
Ciné Club N'kah (session 15)
Ciné Club N'kah (session 15)
Ciné Club N'kah (session 15)
Ciné Club N'kah (session 15)
Ciné Club N'kah (session 15)
Ciné Club N'kah (session 15)
Ciné Club N'kah (session 15)
Ciné Club N'kah (session 15)
Ciné Club N'kah (session 15)
Ciné Club N'kah (session 15)
Ciné Club N'kah (session 15)
Ciné Club N'kah (session 15)
Sébastien Kamba, réalisateur congolais
Sébastien Kamba, réalisateur congolais
Norbert DABIRA, producteur et général congolais
Norbert DABIRA, producteur et général congolais
1992, Editions L'Harmattan, Paris, 106 p.
1992, Editions L'Harmattan, Paris, 106 p.
Germain "Beethoven" Yombo, promoteur culturel congolais
Germain "Beethoven" Yombo, promoteur culturel congolais
Pélagie Ng'onana (Yaoundé), Rédactrice à AFRICINÉ MAGAZINE
Pélagie Ng'onana (Yaoundé), Rédactrice à AFRICINÉ MAGAZINE

La réalisatrice et productrice congolaise a récemment donné une Master class au Cameroun (Ciné Club N'kah, session 15, du 14 au 15 mars 2024, à Yaoundé). Actuellement en promotion de son dernier long métrage [Mayouya, le film est en streaming (légal et gratuit) ici, ndlr], elle évoque avec nous son parcours dans le cinéma ainsi que son combat pour une production conséquente et de qualité dans son pays.

Vous êtes à Yaoundé en tant qu'invitée d'honneur du ciné-club N'kah, qu'est-ce qui vous a fait accepter cette invitation et que souhaitiez-vous partager principalement avec le public d'ici ?

Mary-Noël Niba est une consœur, productrice, réalisatrice et nous évoquons très souvent les difficultés que nous rencontrons pour produire nos films. C'est une amie, une grande sœur qui est de bon conseil, donc elle m'avait contactée pour me dire que son choix s'était porté sur ma personne pour son prochain ciné-club. Etant donné que c'est une personne qui, elle-même, répond très rapidement à mes invitations (parce que j'ai aussi un festival), j'ai répondu favorablement parce que ça me paraissait la bonne chose à faire, et surtout qu'on est au mois de mars qui rend hommage à la femme. C'était plus un honneur pour moi.

Avec le public camerounais c'est deux choses : un retour aux sources, parce que mon immersion dans le cinéma africain commence véritablement en 2003 aux Ecrans noirs, c'est ce festival qui m'a donné envie de créer le mien ; donc venir faire une Master class sur l'organisation d'un festival à Yaoundé me paraissait l'endroit le plus approprié pour cette démarche. Ça faisait trois ans que je faisais dans le cinéma dans mon pays, mais je n'avais jamais envisagé des perspectives de produire et de montrer mes films ailleurs. La première fois que j'envoie un film hors des frontières c'est au Cameroun et j'ai bénéficié vraiment du regard avisé de monsieur Bassek ba Khobio, et ensuite c'est en arrivant ici que j'ai pu vivre tout ce flux de gens, de réalisateurs connus et qui étaient toujours de bon conseil, et cela n'a fait que me conforter dans le fait que c'était la voie à suivre pour moi, faire des films et créer un festival plus tard.

Vous avez également assisté à la projection de deux de vos films, Mayouya un film africain sans budget, votre dernière fiction qui fait un parcours assez incroyable actuellement ; ainsi que votre documentaire Mères-Chefs. Comment avez-vous vécu cette expérience avec particulièrement la présence des lycéens dans la salle ?

Sans démagogie aucune, je crois que c'est le deuxième plus beau moment que j'ai vécu dans ma carrière de cinéaste Parce que de toutes les projections que j'ai pu faire je n'ai jamais vraiment été au contact d'enfants, d'élèves, de collégiens et de voir leurs réactions, de constater leur enthousiasme sur un film comme Mayouya qui a été très difficile à monter financièrement, techniquement, un film difficile à faire. En fait, je suis absolument ravie d'avoir eu ce retour-là. C'est le retour que j'attendais. Le film avait eu un bel accueil aussi à Paris, à Montréal et à Brazza, mais au Cameroun ça été autre chose. Ça me motive pour aller un peu plus loin.

Dans le cas de Mères Chefs aussi, c'était très bouleversant de me retrouver quinze ans après au Cameroun pour ce film avec Bijou, la protagoniste principale de mon documentaire. Ça été beaucoup d'émotionsc pour elle et moi d'aller à l'étranger et de parler de l'expérience que nous avons connue il y a quinze ans, qui a fait que nous soyons aujourd'hui des sœurs. C'était la première fois qu'elle regardait Mayouya en entier parce que le film n'est pas sorti au Congo, il est programmé dans les salles Canal Olympia à partir du 22 mars 2024.



Vous êtes à la tête d'un festival Tazama qui se décline comme le Festival de films de femmes pour la lutte contre le cancer. Quels sont les critères pour qu'un film y soit éligible ?

Il faudrait que le film soit fait par une femme, peu importe le thème. Nous prenons également des films faits par des hommes mais donc la thématique porte principalement sur la femme. Ensuite nous avons une compétition de court métrage, de fiction et de documentaire qui concerne uniquement les films réalisés par des femmes. Et très souvent les films que nous projetons sont des films primés, parce que Tazama est plus dans l'idée que les réalisatrices et cinéastes africaines apportent ce qu'elles ont de mieux comme contribution pour la lutte contre le cancer. C'est un cadeau qu'elles nous font, c'est leur façon à elles de nous accompagner dans cette lutte contre le cancer.

On vous présente souvent comme la baronne du cinéma congolais, également comme l'une des rares réalisatrices de votre pays, que pensez-vous de ces qualificatifs ? Et dites-nous si la situation a évolué entre temps.

C'est très drôle ce qualificatif de baronne du cinéma congolais… Quelqu'un m'a répondu un jour, mais c'est comme ça que je te perçois. Alors je ne peux pas empêcher les gens de me percevoir comme ils en ont envie. Donc, j'ai trouvé ce qualificatif un peu fort mais je me suis habituée, parce qu'après on me l'a répété à foison. Et peut-être aussi parce que je suis restée longtemps seule réalisatrice du Congo Brazza, en tout cas au moment de sa relance dans les années 2000. Est-ce que le qualificatif de baronne me vient du fait que j'ai tout fait, mais alors tout fait, pour ne pas rester seule, en produisant des filles qui tournaient avec moi ; j'ai poussé ces actrices à devenir, à leur tour, des réalisatrices pour faire grandir un peu notre cinéma au féminin. Et j'en suis très fière aujourd'hui parce que j'en connais un bon nombre qui sont des réalisatrices talentueuses au Congo.

Le changement oui, tout ce mouvement autour du renouveau du cinéma congolais et notamment féminin, a apporté quelque chose. Je sais qu'il existe de jeunes réalisatrices comme Dinava Kate qui a un style très particulier, très prometteur, et je suis très heureuse parce que je sais que depuis août 2022 il existe au Congo un prix du cinéma qui porte mon nom ; Le Prix Claudia Yoka pour les réalisatrices congolaises. C'est un immense honneur de voir qu'on est dans la transmission, et j'ai bon espoir que ça débouche sur de nouvelles carrières.

Que pouvez-vous nous dire sur les pionniers du cinéma au Congo ?

Oui, c'est vrai que je dis toujours que, pour moi, tout commence au Cameroun en 2003 avec Bassek parce qu'il m'ouvre véritablement les portes du cinéma africain. Mais le cinéma en lui-même au niveau du Congo, nous avons des gens qui ont voulu renouveler et bousculer les codes du cinéma. Et à l'époque il y a ce militaire (général d'armée) qui adore le cinéma, il s'appelle Norbert Dabira.

C'est ce monsieur qui me donne justement ma chance de faire mon premier film. C'est par ce dernier que monsieur Bassek ba Khobio viendra me découvrir lors d'un séjour à Brazzaville. Donc vous voyez, il y a quand-même une chaîne ; c'est vraiment une chaîne le cinéma. Si personne ne vous repère, ne vous donne votre chance, je ne sais pas si ça va marcher. Moi on m'a donné ma chance et c'est aussi ce que j'essaye de faire.

Norbert Dabira avait la plus grosse unité de production à l'époque, dans les années 2000, et une chaîne de télé, il aurait pu me dire non je ne peux pas t'aider, te prêter mes techniciens et mes caméras, et je ne suis pas sûre que je ferais du cinéma aujourd'hui.

Je ne saurai oublier monsieur Beethoven Germain Pella Yombo, qui fait également partie des personnes qui m'ont soutenue depuis le début. Il a un évènement culturel et il surveille de très près ce que je fais dans la culture, c'est chez lui que Mayouya a eu son premier trophée, le prix Sanza de la Mfoa. Presque tous mes films ont gagné des prix à son évènement, et il a dit aux gens : c'est elle qui fait les meilleurs films, on ne peut rien faire. C'est toujours les prix de ce monsieur qui m'envoient vers l'extérieur.



En parlant de pionnier, bien sûr nous avons le doyen du cinéma congolais qui est encore en vie. Il est encore jeune hein, il n'a que 82 ou 83 ans, monsieur Sébastien Kamba. Nous échangeons énormément, nous avons même rédigé un ouvrage ensemble sur le cinéma congolais que nous n'avons pas encore publié. Je suis finalement assez réticente sur sa publication parce que j'aimerais beaucoup que les cinéastes congolais s'accordent avant la parution de cet ouvrage-là. J'ai trouvé le titre qui est : La Diatribe du cinéma congolais.
Parce qu'à un moment donné, il faut pouvoir dire ce qui ne marche pas pour pouvoir aller de l'avant, il y a énormément de choses qui ne collent pas à l'heure actuelle, qui me déplaisent énormément et c'est pour cela qu'on ne nous voit pas à l'extérieur.

Comme par exemple ?

Comme par exemple le manque de solidarité, le manque de formation, c'est comme pour toute chose il faut rester à la page, il faut se former. Donc il y a le manque d'objectivité de ce qui constitue nos failles et aussi, dans mon cas très spécifique, c'est cette facilité que les gens ont, à estimer que j'ai plus de chance que les autres. Moi, ma chance elle me vient d'un autre pays, elle me vient du Cameroun.
Mais on estime que j'ai plus de chance pour des raisons qui, pour moi, sont extrêmement dangereuses quand on est une artiste ; parce que moi je suis extrêmement sur la réserve sur tout ce qui concerne le tribalisme, l'ethnicité ; je ne supporte pas ça.

Donc très souvent je suis boycottée dans mon pays parce que, il semblerait que je ne sois pas née du bon côté de la barrière dans un sens comme dans l'autre ; et c'est dommage parce que quand je produis un artiste je ne lui demande pas sa carte d'identité, je ne lui demande pas qui sont ses parents, je ne lui demande pas s'il est du Sud ou du Nord. Le problème qu'on a c'est qu'ils ne l'admettent pas mais le vrai problème il est là.

Vous êtes assez investie dans le domaine de l'éducation, en quoi se déclinent vos activités et est-ce qu'il vous arrive de faire un lien entre ce secteur et le cinéma ?

Oui parce que dans l'éducation comme dans le cinéma, il s'agit de se former, de comprendre, de maitriser les enseignements et ensuite de transmettre. Je suis dans l'éducation parce que j'ai une école anglophone au Congo, et le lien il est là, pour moi le cheminement est tout à fait le même. D'ailleurs c'est bien grâce à cette autre structure qu'on parvient encore à se dire qu'on va peut-être essayer de faire un film. Je sais que dans le cas de mon dernier film, c'est ma structure éducative qui m'a permis un peu de sauver les meubles et d'aller au bout du projet. Après je ne le referai pas, parce que c'était une prise de risque énorme et j'aurais très bien pu me retrouver à mettre la clé sous le paillasson.

Qu'est-ce qui vous amène à faire du cinéma ?

J'ai dit à quelqu'un que je pense que par-delà l'idée de devenir un artiste, j'ai toujours au fond de moi un vrai sentiment patriotique. De me dire, pourquoi il y a ça chez les autres et pas chez nous ? et ça c'est des choses que nous pouvons nous-mêmes, en tant que citoyens, corriger au fur et à mesure. Comme disait Kennedy, quand tu te lèves le matin ne te demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, mais demande-toi ce que toi tu peux faire pour ton pays. Moi, ma démarche était vraiment celle de se dire "s'il n'y a pas de cinéma c'est que le besoin n'a pas été créé en tant que tel". Mais le problème c'est que ce besoin-là a existé dans les années 60/70 et 80. Donc qu'est-ce qui nous empêcherait nous, jeunes des années 2000 de recréer ce besoin, de faire en sorte que nous retournions dans les salles ? Donc, par-delà le fait de voir les séries de l'Afrique de l'Ouest que je trouvais sympas, je me suis dit si nous aussi on montrait nos séries, nos réalités et qu'on se mettait derrière la caméra pour dire voilà, chez nous aussi il se passe des choses etc. Donc voilà, initialement c'était ça, qu'il n'y a pas de raison que notre pays reste en retrait.

Vous produisez des films et vous tenez en même temps annuellement un festival. De ces deux projets, lequel vous tient le plus à cœur ?

Très sincèrement, aujourd'hui les deux me paraissent indissociables. Avec le temps, je me suis rendue compte que le festival a créé des synergies incroyables. Il y a des séries aujourd'hui que je vois sur Canal+ qui sont nées des rencontres de personnes qui se sont connues à mon festival, et c'est vraiment une fierté de me dire que des gens ont pu aller au bout des choses. Parce que toute la période où je n'ai pas tourné j'ai tenu grâce au festival, car en termes de coûts le festival me paraissait plus raisonnable. Vous pouvez mobiliser les fonds avec acharnement si vous avez derrière beaucoup de volonté, et vous pouvez organiser le festival avec la moitié du budget prévu. Alors que mobiliser des fonds pour un long métrage, monter des équipes techniques… c'est une grosse responsabilité que de se dire, je vais faire un film avec peu de moyens, au risque de planter tous ces gens qui ont travaillé et qui ont beaucoup d'espoir sur le film.

Le titre de mon dernier film c'est Mayouya, un film africain sans budget. C'est un titre qui porte bien son nom parce qu'au sens propre comme au sens figuré, nous n'avions pas de budget et pourtant Mayouya est en train de vivre son petit miracle. On est en compétition à côté des personnes que j'admirais profondément quand j'ai commencé à faire du cinéma. Pour la petite anecdote, je suis arrivée à Vues d'Afrique, l'ascenseur s'ouvre je tombe sur Souleymane Cissé, et je lui rappelle qu'un soir il m'expliquait le cinéma en faisant des graphiques sur du sable, vous ne pouvez pas imaginer la joie d'arriver et de savoir que je suis en compétition avec sa propre fille au Canada. Dans ce cas-là, comme on dit, je n'ai plus besoin de gagner, parce qu'on a déjà gagné, c'est un signe que tout va bien.

Ici au Cameroun, j'étais avec Osvalde Lewat, elle a été invitée en même temps que moi, pour donner une Master class. Pour moi elle fait partie des plus grandes documentaristes du continent africain. Tout ça pour moi c'est comme gagner de l'argent.

Dans le domaine de la production cinématographique, qu'est-ce que vous appréciez au Cameroun et que vous aimeriez bien voir appliquer au Congo ?

Très sincèrement à chaque fois que je viens à Yaoundé je suis bluffée par trois aspects du cinéma : la grande capacité des journalistes et critiques de cinéma que vous êtes. Vous avez des questions qui ont du sens, on sent qu'il y a de la recherche derrière, on ne pose pas des questions "bateaux". Ça c'est très important parce que pour que le cinéma rayonne au Congo il faut aussi que les journalistes culturels, critiques d'art, de cinéma apprennent à faire la recherche sur ce que nous faisons à l'extérieur pour pouvoir avoir un rendu qui soit fidèle et qui interpelle les autorités, mais si on n'a pas ça ce n'est pas bon.
Ce que j'aime aussi au Cameroun c'est cet esprit de faire les choses bien, il y avait un jeune homme dans la salle qui a fait une critique en disant : il y a eu tel ou tel plan, vous avez utilisé tel ou tel plan séquence pour dénoncer ça, à tel moment précis vous avez fait un gros plan sur le fauteuil, symboliquement qu'est-ce que ça vous inspire ?
Je veux dire, il y a tout ce côté-là, où les cinéastes camerounais vont chercher pour vous le sens de ce que vous avez voulu dire et en général vous tombez d'accord. Pour ma part ça démontre un professionnalisme et aussi techniquement ils s'appliquent quand-même à donner une qualité de travail qui soit compétitif ailleurs que dans leur pays. Quand on fait un film nous ne parlons pas qu'à nous, nous parlons à tout le monde ; je trouve que les sujets traités au Cameroun sont assez bien emmenés. La troisième chose que je retiens du cinéma au Cameroun c'est, entre guillemet, l'assiduité du public, quand ils vous suivent ils vous suivent tout le temps, ils sont capables de vous reparler de ce que vous avez fait il y a cinq, dix ans. Et moi j'ai rencontré énormément de jeunes encore cette fois, qui me disaient je veux en faire mon métier et je leur répondais réfléchissez bien parce que les gens qui ont la niaque comme vous j'en ai rencontré beaucoup, donc vous êtes au coude à coude. Donc, c'est cette envie de réussir de montrer des choses et de ne pas s'asseoir sur des acquis.

Il se dit souvent que le gouvernement d'un pays ne peut pas tout faire pour relever ou relancer son industrie cinématographique, mais qu'il a quand-même un grand rôle à jouer. Comment se passent les choses au Congo ?

Je pense qu'en fait on pourrait gagner en temps et en productivité si le ministère qui est la tutelle du cinéma, le ministère de la Culture chez nous, se décidait à créer un Fonds de soutien à la production. Ce sont des Fonds qui existent par exemple en Côte d'Ivoire et au Sénégal qui font qu'une entité est dotée de ressources et doit apporter des résultats. Ça veut dire que ça déchargerait le ministère de certaines charges. Ils diront : "si on vous donne cent millions vous avez intérêt à nous faire cinq films, débrouillez-vous pour trouver le reste des fonds". Ces cent millions nous permettraient par exemple de retirer dix ou vingt millions pour préparer un projet et aller à la recherche des fonds. Et on est capable de rapporter 200 millions et ça aiderait à renflouer la caisse. En tout cas, c'est comme ça que moi je perçois les choses. Mais après je ne peux pas dire de quels moyens dispose le ministère. Est-ce que le cinéma est une priorité devant les autres arts comme la littérature ou la musique… ? Je ne saurais imposer une ligne de conduite. Mais c'est quand-même une ouverture de se dire "créons un Fonds". Pour moi, quand on a un Fonds : on a une obligation de résultats.

Il existe combien de salles de cinéma au Congo ?

Pardon !? (Rires). Vous croyez qu'on est au Cameroun ? Alors je vais vous dire, depuis que mon festival existe il se tient à l'Institut Français de Brazzaville, ce sont des partenaires extraordinaires mais on est en France. Ensuite comme dans plusieurs pays nous avons maintenant des salles Canal Olympia, nous en avons deux. Il y a aussi un jeune Congolais qui a créé une petite salle. Est-ce que ça suffit ? on va dire non ; mais si on crée le besoin et qu'on a des initiatives privées comme ça, on commencera à avoir un parc de salles de cinéma.

Au soir de votre vie vous souhaiteriez qu'on retienne quoi de vous dans le domaine du cinéma ?

Vous savez, ça m'est arrivé de m'asseoir et de penser à tous mes efforts depuis 24 ans pour le cinéma dans mon pays. Un jour, je me suis dit, sur mon épitaphe (et je sais que ma famille ne voudra pas) ce que j'aurai aimé qu'on écrive ce serait "A vraiment tout essayé, n'a pas été écoutée".

Interview réalisée par
Pélagie Ng'onana

Pour voir le film : Mayouya est en streaming (légal et gratuit, selon vos localisation) ICI, ndlr]

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