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Entretien avec Zigoto Tchaya Tchameni, réalisateur
"Je prépare un film sur Um Nyobé"
critique
rédigé par Achille Nayé
publié le 22/08/2011
Zigoto Tchaya TCHAMENI
Zigoto Tchaya TCHAMENI
Scène d'Extension 4, Zigoto Tchaya Tchameni
Scène d'Extension 4, Zigoto Tchaya Tchameni
Scène d'Extension 4, Zigoto Tchaya Tchameni
Scène d'Extension 4, Zigoto Tchaya Tchameni
Scène d'Extension 4, Zigoto Tchaya Tchameni
Scène d'Extension 4, Zigoto Tchaya Tchameni

A l'occasion des Écrans Noirs 2011 (Yaoundé), le réalisateur parle de sa carrière et pose un regard critique sur le cinéma camerounais qui, selon lui, va mal.

Le public camerounais commençait à peine à s'habituer à vous que vous avez disparu de la scène...

Je n'ai pas du tout disparu de la scène. Actuellement, je suis en Angleterre où je poursuis des études en doctorat à la Kingston University. J'enseigne aussi le cinéma dans la même université.

Tournez-vous encore ?

Je continue à pratiquer le cinéma malgré mes nombreuses occupations. Pour moi, ne plus tourner de film, c'est cesser d'exister. Je suis présent à tous les événements culturels organisés au Cameroun. J'étais en fin d'année dernière aux RETIC (Rencontres théâtrales internationales du Cameroun, ndlr) et me voici aujourd'hui au festival Ecrans Noirs. Je viens de tourner mon dernier film,
"Rendez-vous avec les morts". En dehors de ça, j'ai à mon actif plusieurs autres films dont "Public Order", "Tabou", "Trafic d'enfants" et "Gymnastic". J'ai également produit des documentaires.

Comment êtes-vous arrivé au cinéma ?

Par force du destin. Cela va peut-être paraître vous surprendre,
mais je dois dire que j'ai été un enfant de la rue pendant longtemps. J'avais une grande passion pour le cinéma. J'ai commencé à faire la comédie dans la rue et à danser. Comme j'étais régulièrement
à côté du cinéma Le Capitole, je faisais tout pour voir les films, car je voulais absolument être cinéaste.
J'étais très passionné. Je m'entraînais avec mes amis à Warda, à l'endroit où se trouve actuellement le bois Sainte Anastasie à Yaoundé. C'est là que j'ai été repéré par le gérant du cinéma Abbia. Avant chaque projection cinématographique, nous présentions
une chorégraphie de 5 mn.
C'est au cours de l'une de mes prestations que j'ai été repéré
par Vincent Ndoumbé, alors réalisateur à la CRTV. Nous
avons commencé à produire le programme "Just for fun" à la
Crtv. De là, les choses se sont enchainées. Dans la foulée, j'ai été sélectionné par Ambroise Mbia, le président des RETIC, pour participer à un atelier au Danemark où j'ai passé 17 mois. A mon retour, comme j'avais déjà passé plus de quatre ans sans aller à l'école, je suis allé m'inscrire aux cours du soir en classe de seconde. L'année d'après, je
suis allé m'inscrire au lycée bilingue d'application de Yaoundé où j'ai obtenu mon probatoire. Puis, je suis allé faire Arts et spectacles option
cinéma à l'Université de Yaoundé I. Parallèlement, j'ai fait plusieurs ateliers en Croatie, en Finlande et en suisse. J'ai été formé au
Centre d'art dramatique de Lausanne. C'est ainsi que je sors mon premier long métrage en 2003 et un an plus tard, en 2004, je produis un court métrage sur l'homosexualité. Ce film a d'ailleurs obtenu le prix de meilleur film au festival "Yaoundé tout court".

De Yaoundé à Londres le chemin est très long. Comment vous retrouvez-vous là bas ?

Grâce au British Council. Cet institut avec lequel j'avais plusieurs projets m'a d'abord envoyé à Dakar où j'ai reçu une formation de réalisateur et de cameraman. Pendant mon séjour au Sénégal, j'ai fait la rencontre de Sembène Ousmane qui m'a, par la suite, invité à tourner avec lui comme caméraman assistant. C'est après avoir fait cette tournée qui m'a conduit en Sierra Léone, au Nigeria, en Angleterre et au Ghana que j'obtiens une bourse d'étude en Angleterre, toujours par l'entremise du British Council.

Quel regard jetez- vous sur le cinéma camerounais ?

J'aimerais d'abord dire un mot sur le cinéma africain en général. C'est un cinéma qui a ses spécificités dont il faut tenir compte. Il est plus expressif, par exemple. Sur le cinéma camerounais, je dirais qu'il est en difficulté en ce moment. Il y a un manque de politique culturelle et de professionnalisme. Il faut former les cadreurs, les réalisateurs, bref tous ceux qui interviennent dans la chaine de production.
De même, il faut éviter de copier le cinéma nigérian comme les jeunes cinéastes ont tendance à le faire actuellement. Il faut préserver notre originalité, comme l'ont fait des aînés comme Dikongué Pipa, Bassek Ba Khobio, Cyrille Masso et bien d'autres. De plus, il faut des salles de cinéma. La plupart des films produits aujourd'hui au Cameroun sont faits pour la télévision et non pour les festivals, car le format n'est pas le même. Dans ce contexte, les films camerounais ne peuvent pas être compétitifs.

Quels sont vos projets ?

En ce moment, je suis en période de repérage et de casting car je voudrais produire un film sur Um Nyobe dans le cadre de ma thèse. C'est un film qui va peut-être choquer parce qu'il va s'attarder sur l'histoire de notre pays, sur ce qu'on ne nous a jamais dit. Ce projet devrait démarrer le mois prochain (ndlr.juillet 2011). J'aimerais également tourner en 2013 un film Western au Cameroun. C'est fort possible.

Propos recueillis par
Achille NAYÉ

article paru dans la revue Mosaïques. Arts et cultures du Cameroun (Yaoundé), - N°009 - Août 2011, page 9.
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