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Dieudonné Kabongo plane sur Kinshasa, avec l'armada canadienne
critique
rédigé par
publié le 12/10/2012

Ce vendredi 12 octobre 2012, un HOMMAGE A Dieudonné Bashila KABONGO est programmé à Kinshasa, de 19h à 22h. Les films Le damier et Juju Factory (tous deux réalisés par Balufu Bakupa-Kanyinda) sont prévus : le talentueux acteur et metteur en scène récemment décédé à Bruxelles y tient le rôle principal.

C'est dans le cadre de la Semaine du film francophone (du 08 au 14 Octobre) que s'inscrit l'hommage au comédien de théâtre, acteur de cinéma et poète congolais, de nationalité belge.
Cette programmation est en marge du 14ème Sommet de la Francophone (Kinshasa,) réunissant les chefs d'État de pays francophones.

Un citoyen belge du Congo qui tire sa révérence, comme Molière

Dieudonné Kabongo Bashila est né en 1950 au Katanga (Congo Zaïre). Premier humoriste africain à s'établir en Belgique, en 1970, Dieudonné Kabongo se bâtit très tôt une grande notoriété en gagnant des récompenses aussi prestigieuses que le Prix du Festival du Rire de Rochefort. Il s'installe aux commandes d'émissions radiophoniques et télévisées où il conforte une stature internationale, particulièrement sur la chaîne francophone TV5. Dans le même temps, ce Belge (bruxellois) d'adoption depuis 1970 mène une brillante carrière en musique, au théâtre et au cinéma.

Il y a un an (plus exactement le 11 octobre 2011), Dieudonné Kabongo décède brutalement sur la scène du Centre culturel de Jette, à Bruxelles. Sa mort survient alors qu'il entrait en scène, dans le spectacle "Nouvelles de l'Espace" - cabaret d'actualités humoristique, animé par des comédiens, journalistes, humoristes, fantaisistes et musiciens professionnels.
Professionnel sérieux, Dieudonné Kabongo était aussi une personne très affable. Il était disponible à l'endroit des journalistes.



C'est en jouant Mobutu dans le Le damier (Balufu Bakupa-Kanyinda, 1996) que Dieudonné Kabongo a définitivement gagné le coeur du grand public. Papa-National, président-fondateur-à-vie arrogant, cruel et lamentable joueur de dames, son personnage est rendu avec une magnifique sobriété où il livre toute sa force scénique. Balufu fait le choix d'un sublime mélange de couleurs et noir & blanc pour son moyen métrage de 40 minutes. Le film est primé à Toronto, Ouaga, Villeurbanne, Abidjan, Namur, Philadelphie et Caen. Il obtient deux prix aux Lutins d'or (Meilleur scénario pour Balufu Bakupa-Kanyinda et Meilleure Bande originale de Film à So Kalméry) ainsi que le Label de qualité attribué par le Centre National de la Cinématographie (CNC, France).



Dans Juju Factory (commencé en 2005 et sélectionné au Fespaco 2007 en Première Mondiale), le premier long métrage de Balufu Bakupa-Kanyinda, il est Kongo Congo (deux fois le Congo, dit-il de sa voix de stentor). Dans le rôle principal de l'écrivain chroniqueur caustique de Matonge (prononcer "Matongué"), quartier cosmopolite de Bruxelles, il donnera du fil à retordre
à l'éditeur Joseph Désiré (une fine double référence du réalisateur à Mobutu et Kabila). Celui-ci réclame à Kongo Congo un récit sans aspérités, genre "Guide touristique", aux ingrédients ethniques qui pourrait intéresser la population entière du village planétaire, et sans trop de références à l'Afrique d'hier et d'aujourd'hui.

Son dernier film (posthume, car finalisé en 2012) est le court métrage A ton vieux cul de nègre ! qui plonge dans le passé colonial pour regarder notre présent. Réalisé par Aurélien Bodinaux (surtout connu comme producteur avec sa société Néon Rouge Production qu'il a créée en 2002), ce court métrage se déroule à Bruxelles, dans une maison de repos où un Congolais (Dieudonné) et un Belge (François Beukelaers) trinquent à leur longue amitié. La discussion s'envenime sur de vieilles histoires, des histoires de rêves brisés et de vies gâchées, comme la colonisation sait en sécréter.
A quelques jours de sa mort, il confiait à Freddy Mulongo [lire son hommage du 13 Octobre 2011] le scénario du film, Le Pacte de Bonobo, qu'il voulait tourner avec le Camerounais Emil Abossolo Mbo, l'Américain Denzel Washington et le Burkinabè Issaka Sawadogo.

Un large spectre du monde francophone ?

Le programme de la Semaine du film francophone se déroule dans différents lieux de Kin', la capitale congolaise qui fait peau neuve : la Halle de la Gombe, Ecurie Maloba (Bandal), Tarmac des auteurs (Kintambo), Planète J (Ndjili).

Les cinéastes présents donneront des master classes) avec les étudiants de l'Institut National des Arts (INA). Des Rencontres-débats sont prévues avec le public.

Les films sélectionnés sont d'une grande diversité : Maroc, Canada, Haïti, Cameroun, Gabon et République démocratique du Congo. On remarque qu'il s'agit essentiellement de films d'Afrique Centrale pour moitié, avec un pays d'Afrique du Nord, un long métrage de la Première république Noire (primé à Ouagadougou en 2007). Le film canadien Rebelle a été tourné au Congo. Il faut regretter que cette sélection ignore les pays asiatiques francophones et les nations francophones relevant aussi du Commonwealth (communauté anglophone) comme le Ghana ou le Rwanda.

Haïtien(s) d'Afrique

Entre le Congo et le cinéma haïtien, c'est une longue histoire d'amour. Raoul Peck y a passé sa tendre enfance (son documentaire Lumumba, la mort d'un prophète en analyse toute la portée). Sa fiction Lumumba est l'un des plus solides et vibrants biopics (films portraits) jamais réalisés.
Arnold Antonin s'impose désormais comme l'autre grande figure du cinéma haïtien. Il fut d'abord honoré en 2002 au Festival de Cannes pour l'ensemble de son œuvre ainsi que pour son documentaire Courage de femmes (2000, 17min), dans le cadre du Prix Djibril Diop Mambéty.
Arnold Antonin a eu trois fois (et de manière consécutive, en 2007, 2009, puis 2011) le Prix "Paul Robeson" qui récompense au Fespaco le Meilleur Film de la diaspora africaine. Son Prix Robeson en 2011 (pour Les amours d'un zombi) a ravi la vedette au très incisif Moloch Tropical de Raoul Peck, dans une compétition qui comptait deux autres films haïtiens : Donoma de Djinn CARRÉNARD (Haïti/France) et Les mains noires, procès de l'esclave incendiaire de Tétchena BELLANGE (Canada) ; sans oublier Jean Gentil de Laura GUZMAM & Israèl CARDENAS (sous pavillon de la République Dominicaine). Le personnage principal est un Haïtien, Jean gentil, comptable qui devient maçon, agriculteur dans la nation voisine.
Le Président a-t-il le sida ? (Prix Robeson 2007 au Fespaco) est le film haïtien de la sélection à Kinshasa 2012.

La Marocaine Selma Bargach présente son film musical La Cinquième corde, sorti au Maroc le 29 juin 2011 et sélectionné à Dakar pour l'édition spéciale du Festival Image et vie (du 03 au 07 janvier 2012). Pour son premier long métrage, Selma Bargach raconte l'histoire de Malek, un jeune musicien passionné de luth qui part chez son oncle Amir afin se voir révéler le secret de la 5ème corde.



Les autres films sont : Rebelle, de Kim Nguyen (Canada, long métrage tourné en RDC), Juju Factory, de Balufu Bakupa-Kanyinda (RDC), Macadam tribu, de Zeka Laplaine (RDC), Quartier Mozart, de Jean-Pierre Bekolo (Cameroun) et Le collier du Makoko, de Henri-Joseph Koumba Bididi (Gabon), ainsi que 10 productions de jeunes réalisateurs de Kinshasa.

Un Sommet (qui a failli tomber) à l'eau

Il y a quelques mois encore, sinon quelques semaines voire quelques jours encore, l'incertitude était de rigueur quant à la tenue du premier sommet de la Francophonie organisé en Afrique centrale.
Président français nouvellement élu, François Hollande a tardé à adopter une position franche, laissant planer le doute sur son absence qui aurait été un camouflet pour l'institution dirigée par l'ancien président du Sénégal, Abdou Diouf. La non participation de la France aurait enlevé tout son sens à cette manifestation.
En même temps, une bonne partie de la société civile, en France comme au Congo, s'est émue de la présence du nouveau Président français comme d'un adoubement suite à des élections très controversées
Directrice de cabinet du Président de l'APARECO (Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo), Candide Okeke a adressé une Lettre ouverte à Madame Yamina Benguigui, Ministre déléguée aux Français de l'étranger et à la Francophonie [en intégralité ici]. "Le Centre Carter, l'Église Catholique en RDC ainsi que la Mission d'observateurs européens dépêchés sur place pour surveiller les élections ont été unanimes sur les fraudes massives constatées et sur le manque de crédibilité d'un tel scrutin", écrit la militante congolaise à la cinéaste française d'origine algérienne, Yamina Benguigui, 6 jours après sa prise de fonction survenue le 15 mai 2012 dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault.
Le 10 décembre 2011, les observateurs mandatés par l'ONG fondée en 1982 par l'ancien président américain et sa femme, Jimmy & Rosalynn Carter (en partenariat avec l'Université Emory) livraient un verdict cinglant, dans un communiqué qui ne s'embarrassait pas de fioritures intitulé "DRC Presidential Election Results Lack Credibility" ("Les Résultats de l'Election présidentielle de la RDC manquent de crédibilité"). [à lire ici] (anglais/Français).

Dans son édition du 02 Octobre 2012, le site Canoë (Québec),

[à lire ici]

annonçait la projection de Rebelle les 11 et 13 octobre à Kinshasa.

Le réalisateur Kim Nguyen et le producteur Pierre Even seront présents aux deux rendez-vous grâce au soutien des gouvernements du Canada, du Québec et du Nouveau-Brunswick.

L'équipe congolaise du long métrage sera de la partie (le film y a été tourné à l'été 2011), dont l'actrice principale de ce drame bouleversant, Rachel Mwanza, qui a remporté le prix de la meilleure interprétation féminine aux festivals de Berlin et de Tribeca. Dans le film, elle campe une enfant-soldat âgée de 14 ans, qui raconte sa vie difficile à son enfant à naître.

Plusieurs chefs d'État et de gouvernement des pays de la Francophonie seront sur place, dont Pauline Marois, dont il s'agira de la première sortie à l'étranger depuis son élection à la tête d'un gouvernement minoritaire.

Rebelle, qui tient l'affiche à Montréal, Québec et Sherbrooke en version originale en français et à Toronto en version sous-titrée en anglais, a été vendu dans plus de 25 pays après un parcours international remarqué, outre à Berlin et à New York, à Amsterdam, Paris, Cambridge et Melbourne. Sa tournée se poursuit en ce moment à Saint-Pétersbourg en Russie, Helsinki en Finlande, Thessaloniki en Grèce et Haïfa en Israël, pour ne nommer que ces destinations.

On apprenait par ailleurs lundi que l'auteur-compositeur-interprète québécois Sébastien Lacombe sera de la délégation québécoise à Kinshasa


L'entrée au programme est libre et gratuite.

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