AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
25 009 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Le Goût du sel, de Ndèye Souna Dièye
Les inégalités entre hommes et femmes subsistent
critique
rédigé par Mame Fatim Camara
publié le 08/11/2012

La réalisatrice sénégalaise, Ndèye Souna Dièye a présenté mercredi son film Le Goût du sel à l'Institut français de Saint-Louis. Ce long-métrage, qui relate les différentes étapes de la culture du sel à Gandiole, met à nu l'écart entre hommes et femmes dans la gestion de leur commerce.

Ce film, le premier long-métrage de la réalisatrice sénégalaise, Souna Dièye, a été fort apprécié par le public, gagné par l'émotion. A la fin de la projection, elle est revenue sur la genèse de ce documentaire qui met en exergue une micro société à Gandiole (une vingtaine de kilomètres de Saint-Louis). Sa principale activité est le ramassage du sel qui demeure un travail très pénible et ingrat aussi.

"Les femmes qui s'activent dans la saliculture luttent pour se libérer des contraintes sociales tout en restant respectueuses des règles qui les lient à leur famille", a expliqué la réalisatrice qui précise le caractère "très machiste" révélé dans son documentaire.
Cette réalisation montre "la domination des hommes sur les femmes. Ce sont les femmes qui font la majeure partie du travail, mais on a constaté dans le documentaire qu'après la récolte, les hommes tirent plus profit de cette activité", fait savoir Souna Dièye. C'est parce qu'ils sont plus organisés.

Les hommes réunis en groupe de soixante membres gèrent leur quantité de sel qu'ils vendent à des commerçants sénégalais et étrangers. L'argent mis dans une caisse commune sert au financement des membres.
Par contre chez les femmes, l'individualisme y domine. Car chacune gère son argent à sa guise. Le personnage principal, Mère Arame, incarne les valeurs d'une travailleuse digne et respectueuse qui garde toujours son sourire et sa joie de vivre. Dans le documentaire, elle raconte comment, malgré tous les efforts qu'elle entreprend pour vendre son sel, elle n'a pu acheter qu'une armoire et un tapis pour décorer sa chambre.

Le courage, la volonté de survivre et de s'en sortir de ces femmes ont fortement marqué le public et l'écrivain, Louis Camara en particulier. "Ce film est une belle leçon de la vie. Il ne faut jamais se désespérer, car l'homme est naturellement condamné à lutter pour sa survie", a fait remarquer Camara. Le cinéphile a profité de l'occasion pour dénoncer les injustices au Sénégal. "Les politiciens se remplissent les poches, alors que de l'autre côté, il y a des gens qui vivent difficilement", martèle l'écrivain qui soutient que : "Cela montre aussi comment fonctionne le pays".
Quant au cinéaste français, Bertrand, il a trouvé intéressant le documentaire de Souna Dièye parce qu'il montre certaines réalités de la société. Il propose que ce film soit transmis sur les chaînes de télévision sénégalaises.

LA BLESSURE DE L'ESCLAVAGE D'OUSMANE DIAGANA : Un sujet tabou en Mauritanie

Lors de cette soirée ciné du festival Africadoc, La Blessure de l'esclavage, court métrage du réalisateur mauritanien, Ousmane Diagana, a été projeté. Ce documentaire, 2ème film du cinéaste, traite de l'esclavage et des réalités de la société mauritanienne. L'auteur a surtout mis l'accent sur son amour impossible avec une fille appartenant à une autre caste. "Un sujet tabou" en Mauritanie, puisque fait savoir le réalisateur, depuis sa sortie, il n'a jamais été diffusé dans son pays. "Quand on l'a diffusé pour la première fois sur Tv5 Monde, les autorités m'ont convoqué, d'abord au niveau du ministère de la Culture et ensuite au ministère de l'Intérieur pour me mettre en garde", dit-il à la fin de la projection.
Le ton a été plus menaçant devant les policiers, selon lui. "Ils m'ont dit que si je continue de réaliser ce genre de film, c'est la prison qui m'attend", ajoute Ousmane Diagana, qui soutient que "ce genre de film est vu comme une attaque au régime en place qui est esclavagiste".

Les projections se poursuivent aujourd'hui dans les quartiers de Saint-Louis Sor, Pikine, maison de quartier Diamaguène, Institut français et Ugb.

RENCONTRE DU DOCUMENTAIRE AFRICAIN A SAINT-LOUIS : Réflexion d'une pensée critique autour du 7e art en gestation

La troisième édition des journées d'études et de réflexions scientifiques sur le film documentaire en Afrique ouverte mardi à l'Ugb de Saint-Louis pose le débat sur l'existence d'une pensée scientifique et critique sur le cinéma.

Chercheurs, cinéastes et étudiants en Master II en réalisation documentaire de création sont en conclave à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis depuis mardi. Le but est de lancer la réflexion autour du cinéma documentaire en Afrique et surtout accompagner la production de film d'une pensée critique. "Nous voulons produire une pensée sur notre travail avant que d'autres ne le fassent à notre place", explique Mamadou Sellou Diallo, enseignant chercheur à l'UFR Civilisation Religion Art et Culture (Crac) de l'Ugb. Pour lui, s'il y a une pensée scientifique derrière les auteurs et les acteurs impliqués dans le cinéma du réel, ils seront beaucoup plus éclairés sur leur champ de réflexion. Les participants espèrent que cela va leur permettre de faire avancer les choses autrement.

La rencontre initiée par le groupe de recherche cinéma du réel africain (Grecrea) - qui regroupe des réalisateurs, auteurs et universitaires - vise à réfléchir sur le cinéma documentaire qui se fait en Afrique aujourd'hui. Ils veulent savoir quel cinéma est en train de naître dans ces productions ? Quelles sont les expressions culturelles véhiculées dans le champ du 7e art, etc... ?
L'éclairage scientifique est extrêmement important nous explique le réalisateur du film Le Collier et la perle (2009). Parce que, souligne-t-il, "c'est ça qui permet aux films d'avoir leur ancrage social". Ces réflexions vont donner aux documentaires produits la chance d'être vus et critiqués pour leur donner une visibilité scientifique. Le groupe d'étudiants, de chercheurs et de cinéastes rêve de voir un jour leur structure se pérenniser et devenir un laboratoire de recherche avec des publications scientifiques dans les revues.
Cette troisième édition des journées d'études et de réflexions scientifiques sur le film documentaire en Afrique sera clôturée aujourd'hui [19 octobre, Ndlr]. Elle est organisée en marge des Rencontres Afrique en Docs.

Mame Fatim CAMARA (Wal Fadjiri, Stagiaire)

Article paru le Vendredi 19 Octobre 2012, sur Walf [cliquez ici

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés