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Yema, de Djamila Sahraoui
On récolte ce que l'on sème
critique
rédigé par Narjès Torchani
publié le 08/03/2013
Narjès Torchani (Africiné)
Narjès Torchani (Africiné)
Djamila Sahraoui, réalisatrice
Djamila Sahraoui, réalisatrice
Scène de YEMA
Scène de YEMA
Scène de YEMA
Scène de YEMA
Scène de YEMA
Scène de YEMA
Scène de YEMA
Scène de YEMA
Scène de YEMA
Scène de YEMA
Scène de YEMA
Scène de YEMA
Depuis le Sud
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Tunisie
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Fespaco
Fespaco

Tel un arbre millénaire, Yema s'accroche à ses racines, à sa terre. Elle cultive son havre de paix planqué dans la montagne entre deux camps ennemis. C'est que sa semence est partie avec le vent. Mais elle se donne une nouvelle chance de vie.

Djamila Sahraoui, auteure de Yema, est troublante de justesse dans le rôle principal. Face à elle, tous les autres personnages sont masculins. Dans la réalisation comme dans l'histoire, c'est elle qui décide où ils ont le droit d'aller et quand ils le peuvent. Elle marque son territoire, qu'elle veut protéger de la folie des hommes. Dans le même temps, ce n'est pas un terrain neutre. Tout élément qui vient de l'extérieur ne peut être intégré que s'il est porteur de vie et d'espoir (le bébé) ou après être passé par une rédemption (le fils adoptif). Nous sommes dans un cycle de renouvellement.



Pour délimiter ce territoire, Djamila Sahraoui compose l'image de son film comme un plan, avec des lignes raides, des pentes et des formes géométriques basiques. Un jeu d'ombre et de lumière vient accentuer la symbolique des objets filmés à l'écran : une maison, un puits, une terre fertile, etc. Elle peint l'image aux couleurs des quatre éléments. La palette des tons et des couleurs est maniée de façon à opposer la vie et la mort, l'amour et la haine.



Dans son écriture, la réalisatrice n'est ni dans la retenue, ni dans la générosité. Autant que les silences, chaque mot a son poids, ajoute une information ou attise une émotion. La lenteur et la longueur de certaines séquences, comme celles où elle travaille la terre, avec insistance et acharnement, indique qu'il y a un processus qui se met en place, qui demande de la patience et du temps, beaucoup de temps. Seul un tel effort donnera les bons fruits. Et quand ils tombent entre les mauvaises mains, le vent se lève. Mère nature est mécontente et elle réagit. C'est la sélection naturelle.

Tout n'est pas perdu pour cette "Yema courage". Elle a compris que l'on récolte ce que l'on sème et que rien n'est jamais facile. Après le deuil, vient la vie, après la douleur, vient la joie ; mais il faut avoir la force de continuer et de laisser la vie triompher.

Narjès Torchani

Article écrit dans le cadre de l'atelier du Bulletin Africiné - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2013. Publié dans Africiné n°19 (Ouaga), Jeudi 28 février 2013, pp. 1 & 6.
Ce bulletin est publié par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar) avec le soutien de l'Organisation internationale de la Francophonie, Africultures, Ambassade de France au Sénégal et en Algérie, le Goethe Institut d'Afrique du Sud et du Nigeria, le ministère de la Culture de Tunisie, l'Institut Gabonais de l'Image et du Son (IGIS), Vanuit het Zuiden (Depuis le Sud), Africa N°1 et le Fespaco. Il est rédigé par des journalistes membres de la FACC présents au Fespaco 2013, venant de 15 pays d'Afrique.

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