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Les Souliers de l'Aïd, d'Anis Lassoued
Le pouvoir d'une paire de souliers
critique
rédigé par
publié le 09/03/2013

Caméra stable, des plongées et des plans d'ensemble qui informent sur l'environnement que parcourt le petit Nader. Les souliers de l'Aïd rend compte d'un aspect fondamental de la psychologie infantile.

La vie de Nader est rythmée de courses enthousiastes et infatigables pour la distribution des feuilles de brick de sa mère. Sa vivacité et son désir de liberté impriment un rythme au film. Son obsession pour une paire de souliers, alors qu'il faisait des emplettes avec son père, emportera cette vivacité suite à l'incapacité de l'avoir.
De la découverte des souliers à leur non-acquisition, le film change de rythme. Des plans rapprochés permettent de percevoir l'émotion que les actions et les réactions engendrent. Désolation, tristesse, embarras : Anis Lassoued - le réalisateur - ne manque pas de techniques pour embarquer le spectateur dans un flow de sentiments mitigés. Le cadrage est travaillé dans cette optique pour intégrer plusieurs regards dans un même plan.



Nader, dans un état dépressif, sera pris en charge par Bazdig et le rêve. Handicapé retranché à l'écart de la société, Bazdig sait comprendre, encourager et apaiser. Malade de son état, il est d'abord le galvanisant et plus tard le thérapeute de Nader.
Bazdig et le rêve contribuent à l'équilibre psychologique de Nader. Sur terre comme dans les airs, le petit Nader trouve satisfaction onirique de sa passion soudaine. Anis Lassoued soutient donc ce point de vue freudien qui définit le rêve comme la satisfaction des désirs refoulés. Le film se fait épauler dans cette tâche par les images animées (praxinoscopes) qui rappellent les débuts du cinéma, en rapport le stade d'enfance de Nader. Des envies souvent jugés aléatoires détiennent la clé de l'épanouissement des êtres.

Le père perd le contrôle face à cette obsession de son fils. La mère assiste impuissante à la violence d'un père sur son fils devenu brusquement insolent. Du coup, les souliers occupent un rôle principal dans l'œuvre, une caractéristique narrative empruntée au nouveau roman.
Anis Lassoued fait du cinéma de nos réalités anodines mais combien importantes dans l'éducation de l'homme de demain. La problématique question des rapports entre les membres de la famille comme dans toute la société marque profondément l'enfant dans son processus de construction.

Valentine Sanou

Article écrit dans le cadre de l'atelier du Bulletin Africiné - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2013. Publié dans Africiné n°19 (Ouaga), Jeudi 28 février 2013, p. 7.
Ce bulletin est publié par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar) avec le soutien de l'Organisation internationale de la Francophonie, Africultures, Ambassade de France au Sénégal et en Algérie, le Goethe Institut d'Afrique du Sud et du Nigeria, le ministère de la Culture de Tunisie, l'Institut Gabonais de l'Image et du Son (IGIS), l'association Vanuit het Zuiden (Depuis le Sud) et le Fespaco. Il est rédigé par des journalistes membres de la FACC présents au Fespaco 2013, venant de 15 pays d'Afrique.

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