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Confess de Jean-Baptiste Ouédraogo
Confessions d'outre-tombe
critique
rédigé par
publié le 10/03/2013

"Ça ne se confesse pas". Parole forte, parole fatale. C'est l'amère expérience vécue par le héros, le personnage principal du film Confess, un court métrage de 4 mn, réalisé par le Burkinabè Jean Baptiste Ouédraogo. Une pièce dans l'obscurité. Aux extrémités, deux tables. Deux personnes s'observent. Un prêtre voilé face à un jeune homme. À l'image du fruit interdit, symbolisé par la pomme disposée sur une des tables, bien en évidence, le héros transgresse un interdit, en se rendant coupable d'un inceste et d'un crime : le viol de sa sœur et le meurtre de sa mère. Véritable déclaration de guerre à la morale et à la religion que cet acte, qui ne restera pas impuni. La construction du film puise dans une sorte d'allégorie de la caverne où les images projetées ne sont que pur reflet, pure copie ou photocopie de la Réalité, de la Vérité, et dont l'accès suppose irrémédiablement un choc avec la lumière du jour. Ce film reflète l'existence d'un être abusé, qui croule sous le poids d'un lourd sentiment de culpabilité, un être qui, comme dans l'allégorie racontée par le philosophe grec Platon, est un prisonnier, en quête d'un libérateur, d'un sauveur. Puis à l'issue du film, après cette confession dramatique, apparaît une femme qui se révélera être une conscience morale de torpille, une meurtrière. Comme pour dire qu'il y a des limites à ne jamais franchir. "Ça ne se raconte pas", affirme-t-elle en lieu et place du bourreau. Est-ce la réincarnation de la victime du héros ? Est-ce le diable symbolisé par la pomme ? Est-ce le réalisateur lui-même qui, alors, se pose en justicier, en donneur de leçon, en avocat de toute une société ? Confess présente une double ambigüité : il est iconoclaste, anti conformiste, en ce sens qu'il présente Dieu, non pas comme le sauveur, l'unique sauveur, image née et véhiculée par la tradition judéo-chrétienne et qui veut que le Christ, le seigneur soit le sauveur des âmes pécheresses après leur confession, mais aussi à travers la mort du héros. Dans la tragédie, le héros meurt pour une cause. Dans Confess, on a presque envie de dire du héros, qu'il n'a que ce qu'il mérite, qu'il a payé pour ses péchés. Est-ce le rôle d'un film d'imposer un point de vue, un jugement au spectateur?

Harouna Gorel

p. 2

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