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Des étoiles
Lueurs de la constellation sénégalaise
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 29/01/2014
Michel Amarger (Africiné)
Michel Amarger (Africiné)
Dyana Gaye, réalisatrice
Dyana Gaye, réalisatrice
Scène du film
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LM Fiction de Dyana Gaye, France / Sénégal, 2013
Sortie France : 29 janvier 2014

L'esprit du Sénégal et ses lumières transversales illuminent le travail des cinéastes métis comme Alain Gomis ou Dyana Gaye. Celle-ci, après avoir jeté des ponts entre la France où elle est née, et le Sénégal d'où est venu son père, dans Une femme pour Souleymane, 2000, a investi les rues de Dakar pour Deweneti, 2006, et réuni des personnages d'horizons divers dans Un transport en commun, 2010, lancé vers Saint-Louis. Aujourd'hui, elle projette des Sénégalais dans des espaces éclatés avec Des étoiles, 2013. Pour son premier long-métrage, Dyana Gaye exalte les déplacements et les migrations de héros issus du Sénégal, sur trois continents : l'Europe, l'Amérique et l'Afrique, en dénouant les fils qui les relient.

Trailer - DES ETOILES, 2013, Dyana Gaye, Senegal / France, 88mins from Africiné www.africine.org on Vimeo.



Sophie arrive à Turin pour retrouver son mari, Abdoulaye. Mais celui-ci a transité par la France en clandestin, pour gagner New York où son cousin le copte et l'arnaque pour trouver du travail. Conscient d'être exploité, il prend le large, traine dans les rues et rencontre de lointains parents qui n'arrivent pas à le fixer. Entretemps la tante de Sophie a quitté New York où elle vit depuis plusieurs années, pour retourner à Dakar, assister à l'enterrement de son ancien mari. Leur fils Thierno, élevé en Amérique, découvre avec candeur le rythme du Sénégal et les enfants que son père a eus avec sa seconde épouse. Sa cousine le convoite comme un accès au visa pour échapper à l'Afrique. Et pendant que la mère de Sophie s'inquiète de son sort, celle-ci s'acclimate à l'Italie, en abandonnant peu à peu l'idée d'attendre Abdoulaye, perdu dans la contemplation des horizons américains.

"L'idée n'est pas de fixer une identité africaine ou sénégalaise mais plutôt d'en saisir le mouvement, avec ici le déplacement et la circulation comme principe d'invention", avance Dyana Gaye. En suivant ses héros à Turin, New York et Dakar, elle met en scène les errances ou les nouveaux repères qui retiennent les Sénégalais exilés sur le fil. "Avec Irina Lubtchansky, directrice de la photographie, nous ne voulions pas jouer sur les effets photographiques : ce sont des villes qui naturellement imposent leur contraste, leur couleur dominante", commente la réalisatrice. "Nous avons plutôt raisonné en terme de mouvement : comment accompagner les personnages, les événements, les situations auxquels ils sont confrontés, leur présence/absence dans les villes."

Le récit profite des moments suspendus où les personnages sont loin de leurs repères, de leurs rails, comme en transit pour engranger de nouvelles sensations, aptes à alimenter et à vivifier leur âme sénégalaise. Des étoiles est sensible aux sentiments, à l'atmosphère urbaine et à l'air du temps, marqué par la dureté du monde du travail, l'émigration clandestine, l'éclatement des familles en Occident, la puissance du cercle familial en Afrique, les élans du cœur qui naissent de manière imprévue. L'expérience des comédiens principaux, déracinés dans chaque pays du tournage, participe judicieusement au propos qui sert d'axe à Des étoiles. Sylvie, jouée par Marème Demba Ly, découvre l'Europe avec raideur avant de s'ouvrir à de nouveaux élans personnels. Abdoulaye, défendu par Souleymane Seye Ndiaye, dissout sa détermination dans l'immensité de New York alors que Thierno, interprété par Ralph Amoussou, se décoince peu à peu dans la chaleur du Sénégal.

Dyana Gaye orchestre avec fermeté un tournage en trois temps et trois modes, qui mêle le français, le wolof, l'anglais, l'italien. "La superposition de toutes ces langues, aux accents et rythmiques différents, constitue une partition musicale", souligne la réalisatrice de Un transport en commun, son précédent film en forme de comédie musicale. Cette fois, son compositeur familier, Baptiste Bouquin, ponctue le récit de sons discrets, joués par une petite formation, qui laissent éclater des chansons de Keith Jarrett, Youssou Ndour, Doudou Ndiaye Rose, choisies en fonction des lieux cosmopolites, éclairés par Dyana Gaye. Soutenue par une production française solide, le concours de la coscénariste Cécile Vargaftig, elle ouvre le champ des histoires sénégalaises en déclarant : "Il est difficile dans les grandes villes aujourd'hui de concevoir que l'on est simplement constitué d'une seule culture, il y a une multitude d'interactions crées par les mouvements migratoires successifs, créant, au-delà des métissages, des formes de contamination." C'est justement vers cette constellation vivante que Des étoiles nous emporte lestement.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France)

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