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Le veau d'or
Un larcin de poids au Maroc
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 09/12/2014
Michel Amarger (Africiné)
Michel Amarger (Africiné)
Hassan Legzouli, réalisateur
Hassan Legzouli, réalisateur
Morad Sail (Sami), dans Le veau d'or
Morad Sail (Sami), dans Le veau d'or
Nader Boussandel (Azdade) dans Le veau d'or
Nader Boussandel (Azdade) dans Le veau d'or
Mohamed Majd (Moulay), à gauche et Abdou Elmesnaoui (Inspecteur Ali), à droite derrière le volant, dans Le veau d'or
Mohamed Majd (Moulay), à gauche et Abdou Elmesnaoui (Inspecteur Ali), à droite derrière le volant, dans Le veau d'or
Le veau d'or
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Le veau d'or
Le veau d'or
Le veau d'or
Africiné, Le Leader Mondial (Cinémas africains & Diaspora)
Africiné, Le Leader Mondial (Cinémas africains & Diaspora)

LM Fiction de Hassan Legzouli, Maroc / France, 2012
Sortie France : 10 décembre 2014

La génération des réalisateurs marocains qui ont étudié le cinéma en Europe dans les années 1990, continue de solidifier des ponts entre les deux cinémas. Dans le sillage de Nabil Ayouch, révélé par Mektoub, 1997, et de Nour-Eddine Lakhmari, confirmé par Casanegra, 2008, Hassan Legzouli se glisse plus tardivement. Installé en France depuis ses 18 ans, il passe par l'INSAS de Bruxelles avant de se faire remarquer avec Quand le soleil fait tomber les moineaux, 1999, qui précède deux longs métrages. Tenja, 2004, et Le veau d'or, 2012, s'attachent à "des personnages qui se trouvent entre la France et le Maroc", selon le cinéaste.

Le Veau d'Or - Hassan Legzouli.



Le veau d'or conte les tribulations de deux duos masculins qui se manquent, en 1999. Le premier réunit Sami, expulsé de France par son père après avoir voulu éblouir sa belle, et son cousin Azdade, conducteur un peu coincé d'une bétaillère. L'audace de Sami qui s'ennuie, le pousse à voler un veau du parc royal pour le revendre, entrainant son cousin plus timoré, à l'épauler en le transportant dans la bétaillère. Leur inexpérience leur cause quelques péripéties sur les marchés, dans un village où le veau s'échappe, effrayant les habitants en réveillant des légendes anciennes.
La disparition du veau royal lance deux policiers à leurs trousses. Le vétéran, qui en a vu d'autres, mène une enquête nonchalante avec un nouvel inspecteur, jeune et ambitieux, qui connaît mal le terrain. Leur couple mal assorti n'empêche pas les deux cousins de revendre le veau à un mafieux qui peut aider Sami à embarquer pour la France en clandestin. Revenu dans le Nord, il déchante sur sa conquête féminine, et réalise que le Maroc lui manque tandis que son cousin retourne plus librement à son quotidien sans vagues.

Le film s'articule ainsi entre deux univers, le nord de la France où vit le réalisateur, traité en quelques séquences, et le Moyen Atlas marocain, valorisé en plans larges. "J'ai toujours la sensation, dès que je reviens au Maroc, en franchissant la montagne, en passant de l'autre coté de l'Atlas, de me retrouver dans mon élément, même si je me sens très bien chez moi également dans le nord de la France", confie Legzouli. "C'est cette émotion que je cherche à partager en filmant cet espace."
En s'immergeant dans cette atmosphère de campagne profonde, vécue d'abord contre son gré, le héros trouve de nouveaux repères, et son cousin s'émancipe à son contact. Une évolution qui gagne le duo de policiers où le plus jeune perd sa superbe peu à peu, et le plus vieux reprend de la vigueur. "Il m'apparaît primordial d'inscrire les personnages dans un paysage qui va les façonner, comme il m'a façonné, comme il m'a aidé à trouver mon style", explique Legzouli qui filme en cinémascope, alternant profondeur de champ et vues serrés des héros.

L'ensemble compose une sorte de western picaresque où les tribulations des cousins peuvent égratigner quelques tabous. Ils s'attaquent au ranch royal sans s'émouvoir du "crime de lèse-majesté" qu'ils commettent impunément. En filigrane Hassan Legzouli esquisse une dimension mythologique avec le symbole du veau d'or dont l'ombre fait ressurgir des croyances au village. "Je voulais aborder le relativisme de la religion, à une époque où les crispations religieuses reviennent en force, souligner que certaines tribus berbères étaient juives avant l'arrivée de l'Islam au VIIIème siècle, que le mythe de l'ancien Dieu est un mythe berbère faisant référence au veau d'or."
La question reste en retrait dans un film qui force souvent le trait sur les personnages secondaires. La conclusion, précipitée par la mort de Hassan II, ne permet pas d'exploiter non plus "cette époque de fin de règne où certaines choses commençaient à bouger, une période étrange entre les années de plomb et les prémisses de la démocratie", comme le définit Hassan Legzouli. Il est vrai que d'autres films évoquent plus vivement cette transition tel The End de Hicham Lasri, 2011, et que l'on a vu souvent des duos contrastés en action au Maroc comme dans Cheval de vent de Daoud Aoulad Syad, 2001, avec Mohamed Majd.

Le film est dédié à ce comédien fameux, disparu en 2013, capable d'imposer un jeu retenu au vieux policier, ce qui n'est pas le cas des autres acteurs dirigés dans Le veau d'or. Appuyé par l'Avance sur recettes du Centre du Cinéma Marocain, le film est coproduit par des partenaires français, visant les deux marchés. Avec ses cousins qui jouent aux Pieds Nickelés, ses policiers en mode série b, Le veau d'or risque des écarts de style entre la France et le Maroc. "Je suis posé sur ces deux pays, sur ces deux cultures, ces deux sociétés", défend Hassan Legzouli. "C'est une position que j'essaie de faire ressentir avec mon cinéma." L'éclat recherché par Le veau d'or paraît alors estompé par ses forces mêmes.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France),
pour Africiné

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