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Henri-Joseph Koumba, directeur des Escales documentaires de Libreville
"La fréquentation des salles a battu tous les records"
critique
rédigé par Martial Ebenezer Nguéa
publié le 07/12/2017
Martial Nguéa, rédacteur à Africiné Magazine
Martial Nguéa, rédacteur à Africiné Magazine
Henri-Joseph Koumba, directeur des Escales documentaires de Libreville
Henri-Joseph Koumba, directeur des Escales documentaires de Libreville
EDL 2017
EDL 2017
Olivier Zegna Rata, président du Jury 2017
Olivier Zegna Rata, président du Jury 2017
Pauline Mvélé, Déléguée Générale des EDL
Pauline Mvélé, Déléguée Générale des EDL
Le Grand Prix Charles Mensah
Le Grand Prix Charles Mensah
Mention Spéciale du Prix Spécial du Jury
Mention Spéciale du Prix Spécial du Jury
Prix Jeunesse
Prix Jeunesse
On est tous pygmées. Mention Spéciale du Prix Jeunesse
On est tous pygmées. Mention Spéciale du Prix Jeunesse
Africiné Magazine, the World Leader (Africa & Diaspora Films)
Africiné Magazine, the World Leader (Africa & Diaspora Films)

Henri-Joseph Koumba est le directeur de IGIS, le Centre national de la Cinématographie. Il est par ailleurs le directeur des Escales documentaires de Libreville (dont Pauline Mvélé est la Déléguée Générale). Il fait le bilan de l'édition 2017 des EDL.


Quel bilan faites-vous de cette édition 2017 des Escales documentaires de Libreville ?

Le bilan des Escales Documentaires de Libreville (EDL) 2017 est positif à plus d'un titre: la fréquentation de la salle de l'IFG [Institut Français du Gabon, ndlr] a battu des records. En une semaine, il y a eu entre six à sept cents personnes par jour. Ensuite, que ce soit pour le masterclass animé par notre invité allemand Roland Mayer, ou la table-ronde avec Olivier Zegna Rata de RFI, l'adhésion des profanes comme des professionnels était là et il y a eu des échanges enrichissants. Il faut dire qu'en amont, les EDL ont bénéficié d'une cuvée de films de haut niveau. Et il m'a plu d'entendre le président du jury (Olivier Zegna Rata) insister sur l'embarras qu'ils ont eu à les départager même si le film Maman Colonelle de Dieudo Hamadi, les a tous mis d'accord. C'est en résumé cela l'esprit de notre festival.

Quelques films ont suscité des débats dans la ville. Le ministre de la Communication et la Culture s'est d'ailleurs attardé dessus au cours de son propos de clôture. Faut-il croire que le festival applique la censure des films ?

Très honnêtement, je ne sais pas comment on peut exercer de la censure dans un festival comme les EDL. D'ailleurs dans tout festival, si la commission de sélection ne veut pas prendre de risques par rapport à un film, elle ne le sélectionne pas et personne n'en saura jamais rien. Ce que j'ai compris du propos du Ministre, c'est que par essence, le cinéma est subversif: il est toujours un point de vue d'un individu ou d'un groupe d'individus sur la société et ce n'est pas faux. Des films comme Le cuirassé de Potemkine [de Sergueï Eisenstein, 1925, ndlr] ou La ligne générale [coréalisé par Sergueï Eisenstein et Grigori Alexandrov en 1929, ndlr] sont bien là pour témoigner de la puissance de l'écriture au service d'une idéologie. Mais ce n'est pas peu dire. Plus que subversif, on peut penser avec Luis Buñuel que le cinéma est un art révolutionnaire. En ce qui me concerne, je crois fermement que la meilleure façon pour un auteur de se planter, c'est de sous-estimer l'intelligence du spectateur et d'imaginer qu'il est manipulable.

Cette édition a posé au cours des débats la problématique de la promotion et la distribution des films et les documentaires en particulier. Pourquoi s'intéresser à cette problématique en ce moment ?

Le débat sur la production et la diffusion du film documentaire qui a été l'objet de la table-ronde animée par Olivier Zegna Rata n'est pas très éloigné de la problématique de l'ensemble du cinéma. Comment produire ? Où diffuser ? Quelle cible ?... En d'autres termes: quel modèle économique viable ? Dans un système économique stable et viable, il existe un financement pérenne de toute action- soit par la commande du diffuseur- soit par la capacité du producteur à trouver des marchés, soit enfin par celle du créateur à susciter suffisamment l'intérêt du public afin que producteurs et diffuseurs acceptent le challenge de l'innovation. Résumer aussi sobrement le tour de cette table-ronde met en relief le deuxième pan de votre question.

Puisque vous évoquez cela, quel est l'état des lieux au Gabon et même dans la sous-région centrale en général ?

En effet l'état des lieux est que, ici au Gabon ou ailleurs dans la sous-région, l'artiste crée d'abord tant bien que mal et ce n'est que par la suite qu'il recherche un diffuseur ou un distributeur. Quant au diffuseur, il gère une grille des programmes dont il n'a pas toujours les moyens de créer le contenu. Avec le développement de la fibre optique, il y aura forcément une explosion de diffuseurs. Aujourd'hui, l'intelligence commande que dans chacun de nos pays, nous étudions sérieusement la nécessité d'harmoniser le financement de la création des œuvres et l'impératif qu'éprouvent nos populations de voir des programmes qui les concernent directement. Ces synergies peuvent être aussi transnationales.

Après tout ceci, des perspectives pour 2018 se dessinent-elles déjà ?

C'est vrai que toutes les éditions ne se ressemblent pas et cette année nous avons eu pas mal de difficultés organisationnelles, d'abord parce que l'IGIS, qui est le Centre national de la Cinématographie, est un organe étatique, il fonctionne au gré des soubresauts de la vente des matières premières mais, sur ce plan là, je crois que c'est la dernière année. En 2018, il en sera autrement. Ensuite, c'est compliqué de bien caler les invités du secteur car il y a pas mal d'autres rencontres sur le continent, à commencer par les Journées de Carthage qui sont très attendues. Pour le reste, je suis de ceux qui ne parlent jamais que de verres à demi-plein.

Entretien réalisé par
Martial E. Nguea, Cinepress Cameroun

Palmarès complet 2017 :
Mention Spéciale du Prix Jeunesse : On est tous pygmées, Hélène Charpentier, France
Prix Jeunesse : Aziz'Inanga (Eclipse du clair de lune), Alice Aterianus Owanga, France-Gabon
Mention Spéciale du Prix Spécial du Jury : Kimpa Vita (La mère de la révolution africaine), Ne Kunda Nlada, Angola -RDC
Prix Spécial du Jury : Espoir Démocratie, Gidéon Vink, Abdoulaye Diallo, Inoussa Kabore, Burkina Faso
Grand Prix Charles Mensah : Maman Colonelle, Dieudo Hamadi, RDC

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