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Papicha : Mounia Meddour en mode résistance
critique
rédigé par Falila Gbadamassi
publié le 18/05/2019
Falila Gbadamassi est rédactrice à Africiné Magazine
Falila Gbadamassi est rédactrice à Africiné Magazine
Mounia Meddour, réalisatrice et scénariste algérienne
Mounia Meddour, réalisatrice et scénariste algérienne
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Mounia Meddour, sur le tournage
Mounia Meddour, sur le tournage
Centre Algérien de Développement du Cinéma (CADC)
Centre Algérien de Développement du Cinéma (CADC)
Tayda Film
Tayda Film

Résister l'aiguille à la main. C'est la vibrante démonstration que livre la cinéaste Mounia Meddour dans Papicha, film représentant l'Algérie à Un Certain Regard au Festival de Cannes.


Nedjma (Lyna Khoudri) est une jeune étudiante algéroise qui réside en cité universitaire. Au début des années 90, l'Algérie vit les premières heures d'une guerre civile qui oppose l'Etat aux terroristes islamistes. La décennie noire, comme on l'appellera plus tard, endeuillera des milliers de familles algériennes. Mais l'heure est encore à la fête quand démarre Papicha, le premier long métrage de fiction de la réalisatrice algérienne. Avec son amie Wassila (Shirine Boutella), elles ont encore quitté la cité en douce pour aller faire la fête et vendre les créations de Nedjma, styliste en herbe, aux "papichas", surnom des "jolies jeunes filles algéroises". C'est encore le temps de l'insouciance.






Les barrages policiers et les affiches collées sur les murs de l'université qui exigent le voile pour les femmes laissent néanmoins suggérer que cette époque va bientôt connaître son épilogue. La cinéaste alterne les scènes d'un quotidien qui semble immuable avec celles indiquant que le monde de Nedjma ainsi que celui de tous les Algériens est en train de s'effondrer à cause de la violence.

L'étudiante et sa bande d'amies ont les mêmes problèmes que toutes les jeunes filles du monde. Cependant, trouver des solutions devient complexe dans une société qui se fait de plus en plus conservatrice. Cette atmosphère délétère est source de traumatismes pour Nedjma, surtout quand la tragédie frappe à sa porte. Elle se réfugie alors dans la couture. L'aiguille et l'haïk, étoffe qui permet aux femmes algériennes de se couvrir, seront désormais ses armes pour défier ceux qui restreignent au quotidien les droits des femmes. Le défilé qu'elle compte organiser est pensé comme une manifestation politique contre tous ces extrémistes qui veulent la mettre elle et ses congénères au pas.

Le personnage de Nedjma est une figure de résistance comme ces femmes algériennes qui cachaient dans leur fameux haïk des armes contre les colons français pendant la guerre d'indépendance. Les usages de cette étoffe donnent d'ailleurs lieu à l'une des plus belles scènes du film quand la mère de Nedjma les explique à ses filles. Mounia Meddour, inspirée par la douleur de l'exil imposé à sa famille par la décennie noire, livre un récit à la gloire de toutes les jeunes filles, femmes et féministes qui se sont levées, se lèvent et se lèveront en Algérie pour préserver et garantir leurs droits légitimes à disposer tout simplement d'elles-mêmes.

Falila Gbadamassi

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