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Lingui, les liens sacrés : le spleen d'une mère
critique
rédigé par Falila Gbadamassi
publié le 09/07/2021
Falila Gbadamassi est rédactrice à Africiné Magazine
Falila Gbadamassi est rédactrice à Africiné Magazine
Mahamat-Saleh Haroun, réalisateur tchadien
Mahamat-Saleh Haroun, réalisateur tchadien
Scène du film
Scène du film
Scène du film, avec Rihane KHALIL ALIO
Scène du film, avec Rihane KHALIL ALIO
Scène du film, avec Achouackh ABAKAR SOULEYMANE
Scène du film, avec Achouackh ABAKAR SOULEYMANE
Scène du film
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Scène du film
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Le film du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun est l'un des deux films africains en lice pour la Palme d'or.

Elle marche, puis elle court puis elle s'arrête. Tout ça pour sa fille, Mamita incarnée par Rihane Khalil Alio. Amina, à qui Achouackh Abakar Souleymane donne vie, vient de découvrir que l'adolescente qu'elle élève seule et qui lui a valu d'être bannie par les siens, est enceinte. Dans cette société patriarcale tchadienne, il n'est pas question que son enfant subisse ce qu'elle-même a déjà enduré.



Pour sa troisième présence en compétition officielle du Festival de Cannes (Un Homme qui crie, Grigris), le cinéaste tchadien Mahamat-Saleh Haroun a livré son film le plus féministe. Il voulait depuis longtemps aborder les affres de la condition féminine. Pour cette tentative, il a essayé d'évoquer toutes les questions qui enferment ses compatriotes tchadiennes. A commencer par l'interdiction d'avorter dans son pays qui donne toute sa substance au film. Puis pêle-mêle, le poids de la religion, les pesanteurs sociales et économiques ou encore les pratiques traditionnelles d'un autre temps comme l'excision.
"Lingui", ce fameux lien sacré (signification de ce mot tchadien), est celui qui lie une maman et son enfant, une mère et sa fille, deux sœurs, une tante et une nièce. C'est également ce qui attache un médecin prêt à prendre tous les risques pour faire avorter une jeune fille qui a le droit de disposer de son corps comme elle entend, ou encore une sage-femme retraitée qui tremble encore de pratiquer un acte délicat mais salvateur.

Quand Mahamat-Saleh filme au plus près les visages d'Amina et de Mamita, c'est presque comme pour nous faire partager leurs rêves de liberté. Quand il suit encore Amina dans ses courses effrénées dans N'Djamena, la capitale tchadienne sublimée par le chef opérateur Mathieu Giombini, pour trouver une solution au problème qui l'accable et la plonge dans une indicible angoisse, c'est surtout une femme en mouvement pour réclamer tous ses droits que le cinéaste raconte.



De Lingui, les liens sacrés, il restera l'hommage à toutes ces Africaines qui sont passées maîtresses dans l'art du système "D" et un clin d'œil respectueux à toutes ces "femmes fortes".

Falila Gbadamassi, correspondante spéciale

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