Le pionnier du cinéma camerounais est mort, mercredi 05 janvier 2022. Il avait 83 ans. Jean-Paul Ngassa (1939-2022) est très tôt entré dans les livres de l'histoire. Il représente une référence solide pour plusieurs générations de cinéphiles, même si son importance est parfois occultée.
Le cinéaste avait commencé une carrière très dense avant de quitter le métier, après une grosse désillusion.
Jean-Paul Ngassa est l'auteur de L'aventure en France (1962) coréalisé avec le Français Philippe Brunet, La grande Case Bamiléké (1965) et Une nation est née (1970).
Ce sont les circonstances de la création du Fonds de développement de l'Industrie cinématographique (FODIC) - dont il est l'artisan - qui l'ont dégoûté du cinéma, pour une carrière d'Avocat au barreau du Cameroun.
Né en 1939 à Bana Bafang, dans la région de l'Ouest Cameroun, il était diplômé de l'Institut Français des Hautes Etudes Cinématographiques (IDHEC) dans les années 50. Haut fonctionnaire sous le régime Amadou Ahidjo, il a été le premier directeur de Cameroun Actualités, une structure parapublique de fabrication de films et des images, l'ancêtre du Fodic - Fonds de développement de l'industrie cinématographique créée en 1973. Il a été le secrétaire général de Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI), de 1972 à 1976.
Il est sans doute un des cinéastes les plus cités dans l'histoire du cinéma camerounais mais, paradoxalement, celui à qui l'on collerait difficilement un visage. Seules ses œuvres continuent d'entretenir son passage dans l'univers du cinéma.
Le cinéaste laisse derrière lui l'image d'un cinéaste qui avait vite perçu la désillusion du cinéma en Afrique, phagocyté par les politiciens. Car, des témoignages de son départ brusque du milieu du 7e art, on évoque sa frustration lors de l'acte de création du Fodic. A la place d'un cinéaste, le Président Amadou Ahidjo préféra nommer un ingénieur agronome comme premier Directeur général d'une structure dont il avait contribué à asseoir la vision.
Martial E. Nguea
Cinepress