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REINE KAYANM - L'éloge du métissage culturel
un film de Nicolas Séry (Ile de la Réunion, 21')
critique
rédigé par Ndéye Aida Dia
publié le 30/01/2022
Ndéye Aïda DIA (Dakar), rédactrice à Africiné Magazine
Ndéye Aïda DIA (Dakar), rédactrice à Africiné Magazine
Alain BONANG (Dakar), rédacteur à Africiné Magazine
Alain BONANG (Dakar), rédacteur à Africiné Magazine
Nicolas Séry, réalisateur réunionnais
Nicolas Séry, réalisateur réunionnais
Scène du film
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Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître pour le réalisateur réunionnais qui signe une première œuvre attendrissante sur les enjeux du métissage culturel à travers la musique et l'affirmation de soi dans le monde moderne.

Le jeune Ray est passionné de musique moderne. Il a aussi reçu un kayanm, instrument réunionnais de musique, à l'enterrement de sa mère qui en était "la Reine" pour avoir donné à l'instrument ses lettres de noblesse. Le Kayanm incarne à lui seul l'âme de la musique réunionnaise. Il résume l'histoire de l'île, notamment l'héritage des esclaves dans les plantations de canne à sucre, symbole de tout un peuple.
Absente du film, la Reine Kayanm y est la plus présente : comme l'écrivait Birago Diop, "les morts ne sont pas morts". Elle vient d'ailleurs furtivement bénir son fils lorsqu'il décide enfin de s'approprier cet instrument qu'il avait laissé de côté, seul instant magique dans ce film profondément ancré dans la réalité.

En quête d'identité, Ray reste dans le déni de la perte de la mère, reportant toute sa rage sur sa batterie de musique en plastique. Il méprise son père qui perpétue un héritage pour survivre : la culture de la canne à sucre, où Ray ne voit qu'un passé esclavagiste, les souffrances du peuple de l'île de la Réunion. Il en est de même du Kayanm. Comment Ray va-t-il résoudre ses contradictions ? Une histoire d'amour jouera son rôle…

A la violence du rock métal illustrée par le tee-shirt à tête de mort de Ray, le réalisateur oppose la douceur du Kayanm. En le jouant, Ray retrouve une certaine quiétude. La musique sert ici de catharsis pour favoriser la réconciliation entre le passé esclavagiste et le présent. La distribution des rôles traduit cette vision du métissage, avec un Noir jouant du Kayanm et une jeune fille blanche à la guitare.
Il s'agit donc de faire la paix avec son passé pour regarder ensemble dans la même direction. Peu à peu, le film s'ouvre à la nature en plan large avec une grande ouverture de champ, clef de la sérénité. Le réalisateur fait ainsi sien l'assertion senghorienne "enracinement-ouverture", véhiculée par la langue du film, le créole, symbole de métissage.
Cela place les instruments de musique traditionnelle sur le même pied d'égalité que les modernes. Le métissage culturel serait-il l'avenir du monde ? Entre préservation du patrimoine et nécessité de s'ouvrir aux autres, le réalisateur invite, comme Frantz Fanon, à surpasser les souffrances et se réinventer en créant des ponts entre le passé et le présent.

Ndéye Aida DIA
Alain BONANG
Bamba BÂ

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2021 / FACC.
Atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 4è édition du Festival de Dakar Court par le Festival et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar).

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