Faut-il voir ce court métrage de 18 minutes comme une enquête qui va rétablir la vérité sur la culpabilité d'Inaya, ou bien plus largement une exploration de la gestion des émotions et des secrets que l'on qualifierait de vieux démons ?



Voici donc une jeune femme hantée par un passé enfoui. Le regard perçant mais débordant de désarroi, Inaya renoue avec sa famille. Changer de vie, d'attitude, de coiffure ou même d'habits sont loin d'être suffisants pour effacer son besoin de libération.
Que doit-on comprendre, alors que tout s'inscrit autour d'une énigme qui reste floue ? Ne faut-il pas suivre l'audace de la réalisatrice qui pousse à la réflexion en explorant la mémoire ? Elle dépasse le récit pour développer le trouble vers une ouverture qui prend ses racines dans la transe, prenant soin de la rattacher à la spiritualité et la psychologie.

Une dualité s'affirme entre la naissance et la mort, le trouble et la délivrance, mais elle se confond à travers la représentation de la nature et des animaux. Entre la première scène où Mathis plonge le poulet dans l'eau bouillante et celle du baptême où Inaya plonge dans l'eau, nous passons du chaos à la renaissance. La délivrance et la spiritualité triomphent ainsi de la haine, de la brutalité des actes, des gestes et des mots.

La musique du film renvoie à la culture noire. Danyèl Waro est la grande figure du mayola, musique de l'île de la Réunion puisant dans le vécu des esclaves d'origine malgache et africaine dans les plantations sucrières.
Dans cette magnifique lumière de la Réunion, bercée dans la nature, Inaya détache ses cheveux. Elle se détend à la faveur de la reconnaissance illustrée par le chant.

Fatoumata Bintou BÂ (Sénégal)

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2022 / FACC.
Un atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 5è édition du Festival de Dakar Court (05-10 Décembre 2022) par l'Association Cinemarekk et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar), avec le soutien de Vivendi Create Joy.