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CONVERSATION EXCLUSIVE avec Ramata-Toulaye SY, réalisatrice nominée à la 76e édition du Festival de Cannes.
BANEL & ADAMA, amour, cause féminine et changement climatique
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 16/05/2023
Ramata-Toulaye SY, scénariste-réalisatrice sénégalaise et française.
Ramata-Toulaye SY, scénariste-réalisatrice sénégalaise et française.
Bassirou NIANG, Rédacteur (Dakar) à AFRICINÉ MAGAZINE
Bassirou NIANG, Rédacteur (Dakar) à AFRICINÉ MAGAZINE
Scène du film BANEL & ADAMA
Scène du film BANEL & ADAMA
Scène du film BANEL & ADAMA
Scène du film BANEL & ADAMA
Scène du film BANEL & ADAMA
Scène du film BANEL & ADAMA

Après Atlantique de la Franco-Sénégalaise Mati Diop (2019), une autre réalisatrice du pays de Sembène voit son long-métrage inscrit en compétition officielle à Cannes. Banel et Adama est à la 76e édition du Festival de Cannes (16 - 27 mai 2023). Une preuve à la fois d'un engagement de soi pour la création cinématographique et d'un sursaut d'une génération nouvelle dans un continent où il est difficile de faire des films, vu le manque de moyens.
La cinéaste sénégalaise Ramata-Toulaye SY a répondu, en exclusivité, à Africiné Magazine. Bassirou NIANG propose ici la synthèse de la quintessence de cette conservation, avant le tumulte cannois.

Dans la sélection officielle du festival de Cannes de cette année 2023, le plus grand du monde, dit-on, on retrouve Banel et Adama sur la liste présentée par sa Présidente et son Délégué Général, en l'occurrence Thierry Frémaux, à l'occasion de leur conférence de presse, le 13 avril 2023.

C'est le premier long-métrage fiction de la réalisatrice sénégalaise Ramata-Toulaye Sy. Banel et Adama vivent dans un village reculé du Nord du Sénégal. Ils sont destinés à s'aimer avec un amour absolu. Mais là où ils vivent, il n'y a pas de place pour la passion, encore moins pour le chaos.
Une histoire d'amour traînant la souffrance de deux êtres assiégés par des normes culturelles et sociales, et qui, dans la foulée, transporte des thématiques comme "la place de la femme dans la société contemporaine, les mythes, le réchauffement climatique". Ramata-Toulaye c'est "un honneur" que de voir son film mis en compétition. Une indication qui, par-delà "l'aboutissement d'un long parcours personnel et professionnel", nous confie-t-elle en exclusivité, renseigne sur la vigueur actuelle de la création cinématographique actuelle du continent africain.



Ainsi l'Afrique, "habituellement pas ou peu représentée en festivals", est bien présente cette année à Cannes en compétition officielle, à la section "Un Certain Regard", à "La Quinzaine des Réalisateurs" et à "La Semaine de la Critique". "Une reconnaissance d'une nouvelle vague d'un cinéma africain qui émerge mondialement" estime la jeune réalisatrice, malgré la présence obstinée d'un manque de moyens pour la création auquel ils sont confrontés.

Cependant, la détermination aidant à croître malgré les difficultés, Ramata-Toulaye a pu venir à bout de son projet, à la suite d'un accompagnement financier - ce qui n'est pas évident - du Fonds de promotion de l'industrie cinématographique et audiovisuelle (FOPICA) du Sénégal et surtout grâce à l'État français qui a assuré les 80% du budget, sans oublier le versement des quelques prix glanés lors de "work in progress", notamment au Red Sea International Film Festival 2022 (Arabie saoudite) et au Fespaco 2023 (Burkina Faso).

Un tournage très éprouvant, au Nord du Sénégal

Ainsi, Banel et Adama a pu se faire au bout de six (6) semaines de dur tournage dans le Nord-Ouest de la région de Podor (Sénégal). Il faut y ajouter en plus le temps de préparation nécessaire sur place, principalement dans le village de Donaye où la population accueillante a su jouer un rôle de figuration. Cela, après un casting réalisé par Iman Djionne, cinq (5) mois auparavant. Réunir les acteurs nécessaires au film s'était heurté à la difficulté de trouver le bon candidat pour le personnage de Banel (la jeune héroïne). Avant que la délivrance ne vienne au hasard d'une promenade, en une fin d'après-midi, dans les rues de Podor, pendant laquelle l'œil de la réalisatrice fut attiré par la silhouette de Khady Mané.

Une démarche professionnelle de choix d'acteurs non-professionnels qui commence à faire tendance en Afrique. En effet, ceux de Banel et Adama n'ont jamais fait ni le petit écran encore moins le grand, d'après la confidence de Ramata-Toulaye Sy. Ce qui a causé certes quelques soucis de tournage lors de certaines scènes. Mais c'était sans compter sur l'engagement de ceux-ci qui "connaissaient bien leur texte" asserte la cinéaste qui témoigne de la volonté de ses actrices et acteurs à relever le défi.
La satisfaction sera enfin au rendez-vous, malgré un mercure affolant (48°C) dès le troisième jour, une violente et immense tempête de sable, une saison des pluies arrivée plus tôt que prévue, des membres de l'équipe sur le carreau... "Ce fut un tournage très éprouvant, pour tout le monde", dira-t-elle.

Cette présence à Cannes reste une étape importante pour Ramata-Toulaye Sy au point qu'elle ne pense pas, pour le moment, à quelque autre projet, si ce n'est suivre prioritairement la promotion et l'accompagnement de son film dans les festivals mondiaux. "Pour l'instant, Banel et Adama reste ma seule et unique priorité", conclut-elle.

Bassirou NIANG
, Correspondant spécial

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