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Marwen Trabelsi : "Parfois on n'arrive pas à donner toute notre âme, mais on veut la partager avec ceux qu'on aime"
Entretien avec le réalisateur tunisien, à propos de son film À MOITIÉ D'ÂME
critique
rédigé par Rachidatou Djibrilla Halidou
publié le 21/07/2023
Marwen TRABELSI, scénariste et réalisateur tunisien
Marwen TRABELSI, scénariste et réalisateur tunisien
Paule Kadja TRAORÉ, Rédactrice (Dakar) à AFRICINÉ MAGAZINE
Paule Kadja TRAORÉ, Rédactrice (Dakar) à AFRICINÉ MAGAZINE
Rachidatou DJIBRILLA HALIDOU, Rédactrice (Niamey) à Africiné Magazine
Rachidatou DJIBRILLA HALIDOU, Rédactrice (Niamey) à Africiné Magazine
Youssouf KONÉ, Rédacteur (Bamako) à AFRICINÉ MAGAZINE
Youssouf KONÉ, Rédacteur (Bamako) à AFRICINÉ MAGAZINE
Scène du film À MOITIÉ D'ÂME
Scène du film À MOITIÉ D'ÂME

Le film A moitié d'âme du réalisateur tunisien Marwen TRABELSI était en compétition à la 5e édition du festival international Dakar Court (5-10 décembre 2022). Il revient ici sur son film [avec Abdelkader BEN SAÏD, le père Naji et Emna HALFAOUI, sa fille Amal, NDLR], sa vision du cinéma tunisien ainsi que ses projets.

Pourquoi "À moitié d'âme" ?

Marwen Trabelsi : A moitié d'âme est un court-métrage fiction que j'ai commencé, je crois, entre 2015 et 2016. J'ai fini l'écriture en 2019. J'ai postulé pour un financement mais n'ai obtenu qu'un financement partiel. On a fait avec ce qu'on a eu. A moitié d'âme, c'est le révélateur, par rapport au film et au scénario. Parfois, on n'arrive pas à donner toute notre âme mais on veut la partager avec ceux qu'on aime.

Que voulez-vous dire avec ce film ?

Je trouve qu'on est dans une ère très critique. Le monde est devenu très matériel. On a enlevé toutes les valeurs humaines et tout est matérialisé. On a commencé avec la vente des organes, je crois que la prochaine étape sera la vente des âmes.

Vous optez pour le symbolisme comme aspect dominant dans la narration du film, pourquoi ce choix ?

En fait, moi dans mes fictions, je suis plutôt dans un monde onirique et fantastique. Donc je travaille sur deux couches. À savoir, le symbolisme et des personnages soumis à deux mondes : le monde réel et le monde fantastique où ils peuvent fantasmer leur mémoire dans leur imaginaire. J'essaie de pousser dans ce sens. La fiction peut transmettre des idées de personnages fictifs.



Dans le film, un homme en noir tient une sorte de trompette, c'est une image assez complexe… !

En fait, l'instrument s'appelle didjeridoo, c'est un instrument musical qui vient de l'Australie. Il peut être fait à base de bambou ou d'autres matériaux. C'est le musicien qui en décide. Je trouve que la musique joue un rôle très important dans notre vie. C'est un instrument qui invite à la méditation, à la contemplation et il est aussi très énigmatique. Il s'inscrit dans l'ère contemporaine, comme le personnage du musicien : il nous transmet le côté sombre du personnage tandis que le côté clair est représenté par le cheval blanc. Dans cette dualité, le personnage est basculé d'une rive à l'autre. C'est ce que j'ai voulu faire ressortir à travers ces symboles.

La vente d'âme est parfaitement imaginaire. Pourquoi y avoir recours ?

La fiction permet de parler de ce sur quoi on souhaite parler. Pour moi, l'être humain veut maîtriser le côté matériel, et ça devient un commerce dont profitent les plus riches et les dominants. C'est une critique de l'anarchie sociale et de la matérialité du monde moderne. Mais il n'est pas impossible que ce soit utilisé dans les années à venir. Qui sait !

Vous avez déjà une filmographie assez fournie. Peut-on savoir d'où viennent vos financements ?

En plus de mes films expérimentaux, j'ai réalisé 8 films, 4 fictions et 4 documentaires. Sur ces 8 je n'ai reçu de financement que pour 2. Les autres, je les ai réalisés avec les moyens du bord, notamment avec des collaborations de la famille et d'amis proches. On fait avec.

Que comptez-vous apporter au cinéma tunisien ?

Je pense que depuis la révolution de 2011, il y a une nouvelle vague de cinéastes très prometteurs qui ont participé à plusieurs festivals prestigieux comme Cannes, Venise et aux Oscars. C'est très important. Moi, de mon côté, j'essaie d'apporter ma modeste contribution à travers mes films.

Quels sont vos projets ?

Actuellement je suis sur un documentaire long-métrage en phase de finalisation et un autre court métrage.

Propos recueillis par
Paule Kadja TRAORÉ, Rachidatou DJIBRILLA HALIDOU, Youssouf KONÉ

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2022 / FACC.
Un atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 5è édition du Festival de Dakar Court (05-10 Décembre 2022) par l'Association Cinemarekk et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar), avec le soutien de Vivendi Create Joy.

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