Avez-vous jamais été tellement captée par une émotion au point de ne plus sentir vos pieds toucher le sol ? C'est ce sentiment que m'a transmis ce premier court-métrage d'Aïssa DIABY. Réalisatrice et scénariste, elle réussit son entrée en jeu, avec ce drame psychologique construit en s'inspirant de faits réels.

Remarquablement interprétée avec intensité et pudeur par Elisabeth Mbaki, Amy est victime d'agression sexuelle. Elle reste cependant silencieuse.
Ce silence habite le film jusqu'à ce que tout explose dans le huis-clos familial.

C'est ce silence que la réalisatrice veut dénouer : transgresser le tabou, libérer la parole. Il faut pour cela remettre en cause la tradition et les hiérarchies familiales et de genre. Le film est ainsi un écho aux mouvements comme "Me Too" et "MeTooInceste" qui nous font saisir combien ce silence est universel. Aujourd'hui, les langues se délient.



Aïssa Diaby utilise avec intelligence l'image pour faire passer un message et des émotions. Les plans rapprochés et l'utilisation habile de l'exiguïté de l'appartement renforcent la tension et nous rapprochent du ressenti d'Amy. Plutôt que de jouer sur le pathos, Aïssa Diaby ouvre à une émotion mobilisatrice pour que toutes les femmes, pas seulement africaines, rompent le silence imposé. Fini le linge sale qui se lave en famille !

Mariètou NDIAYE (Sénégal)

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2022 / FACC.
Un atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 5è édition du Festival de Dakar Court (05-10 Décembre 2022) par l'Association Cinemarekk et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar), avec le soutien de Vivendi Create Joy.