Dans ce drame captivant tourné en Casamance, le belgo-brésilien Django Schrevens explore habilement les nuances de la sorcellerie. Siré, accusée à tort, montre que ce qui est perçu comme maléfique peut être bénéfique.

Le film déconstruit les préjugés, soulignant la peur et l'automatisme de l'accusation. Les villageois sont déjà prêts pour la curée : le coq (innocemment pourchassés par les enfants dans la première séquence) va symboliser le sacrifice obligatoire d'un membre de la communauté pour la sauver. La mystique n'est pas loin : les flambeaux dans la nuit, le pont entre la vie et la mort.



Dévorée par la culpabilité et sans réel soutien de ses frères, Siré risque de commettre le pire. Elle est pourtant sûre d'elle.
Schrevens équilibre subtilement l'obscurité et la lumière, invitant le spectateur à méditer sur le vrai mal et se méfier des projections indues.

La fin semble mystérieuse. Elle invite à ne plus condamner mais comprendre à quel point les accusations peuvent être mortifères…
Déni Choubaga ["La fille sorcière", en bamanan, tourné en Casamance, NDLR] plonge profondément dans les questions de croyance. A nous de questionner nos propres préjugés et d'explorer les mystères de l'âme.

Ndéye Safiatou Ly SYLLA (Dakar)

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2023 / FACC.
Un atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 6è édition du Festival de Dakar Court (11-16 Décembre 2023) par l'Association Cinemarekk et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar).