Entre le désir de garder à tout prix son identité et la méfiance de s'ouvrir à l'autre, Sira se trouve face à un dilemme. Elle se focalise sur l'apprentissage de la langue maternelle et non le français qui est la langue de la terre d'accueil. Comment Abi va-t-elle s'en sortir entre une langue imposée par son école et celle imposée par sa mère ? Voilà tout l'enjeu du film.

La réalisatrice Mariame N'Diaye recourt aux objets pour traduire les émotions de Sira pour qui, parler le français revient à perdre son âme. L'antagonisme entre le père et sa femme perturbe l'équilibre de la famille. Tout se joue pour Sira dans une sorte de dualité qui mène à une quête continue de réconciliation familiale. Le coup de pilon dans le mortier, le silence angoissant, dénotent les émotions de Sira qui voudrait dépasser son blocage.

Derrière la question identitaire se cachent des enjeux : supériorité, pouvoir et domination. De l'institutrice qui impose l'utilisation de la langue française pour aider Abi à progresser dans ses études ce qui exclurait Sira du champ de la communication, au père Malick qui pose un ultimatum à sa femme. Sira se trouve dans un tourbillon émotionnel. S'en sortira-t-elle ?

Zakariahou Alhousseini (Mali)

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2023 / FACC.
Un atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 6è édition du Festival de Dakar Court (11-16 Décembre 2023) par l'Association Cinemarekk et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar).