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HAJJAN, d'Abu Bakr Shawki. Charme esthétique, personnages débordants 
RED SEA IFF 2023
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 19/12/2023
Hajjan, d'Abu Bakr SHAWKY
Hajjan, d'Abu Bakr SHAWKY
Bassirou NIANG, Rédacteur (Dakar) à AFRICINÉ MAGAZINE, correspondant spécial à Djeddah
Bassirou NIANG, Rédacteur (Dakar) à AFRICINÉ MAGAZINE, correspondant spécial à Djeddah

Produit par Inthra, Film Clinic et The Imaginarium Films, Hajjan - هجان est le deuxième long-métrage du réalisateur égyptien Abu Bakr Shawki. Réalisé en 2023 et d'une durée de 120 mins, il a été projeté lors de la 3ème édition du Red Sea IFF (du 30 novembre au 09 décembre) à Djeddah, Arabie Saoudite.

Hajjan - هجان est avant tout une photographie d'une légende et d'une matérialité physique de lieux géographiques envoûtants, par-delà des choix scéniques voulus sur la course de chameaux et de ses récits populaires qui lui sont attachés. Le réalisateur tient à travers ce long-métrage des traits mouvants liés au temps et aux personnages brûlés de passion. 



Le premier grand saut de la caméra ou - dussions-nous dire - du scénario, c'est ce rapprochement entre un temps historique et celui présent assoiffé de repères. Pour des assemblages de rires et de pleurs, d'histoires folles et de succès, de chameaux et de jockeys au cœur bien accroché, de tentation du mal et d'humanisme arrivé sur le tard. Bref, un jeu d'échecs sur du fantastique restauré.

Abu Bakr Shawky retisse les légendes autour de l'homme et du chameau, comme pour les assembler en une épopée, à travers le personnage de Matar malade de ces hippodromes du désert, lesquels, le temps d'une compétition, en chasse les démons de silence et de solitude, pour leur donner une chaleur humaine. Horifa, le chameau de Matar, habitué des succès en course, cristallise toute la crainte de Jasser, un mesquin homme dominé par son orgueil et son complexe de l'échec. Dominateur, impliqué dans la mort en pleine course du frère aîné de ce dernier Ghanem, il ne recule devant rien pour remporter le succès à la compétition Valley Race.

Le réalisateur joue sur les prouesses scéniques de ses personnages. Et sans doute, l'un des plus charismatiques est l'animateur, laudateur et verbeux, de la course qui vante, micro à la main, les mérites de tel ou tel autre chameau ou de son propriétaire, à l'image de Jasser qui n'a pas hésité à le corrompre pour qu'il s'égosille à merveille sur le sien. L'homme a une facilité de verbe captivante, mêlée à l'habileté du montage qui donnent aux scènes de l'hippodrome un charme envoûtant à travers des plans rapprochés succédant à d'autres panoramiques ou en plongée, donnant à sentir l'intensité du moment.

Oui, Hajjan, c'est tout un charme esthétique, des personnages débordants à l'écran, un désert vivant. Et aussi des rôles féminins, véritables crève-cœurs d'une masculinité arrogante. La femme de Jasser, Sarah, et sa fille, Majd, constitueront, pour Matar, sous l'emprise de la menace, un bouclier, la porte de la libération.

La dernière grande course, avec la fille jockey, fait voir la place centrale qu'occupent les personnages féminins dans le dénouement de l'intrigue. Le cinéaste nous offre une surprise coup de poing.

Bassirou NIANG

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