Le bleu du caftan est en lice pour la compétition internationale longs métrages au festival Ecrans noirs. La Marocaine Maryam Touzani a réalisé ce film.
La réalisatrice met en exergue un couple marocain Halim et Mina qui tiennent une boutique de vente et confection des caftans. Ils vivent avec un secret : l'homosexualité du mari.
Le couple vit en harmonie avec ce secret jusqu'au moment où ils décident de prendre un apprenti dans la boutique : le jeune Youssef. Il vient bouleverser la vie et l'équilibre de ce couple. Entre la jalousie de Mina qui s'installe et sa maladie, leur équilibre est menacé ; mais l'amour, l'acceptation qui lie ce couple prend le dessus. Les trois personnages principaux parviennent à affronter leurs peurs et vivre avec ce secret.
Le bleu du caftan s'ouvre avec un gros plan sur une main qui caresse avec soin un tissu bleu, le plan s'ouvre peu à peu et l'on peut découvrir le visage de Halim qui continue d'explorer ce tissu avec douceur. Cette première scène du film est accompagnée d'une musique douce ce qui nous plonge déjà dans une ambiance particulière. La présence de ce tissu bleu en début du film se justifie tout au long de celui-ci. Ce tissu deviendra ce caftan bleu évoqué dans le titre du film et son rôle esthétique dans la dramaturgie est justifié La fin du film va à l'encontre des traditions marocaines, ce qui a provoqué un rejet de la part des habitants du royaume chérifien. Nous tenons à préciser que la confection et la broderie de ce caftan est le fil conducteur du film qui s'ouvre par ce tissu bleu et se referme par le caftan bleu. Halim se retrouve dans une situation de rejet. Seul Youssef, le nouvel apprenti avec qui il a commencé une aventure amoureuse, est à ses côtés.
L'on peut donc s'interroger sur la problématique du rejet et de l'acceptation de certaines pratiques par les traditions marocaines. Halim p affirme et confirmer sa vision de la liberté dans les choix de vies. Il se conforte dans ses tendances et pratiques homosexuelles qu'il a longtemps enfuies dans le secret familial. Comme on le dit : souvent chaque famille a son secret. La dernière scène du film le confirme d'ailleurs : on peut voir Halim et Youssef assis ensemble comme un couple dans un bar rassemblant uniquement des hommes, certainement ceux qui assument leur appartenance aux tendances homosexuelles. Ainsi présenté, l'on peut déduire que la réalisatrice donne son point de vue : nous sommes libres de nos choix et de nos appartenances.
Bien que le sujet étant voilé, il est clairement perceptible dans le film,.Vu qu'il va à l'encontre des mœurs du Cameroun (où homosexualité est condamnée) ; l'on peut se poser la question sur la censure dans les festivals nationaux. Pourquoi le film traitant d'homosexualité fait-il partie de la sélection officielle du festival Ecrans Noirs 2023 ? La question reste jusqu'ici sans réponse. Toutefois la thématique du film n'altère nullement sur sa qualité, c'est un film qui répond aux espérances et attentes techniques et esthétique d'une belle œuvre cinématographique.
Concernant les aspects techniques, la construction de l'intrigue et la composition des plans sans oublier la qualité sonore, l'éclairage et le montage, il est clair que la réalisatrice a gagné son pari. Tous ces éléments technico-artistiques sont bien conduit par celle-ci et la poétique est mise en avant dans la narratologie le montage et le jeu d'acteur . C'est dire que ce film mérite sa sélection au festival Ecrans Noirs. Certainement ces aspects techniques ont favorisé sa sélection en 2022 au festival de Cannes dans la catégorie Un certain regard.
Yolande WELIMOUM
