AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
25 054 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
KUVAH. Le Prix de la réussite
Un long métrage fiction de Max NGASSA, Cameroun, 2023
critique
rédigé par John Mbapou
publié le 26/02/2024
Max Ngassa, réalisateur, co-scénariste et coproducteur du film KUVAH - LEGEND OF THE SEA
Max Ngassa, réalisateur, co-scénariste et coproducteur du film KUVAH - LEGEND OF THE SEA
Scène du film KUVAH
Scène du film KUVAH
Scène du film KUVAH
Scène du film KUVAH
Scène du film KUVAH
Scène du film KUVAH
Scène du film KUVAH
Scène du film KUVAH
John MBAPOU, Rédacteur (Yaoundé) à AFRICINÉ MAGAZINE
John MBAPOU, Rédacteur (Yaoundé) à AFRICINÉ MAGAZINE

La légende de Kuvah porte un récit similaire à celui des "mamiwata" (femme de l'eau) souvent conté dans nos villages. Elle bénéficie ici d'une transposition cinématographique plus ou moins spectaculaire.

Quel genre de drame, quel style visuel ou narratif présente le réalisateur Ngassa? Quelle mise en scène, jeux d'acteurs, décors et costumes permettent de mieux apprécier cette "Legend of the sea" ? Est-ce un conte actualisé aux mœurs et valeurs camerounaises ?

Le réalisateur Max NGASSA nous plonge dans un narratif épique sous fond historique. Il s'octroie certains apartés : le bouquet de fleurs offert par le pêcheur Ekema à sa bien aimée Epossi. Il y a les maquillages, voire certaines transpositions linguistiques : le mot "balok" (emprunté de l'argot camerounais) devient "fardeau" en sous-titrage français.

Le récit est introduit par un flash-foward à l'église. Il présente le quotidien d'un village de pêcheurs traversé par un passé douloureux, empreint d'une pseudo-fatalité ou malédiction familiale. Ainsi, le flash-back de fin de film nous amène-t-il à mieux percevoir la malédiction jadis jetée sur la princesse Kuvah, transformée en entité mi-humaine et mi-fée.


KUVAH : Official Trailer from max ngassa on Vimeo.



Les personnages de Pa'a Njang, Njie ou Kuvah sont restitués par des acteurs qui excellent dans un jeu juste et dynamique. Le montage est maîtrisé, avec de beaux décors, accessoires et costumes. Les retours des pécheurs (le soir, sous le soleil couchant) se font sous une belle harmonie visuelle de lumières. Les musiques sont bien agencées et agrémentent subtilement l'ambiance générale du film.

Seulement, tout au long de l'histoire, la réussite tant escomptée ne semble pas au rendez-vous pour les deux cousins : Ekema, le héros apparent du film, et Njie, son opposant officiel. Tomberont-ils dans le piège de la convoitise tendu par Kuvah ? Préfèront-ils être soumis à de multiples souffrances ? Car ils devront choisir de copuler (ou pas) avec l'esprit des eaux : Kuvah (déesse maudite qui, dans ce village, revient tous les 50 ans).

Il sera souhaitable de corriger certaines coquilles dans le sous-titrage : "enemis", "quel honte", "parlé en lague",... Elles parsèment l'écran, gâchant parfois le plaisir du spectateur.

Néanmoins, des points de réussite autres sont à souligner et à encourager dans ce film, à l'instar de la dynamique de certains personnages secondaires. Il y a le jeu des filles du village, les autres pécheurs comparses de Njie. Et surtout, la sympathie dégagée par Kuvah qui, au départ, voulait simplement survivre et avoir une progéniture.

Nonobstant, quelques longueurs (le film s'étale sur 111 minutes) l'excellence du scénario repose sur le fait de s'affranchir du conte. Sans être un chef-d'œuvre, Kuvah - Légende de la Mer est cependant un très bon film.
On peut regretter quelques carences de mise en scène ou de vraisemblance. Ainsi le maquillage est sur expressif : la scène de raillerie d'Ekema par les filles du village durant sa convalescence.

Somme toute, le prix de la réussite envisagée par les héros Ekema et surtout Kuvah ou le protagoniste Njie est davantage celui de la parole donnée, de l'effort, du mérite et bien sûr de l'amour vrai, libre de toute condition. Epossi et Ekema nous le montrent bien.

La réussite que le film étale : celle d'une famille, a priori damnée qui, par l'entremise du prêtre et des autres membres du village, s'attache à se départir partiellement d'un héritage maléfique pesant. Le jeu et la beauté plastique du personnage de Kuvah créent de la sympathie. Cette héroïne damnée ajoute au récit une ambiance bienséante. Ce conte modernisé, transposé en film, est une œuvre artistique qui restera dans les annales. Il s'insère d'office dans le patrimoine, l'histoire moderne, du cinéma camerounais et africain rénové.
Les acclamations du public durant et à la fin de la projection à Yaoundé sont la preuve que Kuvah a conquis son public.

John MBAPOU

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés