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L'homme qui ne recule devant rien
Bassek ba Kobhio
critique
rédigé par Alain Roland Biozy
publié le 20/09/2006
Bassek ba Kobhio, cinéaste
Bassek ba Kobhio, cinéaste

Comment peut-on œuvrer pour la culture en Afrique, si ce n'est par passion !

D'abord la passion pour la littérature, pour la culture ensuite. Particulièrement, Bassek ba Kobhio tombe amoureux du cinéma. C'est vrai, il est alors directeur Adjoint de la Cinématographie au ministère de la Culture de la République du Cameroun. Mais très tôt, il sent cette envie de bouger, de créer, il écrit déjà, c'est un homme d'action. C'est pour cela qu'il sent comme un fardeau ces longues journées ennuyeuses au ministère de la Culture, il décide alors de goûter aux délices du terrain. Chocolat, le film de la réalisatrice française Claire Denis lui en donne l'occasion, et il y officie comme réalisateur assistant. Il décide alors de franchir le rubicon. Pour sceller ses nouvelles amours, il décide de mettre définitivement la clé sous le paillasson du Mincult [ministère de la Culture, NdF], puis donne naissance aux Éditions Terre Africaine, sa maison de production cinématographique.

Commence alors le long voyage qui continue à ce jour, et qui donne tour à tour le jour à une multitude de films, des courts métrages dont Beaufort Écrans Noirs, La Reine Blanche, La musique s'en va-t-en guerre, Coopération Gabon Union Européenne, RCA, et bien d'autres encore, puis trois longs métrages : Sango Malo, Le Grand blanc de Lambaréné et Le Silence de la forêt.

L'enfant précieux de Bassek ba Kobhio dont nous célébrons le 10è anniversaire aujourd'hui, le Festival Écrans noirs, est l'aboutissement d'un esprit de gagneur longuement affûté, d'une nature de forceur, de battant, d'un homme qui sait où il va, et qui sait se donner les moyens de son voyage. Parce qu'il sait où se trouvent ses intérêts. Légitime !

C'est très jeune qu'il faut aller chercher la rigueur et la pugnacité de cet homme. Dès le Collège d'Enseignement Secondaire de Yokadouma où il obtient son Brevet d'Études Élémentaires, puis à l'université de Yaoundé où il se fait remarquer par ses positions courageuses. Il a su se forger un moral de fer, mais aussi le sens du concret et du discernement. De la contestation aussi.

C'est donc à juste titre que dans son rôle de réalisateur, il est très exigeant et extrêmement rigoureux. Toujours en quête de l'excellence et du talent chez ses collaborateurs, c'est parce qu'il sait pouvoir compter sur une équipe où chacun doit jouer sa partition à fond dans cet orchestre où, s'il est le chef, il sait tout aussi déléguer et compter sur une collaboration effective.

Mais comment être si regardant dans sa tâche, sans que cela ne déteigne sur son quotidien ?
C'est aussi cela le drame de la vie de Bassek ba Kobhio. Ami de tous ceux qui, comme lui, savent reconnaître les valeurs, il s'est malheureusement fait beaucoup d'ennemis et de délateurs chez les partisans du moindre effort. Ajouté à cela, un franc-parler parfois frustrant, qui traduit pourtant, au-delà d'un orgueil légitime, une assurance certaine.

Pourtant, à l'approcher, on découvre très rapidement, en marge de ses qualités managériales et de meneur d'hommes, un homme qui ne recule devant aucun obstacle.
Mais doit-on être l'ami de tout le monde !

Roland Alain Biozy

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