"Véro, si tu n'es plus aux Écrans Noirs, moi aussi, je ne viens plus". André Ceuterick, l'un des invités de la première heure, est plus que sérieux, lorsqu'il s'adresse à son interlocutrice, venue l'accueillir à l'aéroport de Nsimalen, après qu'elle se soit acquittée avec une efficacité impressionnante de toutes les formalités administratives, entre deux éclats de rire. Ici, tous les douaniers et agents de la police des frontières la connaissent. Ils ont au moins une fois subi tantôt les foudres de ses colères, tantôt les ravages de son humour. Bientôt, les invités du festival Écrans Noirs, vont s'embarquer dans le minibus affrété à l'effet de les transporter vers leur hôtel, où ils pourront prendre un repos mérité, après un long voyage, agréablement convoyés par Véro.
Depuis 1997, Véronique Mendouga, de son vrai nom, s'occupe à rendre agréable le séjour des invités du festival, qui ont déferlé par vagues entières, pour assister aux Écrans Noirs. Ceux qui ont le privilège de revenir, ne tarissent pas d'éloges à son endroit. Les horaires d'arrivées, les différents déplacements de groupe, les réservations auprès des agences de voyage, la coordination de l'équipe des hôtesses... elle les gère avec une dextérité que beaucoup de professionnels en relations publiques lui envieraient.
Autodidacte, Véronique Mendouga est arrivée au cinéma par hasard, après avoir été coiffeuse, puis aide-soignante. Elle entre à la CTV, ancêtre de la CRTV, la télévision camerounaise, en tant que maquilleuse. Pendant cinq ans, elle va voir défiler dans son studio de la tour de Mballa II, toutes les grosses têtes qui vont passer sur le plateau. Ministres, journalistes et autres invités vont goûter à la douceur de ses doigts, pour que leur faciès "passe" à l'écran. Désamour avec son ancien employeur. Elle est remerciée dans des conditions qu'elle n'aime pas évoquer. Car la suite n'est qu'un rêve. Bassek ba Kobhio, qui a fait sa connaissance entre temps, l'appelle à ses cotés, pour les maquillages sur son premier long métrage, Sango Malo. Et depuis, ça déroule pour elle. Le grand blanc de Lambaréné, Les couilles de l'éléphant, Quartier Mozart, Les Saignantes, Le silence de la forêt..., pour les longs métrages, des plateaux de publicité, quelques rôles de figurante dans certaines productions, le Curriculum Vitæ de Véro est éloquent. Elle envisage déjà sa relève, sa fille s'est mise à son école. Entre temps, les habitués du CCF de Yaoundé savent aussi apprécier la salade qu'elle sait si bien leur servir à la cafétéria. Parce qu'elle est restauratrice par ailleurs.
Incontestablement, Ma'a Véro, comme l'appellent affectueusement la plupart des jeunes qui la côtoient, est l'une des icônes des Écrans Noirs. Elle ne l'a pas volé. Merci la mémé.
Jacques Bessala Manga