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"Il faut faire confiance en la jeunesse africaine… nous avons des potentialités qui s'ignorent"
Cyrille Masso, Réalisateur, producteur camerounais
critique
rédigé par Martial Ebenezer Nguéa
publié le 07/12/2006
Martial E. Nguéa
Martial E. Nguéa

Depuis ses études de cinéma distance dans de nombreux instituts et conservatoires et un passage à la FEMIS en 1998, Cyrille Masso a écrit et produit et réalisé plusieurs films fictions et documentaires dont quelques uns ont été récompensé dans les festivals. Sa jeune maison de production Malo Pictures, créée en 1999, fait un grand coup avec le documentaire, Au-delà de la Peine, réalisé par la jeune journaliste et réalisatrice Osvalde Lewat Hallade, film qui a fait le tour festivals et continue à être sollicité dans les quatre coins du monde. Cyrille Masso, lui-même a connu un brillant succès avec son documentaire Au prix du verre. Toujours en alerte sur les défis de la jeunesse, il fait un essai réussi avec son premier long métrage fiction, Confidences, tourné en Haute Définition dans le but de valoriser le septième art, et de donner plus de chance aux jeunes.
En revanche, "pour présenter quelques repères à ses jeunes confrères" il réalise son premier long métrage fiction Confidences, un film remarquable sur la technique filmique. À l'occasion de sa sortie nous en avons profité pour rencontrer Cyrille Masso et revenir sur son travail et la réalité de son film.

Confidences est votre premier long métrage fiction, et c'est la première fois que vous tentez une telle aventure avec essentiellement des jeunes,y a-t-il quelque chose qui a changé dans votre méthode de travail ?

Pendant dix ans, j'ai travaillé avec des jeunes sur plusieurs projets. Le constat que je fais c'est qu'il y a du mauvais cinéma qui se faisait. J'ai donc pris la résolution de tourner ce film pour présenter des repères à ces jeunes. Cela fait que dans ma méthode de travail habituelle, il y a eu une grosse évolution. Ce n'est pas en tant que producteur, réalisateur, mais peut-être avec ces jeunes qui ont eu leur chance sur le plateau. Nous avons eu la chance de travailler avec un directeur de la photographie en la personne de Frank Rabel qui a une grande expérience pour avoir fait des tournages partout dans le monde entier. Et c'est vraiment une grande chance pour les jeunes qui ont travaillé à ses côtés.

À la fin de votre Making of, on lit "A Bonaventure Takoukam", que doit–on comprendre par là ?

Pour mon Making of, j'ai tenu à rendre un hommage à Bona (ndlr Bonaventure Takoukam), le seul directeur Photo que nous avions au niveau de la sous région Afrique Centrale. Dans ce projet de Confidences, il était mon conseiller technique et à la fin, il devrait réaliser le Making of mais le sort en a décidé autrement. Il faut dire que en tant que jeune, Bonaventure Takoukam m'a tout donné.

Raconter une histoire de drogue dans un film d'amour est très inhabituel chez nous. Pourquoi ce choix ? À côté des autres fléaux qui déciment les jeunes, pensez-vous que la drogue soit si préoccupante que cela ?

La drogue est une réalité chez nous et particulièrement en milieu jeunes. Elle ne circule pas comme elle se vit. C'est tout cela que j'ai voulu dénoncer. Ce film vient juste informer la jeunesse et le grand public qu'on prenne conscience non seulement de son existence mais surtout de ses ravages. Quand vous allez dans les services spécialisés dans nos hôpitaux, vous vous rendez compte que la drogue commence sérieusement à faire des ravages au niveau de la jeunesse. Et le fait pour moi d'en parler à travers Confidences est déjà une mission accomplie. Confidences est simplement un plaidoyer.

On constate dans votre casting, que vous cultivez une passion pour des personnages à gueule de stars : Patrice Minko'o, Tatiana Matip, Thierry Ntamack…

C'est un coup de chance qui s'est opéré dans ce film. Et je crois que je sais repérer des chances. Les personnes que j'ai retenues dans ce film ont chacune des particularités exceptionnelles. Par exemple, mon acteur principal Patrice Minko'o, ne connaissait pas encore son succès musical sous le pseudonyme de Koppo. Et au début du tournage, c'est un boom pour lui, il est n°1 dans tous les hits du pays. Tatiana Matip est retenue lors d'un casting de pub qu'elle venait passer. Et c'est avec beaucoup de volonté qu'elle a travaillé dans le film. Et c'est ainsi que nous avons réussi à converger ces énergies différentes vers un but : faire voir et donner envie de voir une jeunesse qui fait rêver.

La jeune génération des cinéastes camerounais et même africain, tente depuis quelques temps un esthétisme nouveau, casting remarquable, maîtrise de l'écriture filmique, décors de rêve etc.… quelle est votre vision de cette dynamique nouvelle ?

Ma vision de ce cinéma est simple. Nous nous faisons confiance. Nous avons des potentialités sur place qu'il faut exploiter. Il m'a fallu cette dose de courage pour qu'on obtienne un résultat comme celui-ci. Je crois qu'il faut faire confiance aux jeunes africains. Car l'espoir est en elle.

Après une telle expérience comme se sent-on ?

On se sent soulagé. On se dit que le cinéma est faisable au Cameroun contrairement à ce que pensent les gens.

Producteur, réalisateur, scénariste, quel est votre prochain projet ?

C'est un long métrage, une adaptation d'une œuvre camerounaise.

Propos recueillis par Martial E. Nguéa

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