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La mort dans l'âme
Bab El Arch (Noce d'été), de Mokhtar Laâjimi
critique
rédigé par Lotfi Ben Khelifa
publié le 24/01/2007

La thèse du film se perd dans un discours panaché jusqu'à ne plus retenir quelque chose. Le personnage principal est certes anticonventionnel, un être "spécial", mal dans sa peau qui se heurte tous les jours à des obstacles qui ne vont pas de pair avec ses rêves et ses projets d'avenir.
Il est en fait un journaliste raté, qui cultive les ratages dans la vie de tous les jours et celle privée. Est-ce seulement la liberté d'expression qui le frustre ?
Il est coincé entre le traditionalisme et son rêve de concevoir la vie, sa vie à lui, telle qu'il l'imagine et la souhaite. De quoi a-t-il peur ? De lui-même ? Des femmes ? De son Boulot ? De tous les autres gens qui l'entourent ? Le réalisateur ne convainc pas dans le développement de cette idée. Il a seulement effleuré ces questionnements, nous laissant sur notre faim. Le scandale a lieu et tombe comme un couperet. En parallèle, le message du film survient à la fin, mais ne résout aucun problème.
Le héros a feint de se marier "officiellement", se pliant au souhait de son père, gravement malade. Mais le suicide intérieur habitait toujours le personnage principal, ce qui l'amènera à fuir la chambre nuptiale. La métaphore de l'impuissance est fortement contenue dans cette Noce d'été. Impuissance de voir la vie en face, de s'exprimer librement et de suivre la voie tracée par les autres.
Ce premier long-métrage de fiction du réalisateur tunisien Moktar Laâjimi nous déçoit profondément.
Nous ne savons point si l'urgence de commettre ce film a amené son réalisateur à passer à côté du sujet. Les incohérences dans le scénario sont grandes, si bien que les personnages, destinés à représenter des stéréotypes de la société tunisienne, sonnent faux. Le casting est à la fois décevant et frustrant. Les acteurs ne collent pas à leur rôle et jouent au dessous de leur niveau habituel d'interprétation, ridicule le radicale, nous amenant à nous poser des questions.
Le passage direct du genre documentaire, que Mokhtar Laâjimi sert pourtant si bien, à celui de la fiction, a été également rapide et semble s'accompagner d'une difficulté inexplicable. On pourrait, à la limite, considérer qu'un premier long-métrage peut être une réussite, comme il peut également être un fiasco. Mais Mokhtar Laâjimi s'empresse de produire une fiction. Pourtant, le cinéma tunisien a beaucoup besoin de documentaristes qui savent si bien dépeindre la réalité telle qu'elle est. Mieux encore, ce réalisateur a interrogé l'Histoire dans ses précédents documentaires diffusés par plusieurs chaînes de télévision en Europe. Nous avions découvert un réalisateur qui défriche les mémoires à travers une recherche rigoureuse, pour effectuer et réaliser un travail documentaire digne de ce nom.
Bab El Arch (Noce d'été) aura été, tout de même, une expérience-leçon pour Mokhtar Laâjimi qui devrait laisser mieux mûrir ses projets les plus fous et se tenir à un créneau qui lui sied si bien, celui du film documentaire.

Lotfi BEN KHELIFA

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